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358. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

L’allégorie est en effet une sorte de rébus intellectuel. […] Or qu’est-ce que la pratique de l’allégorie, sinon celle de versions intellectuelles ? […] Le public se trouva donc placé devant les œuvres naturalistes sans présentation, sans médiateur intellectuel. […] Mais si le roman du grand intellectuel a parfois été tenté, il n’a jamais produit une œuvre viable. […] Mais en matière intellectuelle c’est le contraire.

359. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre III. De l’émulation » pp. 443-462

De l’émulation Parmi les moyens de perfectionner les productions de l’esprit humain, il faut compter pour beaucoup la nature et la grandeur du but que peuvent se promettre ceux qui se consacrent aux études intellectuelles. […] Rien n’anime et ne régularise les méditations intellectuelles, comme l’espoir de les rendre immédiatement utiles à l’espèce humaine.

360. (1895) Histoire de la littérature française « Avant-propos »

La littérature est destinée à nous fournir un plaisir, mais un plaisir intellectuel, attaché au jeu de nos facultés intellectuelles, et dont ces facultés sortent fortifiées, assouplies, enrichies.

361. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVIII. Caractère essentiel de l’œuvre de Jésus. »

Aucune révolution ne fera que nous ne nous rattachions en religion à la grande ligne intellectuelle et morale en tête de laquelle brille le nom de Jésus. […] La société juive offrait l’état intellectuel et moral le plus extraordinaire que l’espèce humaine ait jamais traversé.

362. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre III : Le présent et l’avenir du spiritualisme »

Enfin, nés et élevés dans le christianisme, ils conservent et conserveront toujours pour cette grande religion des sentiments filiaux ; mais ils ont aussi pour la philosophie des sentiments filiaux, et ils ne sont pas disposés autant que leurs amis à mettre au service d’une puissance rivale leur liberté intellectuelle. […] Beaussire (la Liberté dans l’ordre intellectuel et moral), et surtout M. 

363. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXI. Mme André Léo »

Mme André Léo ne se débarrasse jamais entièrement de ce ton d’institutrice, qui apprend ses devoirs et ses droits au pauvre monde, et qui gâte, à toute place, le talent qu’elle aurait peut-être sans cet insupportable ton, La raideur de l’institutrice, — de ce piquet intellectuel qu’on appelle une institutrice, — supprime les mollesses de la femme, qui feraient son génie, comme les rondeurs font sa beauté, et durcit, quand elle l’a, jusqu’au sentiment maternel. […] Sodome intellectuelle, vers laquelle nous marchons à grands pas.

364. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

La grandeur absolue, en effet, qu’elle soit intellectuelle ou morale, implique dans ceux qui l’ont une largeur, une chaleur centrifuge et — j’ai l’air de faire une tautologie, — une magnanimité dans le cœur ou dans la pensée que Montesquieu ne connut jamais. […] La vie intellectuelle de Montesquieu le préoccupe autant que sa vie morale, sociale et physique.

365. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Inconnu hier encore, l’auteur, qui a les instincts les plus vifs de l’érudition et qui entend la chasse aux faits comme un véritable Mohican intellectuel, sera peut-être célèbre dans deux jours, de cette bonne et fière célébrité qui vient à un homme dans l’injure et qui sied mieux aux lutteurs, amants de la foudre, comme dirait Pindare, qu’une renommée flatteuse et tranquille. […] Il est aussi, à sa façon, une forte étude intellectuelle d’un esprit qui, comme les grands palais, quand on les visite, a toujours quelque curieux appartement qu’on oublie.

366. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Le comte de Gobineau » pp. 67-82

Son petit consulat fut comme une stalle de chanoine où ses facultés de diplomate purent dormir… Et Gobineau, l’esprit le plus chaud que j’aie connu, l’homme qui avait le plus de verve, de profusion intellectuelle, d’expression en dehors, — poète, même en vers, — artiste, même de main, — toute sa vie, en a été un. […] Ce valseur, qui ne valsa pas qu’en diplomatie, ce derviche tourneur dans l’ordre de l’esprit, ne pouvait pas s’arrêter dans ses orbes intellectuels.

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