/ 2522
607. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

Au reste ils ne tenaient pas plus aux sujets nationaux qu’à d’autres, maintenant qu’ils n’y prenaient plus qu’un intérêt de curiosité. […] Avant le milieu du xiie  siècle, la curiosité, l’intérêt du public, en Angleterre, en France et jusqu’en Italie, se portait de ce côté-là. […] Ces ornements font presque tout l’intérêt des romans de la Table ronde. […] Il aura l’art de ménager l’intérêt, dans un court épisode, d’engager, de conduire, de conclure le récit d’une aventure vraisemblable : il dira à merveille les émotions d’une demoiselle qui erre la nuit, sous la pluie, par les mauvais chemins, ne voyant pas les oreilles de son cheval, et invoquant tous les saints et saintes du paradis.

608. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

C’était horrible, cet avilissement d’un pauvre petit diable, et chaque fois j’injuriais l’imprésario… Mais, au reste, je suis persuadé que ces fils de paysans qui entrent quelquefois au séminaire par intérêt y prennent peu à peu des sentiments plus élevés. […] C’est que ni leur éducation ni leurs préoccupations habituelles ne sont bien propres à leur faire connaître le train du monde ; puis, leur confiance en Dieu est absolue, et elle ne peut être absolue que si elle est folle, si elle trouve le miracle chose naturelle  Une dernière marque enfin, c’est que cette charité sans bornes est pourtant une charité catholique, pour qui les hommes sont frères moins par une communauté de destinée et une solidarité d’intérêt que parce qu’ils ont été rachetés tous par le Christ ; et cette charité n’a point pour véritable but le soulagement de la souffrance, mais elle poursuit, par le bien qu’elle fait aux corps, la conversion des âmes. […] C’est qu’il n’est pas de profession où les vues et les passions personnelles paraissent mieux s’identifier avec le dévouement à un intérêt supérieur, à l’intérêt de la cause de Dieu ; et de là, chez le prêtre, cette surprenante sécurité morale dans le gouvernement des choses de ce monde et dans les voies qu’il choisit pour y parvenir.

609. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

On se raille de ceux qui s’enquièrent encore de la réalité des choses, et qui, pour se former une opinion sur la morale, la religion, les questions sociales et philosophiques, ont la bonhomie de réfléchir sur les raisons objectives, au lieu de s’adresser au critérium plus facile des intérêts et du bon ton 191. […] Semblables aux estomacs usés qui se dégoûtent vite et pour lesquels il faut tenter sans cesse de nouvelles combinaisons culinaires, ils attachent tout leur intérêt à la succession des manières qui toutes les dix années se supplantent les unes les autres. […] La morale est aussi absente du monde d’insectes qui s’agite dans une pièce d’eau, et pourtant quel ravissant intérêt à voir ces gyrins dorés, qui tournent au soleil, ces salamandres qui courent au fond, ces petits vers qui s’enfoncent dans la vase pour y chercher leur proie. […] À côté des siècles où la politique a occupé le centre du mouvement de l’humanité, il en est d’autres où elle s’est vue acculée dans le petit monde de l’intrigue et où le grand intérêt s’est porté sur les hommes de l’esprit.

610. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Si, réglant les droits des Souverains & des Peuples, je soutenois que le Gouvernement n’empruntant son pouvoir que de la Société, & n’étant établi que pour son bien, il est évident qu’elle peut révoquer ce pouvoir quand son intérêt l’exige, changer la forme du Gouvernement, étendre ou limiter le pouvoir qu’elle confie à ses Chefs, sur lesquels elle conserve toujours une autorité suprême Syst. de la Nat. […] A-t-on jamais dit plus ingénieusement & plus sagement : Sans une crédulité prodigieuse, comment auroit-on pu trouver des millions d’hommes disposés à se battre dans des querelles qui n’ont rien de commun avec leurs intérêts ? […] Il est beau, nous dit-on, de mourir pour la Patrie ; mais est-ce mourir pour la Patrie, que de verser son sang pour celui qui, pour de vils intérêts, conduit ses Citoyens au carnage ? […] De jeunes gens sans expérience, qui courent après la licence & la nouveauté ; de femmes frivoles, toujours dupes du faux Bel-Esprit qui les flatte, de femmes pédantes, rauques, surannées, abusées par une vanité pitoyable, ou séduites par de basses adulations ; de jeunes Littérateurs intéressés à l’anéantissement du goût, parce qu’ils n’en auront jamais, à l’abolition des regles, parce qu’ils sont incapables de les observer ; de Lecteurs destinés à grossir la foule & à recevoir le joug du charlatanisme ; de Prôneurs à gages, qui loueroient les antagonistes, pour peu qu’ils eussent intérêt de les louer.

611. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

— l’intérêt et l’instinct de conservation. — IV. […] Pourvus d’un caractère déterminé, ils assument un caractère différent, sous l’empire d’un enthousiasme, d’une admiration, d’un intérêt, d’une nécessité vitale. […] De ce point de vue, les diverses circonstances qui semblent déterminer Mme Bovary à se concevoir autre qu’elle n’est, ne constituent point l’intérêt profond de l’œuvre. […] S’ils se conçoivent autres qu’ils ne sont, c’est sans l’intervention d’aucun principe de lucre, d’intérêt ou de vanité, et l’évolution bovaryque se résout chez eux en ses éléments les plus simples.

612. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Ainsi plus de monarque à flatter ; plus d’humbles dédicaces à faire ; plus de temps à perdre dans les antichambres et les cours ; plus d’assouplissement de caractère ; plus de compromis gênant entre la conscience et l’intérêt. […] Si vous dites que l’abondance des produits nuira à leur qualité, on vous répondra que s’il faut vendre beaucoup pour s’enrichir, il faut produire du bon pour vendre beaucoup ; ainsi l’intérêt des auteurs est le garant de leur travail, le public en reste le juge. […] C’est une erreur de croire que l’intérêt même de l’écrivain lui défendra toujours de sacrifier la qualité à l’abondance. […] À travers tout leur esprit, on sent le vide de la doctrine : on comprend que, sur ce qui nous touche le plus, ces hommes n’ont rien à nous apprendre ; et le bon sens du public reste indifférent pour eux, comme ils le sont eux-mêmes pour les intérêts les plus chers de l’humanité.

613. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — III. (Fin.) » pp. 162-179

Le point était habilement choisi par l’Espagne, si elle avait voulu rompre décidément en rendant odieux le roi de France allié des Hollandais, et en le présentant comme opposé aux intérêts et aux droits de sa propre religion : mais il n’entrait point en cela une si profonde politique, et bientôt, lorsque le président Jeannin eut introduit dans l’assemblée des États-Généraux (27 août 1608) sa proposition d’une trêve à longues années au lieu d’une paix, on vit (tant les mots sont puissants sur les hommes !) […] Jamais il n’embrassa plus d’affaires qu’il n’en pouvait expédier… Jamais il ne flatta son maître ; s’est toujours plus étudié à servir qu’à plaire ; ne mêla jamais ses intérêts parmi les affaires publiques. […] L’ensemble de ces pièces inédites qui ne sont pas toutes d’un égal intérêt, servirait du moins à compléter sur bien des points et à établir la biographie du président.

614. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Votre intérêt. […] L’intérêt capital de ce volume-ci est dans l’expédition de Masséna en Portugal et sa retraite, devenue si nécessaire, et payée d’une disgrâce non méritée. […] L’intérêt qu’on éprouve est celui qui sort du fond des choses.

615. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Je révèle cela, monsieur, à votre amitié, à cet intérêt chrétien qui suit l’âme dans l’autre vie. » Et comme cet ami (M.  […] Ce n’est pas toujours de Paris que les lettres lui viennent ; elle en reçoit de son cher midi et des amies d’enfance : 19 mai. — Une lettre de Louise, pleine d’intérêt pour toi ; rien que cœur, esprit, charme d’un bout à l’autre, façon de dire qui ne se dit nulle part que dans ces rochers de Rayssac. […] Je ne sais, mais n’ayant plus le plaisir de lui faire plaisir, ce que je vois n’offre pas l’intérêt que j’y trouvais jadis.

/ 2522