/ 2020
1843. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Scudo, né satellite, s’était inspiré pour cette étude d’Hoffmann analysant Gluck et Don Juan seulement, d’un jardin vivant et parfumé, il devait faire l’herbier d’un naturaliste. […] L’écrivain des Débats se sera inspiré sans doute de cette belle pensée de M. de Maistre sur Voltaire : « Suspendu entre l’admiration et l’horreur, quelquefois je voudrais lui faire élever une statue… par la main du bourreau !  […] « Le siècle ne peut plus s’en dédire, — s’écrie-t-il d’un ton d’inspiré ; — les temps sont venus ; le mouvement est imprimé ; le tambour bat aux champs sur le chemin de la tragédie.

1844. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

» J’ai parlé du rôle et de ce qui s’y glisse inévitablement de factice à la longue, même pour les plus vertueux ; mais ici la solitude est profonde, la rentrée en scène indéfiniment ajournée ; au sein d’une agriculture purifiante, dans le sentiment triste et serein de l’abnégation, en présence des amis morts, tout inspire la conscience et l’affranchit ; ces pages du prisonnier d’Olmütz devenu le cultivateur de Lagrange ont un accent fidèle des mâles et simples paroles de Washington ; elles feront aisément partager à tout lecteur quelque chose de l’émotion qui les dicta. […] Jamais cette femme, si indulgente pour les haines de parti, n’a laissé passer, lorsqu’elle était sous l’échafaud, une réflexion contre moi sans la repousser, jamais une occasion de manifester mes principes sans s’en honorer et dire qu’elle les tenait de moi ; elle s’était préparée à parler dans le même sens au tribunal, et nous avons tous vu combien cette femme si élevée, si courageuse dans les grandes circonstances, était bonne, simple, facile dans le commerce de la vie, trop facile même et trop bonne, si la vénération qu’inspirait sa vertu n’avait pas composé de tout cela une manière d’être tout à fait à part.

1845. (1927) André Gide pp. 8-126

La terreur qu’inspire la maçonnerie est telle que personne n’ose élever la voix et que toute insinuation de la vérité serait catégoriquement démentie par les personnages les plus autorisés. […] C’est le désastre complet pour l’infortuné pasteur, dont le sort inspire une immense pitié.

1846. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Ce n’est point l’orgueil ni la haine concentrée qui le roidissent. « Je n’ai point de ressentiment à présent, dit-il ; quoiqu’il m’ait pris ce que je tenais plus cher que toutes les richesses, quoiqu’il ait déchiré mon cœur (car je suis malade, très-malade, presque jusqu’à défaillir), pourtant cela ne m’inspirera jamais un désir de vengeance… Si ma soumission peut lui faire plaisir, qu’il sache que, si je lui ai fait quelque injure, j’en suis fâché… Comme il a été autrefois mon paroissien, j’espère un jour pouvoir présenter son âme purifiée au tribunal éternel1091. » Rien ne sert ; le misérable repousse hautainement cette prière si noble, par surcroît fait enlever la seconde fille et jeter le fils en prison sous une fausse accusation de meurtre. […] I have no resentment now, and though he has taken from me what I held dearer than all his treasures, though he has wrung my heart (for I am sick almost to fainting, very sick, my fellow-prisoner), yet that shall never inspire me with vengeance… If this submission can do him any pleasure, let him know that if I have done him any injury, I am sorry for it… I should detest my own heart, if I saw either pride or resentment lurking there.

1847. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Situation paradoxale vraiment, que celle de ces hommes dont la vie privée et l’autre n’ont pas de démarcation précise, puisque eux-mêmes, par une nécessité esthétique, sont obligés de puiser dans la première pour alimenter la seconde, de faire passer leur intimité dans leur œuvre, d’une manière qui justement inspire au lecteur une curiosité grandissante. […] Édouard Herriot59 vient de déposer sur le bureau de la Chambre un projet de loi inspiré par les plus généreux sentiments et qui intéresse au plus haut point le monde intellectuel français.

1848. (1894) Critique de combat

Seulement, dans nos écoles libres, ou bien l’enseignement sociologique est inspiré d’un esprit trop exclusif, ou bien il n’occupe au programme qu’une place peu proportionnée à son importance. […] Elles ont été recueillies par les grands morts, dont il était l’envoyé, l’inspiré, l’interprète, et des apparitions terribles sont venues avertir l’empereur et le pape, c’est-à-dire les puissants du monde, que, chaque fois qu’ils auraient passé la mesure des crimes et du despotisme, une de ces gouttes de sang se réincarnerait en une armée de vengeurs. […] On s’inspirera du même esprit que la Révolution française, non pas quand elle imaginait son calendrier qui a le tort de n’être fait que pour le climat de la France, mais quand elle proclamait les droits de l’homme et du citoyen et qu’elle fondait son système métrique sur la mesure de la terre entière. […] Il met malheureusement l’ordonnance dans la bouche de Malauve, qui, au moment où il la prescrit, est assez compromis auprès des lecteurs pour leur inspirer une médiocre confiance. […] Tel qu’il est, bien que d’aucuns puissent le trouver un peu trop doctoral et professoral, il est franc, nourri, plein de bons conseils et d’intentions meilleures encore ; il inspire l’estime et la sympathie pour celui qui l’a écrit.

1849. (1896) Hokousaï. L’art japonais au XVIIIe siècle pp. 5-298

De là une dispute entre l’ancien et le nouvel élève, à la suite de laquelle il quitte l’atelier avec la résolution de ne plus s’inspirer que de lui-même, de devenir un peintre indépendant des écoles qui l’ont précédé et, en ce pays où les artistes semblent changer de noms presque autant que d’habits, il abandonne la signature de Katsoukawa pour prendre la signature de Mougoura, qui signifie « buisson », et disait au public que le peintre portant ce nouveau nom n’appartenait à aucun atelier. […] Dans le second volume, Hokousaï se représente peignant avec la bouche, les mains, les pieds, dessin que nous trouvons répété en 1848 dans le Traité du coloris, et c’est une série de dessins assez semblables aux dessins géométriques du premier volume, mais qui seraient inspirés par la contexture des mots de la langue japonaise. […] Autour de ces deux traités techniques écrits par Hokousaï, il n’est peut-être pas sans intérêt de grouper les albums d’Hokousaï traitant spécialement du dessin et du coloris, dont les préfaciers ont été sans doute inspirés dans leurs préfaces par les théories, les idées, les ironies d’Hokousaï. […] Une anatomie rocheuse, comme inspirée par les statues de pierre des Niô à la porte des temples, avec des chairs couleur brique, et quelques touches de bleu dans le noir de l’encre de Chine des vêtements.

1850. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Mais si l’auteur s’avise de faire de l’archéologie morale et veut nous intéresser au chagrin particulier qu’a ressenti Périclès à la pensée que son tombeau et ceux de tous les Aleméonides seraient désormais privés des honneurs et des rites héréditaires, il est certain que le chagrin de ce grand homme, démesurément grossi d’un trouble superstitieux que nous ne concevons plus, nous paraîtra purement oratoire et ne nous inspirera aucune sympathie, par la raison bien simple que ce sont des sentiments qui se sont éteints en se transformant et qui n’ont aujourd’hui aucune prise sur notre cœur. […] On devait donc avoir grand soin de ne pas feuilleter les gravures de modes, les journaux illustrés, mais de s’inspirer de portraits, de bustes, de gravures, c’est-à-dire, en un mot, d’œuvres d’art. […] Or cette sensation, ce n’est pas la pitié que nous inspire Iphigénie qui nous la donne, ni la double anxiété de Chimène, ni l’enthousiasme contagieux de Pauline, ni la rage d’Hermione ; non, cette sensation, dont le dieu nous secoue après avoir secoué le poète, n’est autre chose que la sensation du beau, c’est-à-dire ce trouble presque superstitieux de stupéfaction et d’admiration qui s’empare de nous, lorsque nous voyons une ébauche faite de main d’homme se revêtir soudain des signes supérieurs de la vie dont la volonté divine a marqué le front de ses créatures. […] Quant aux costumes, il faut non sans doute s’en tenir à ceux dont se contente la statuaire, qui est l’art du nu par excellence, mais ne pas s’en écarter de parti pris, et s’en inspirer, dans le choix des tissus, auxquels on doit demander de beaux plis sculpturals. […] Les quelques réflexions que nous inspirera l’examen des costumes nous conduira à la même conclusion.

1851. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Avide de saisir tout ce qui s’offrait à ses impressions, elle s’était bien gardée de ne pas connaître celles que peut inspirer l’aspect d’un beau site et d’une riante verdure ; elle demeurait en extase devant un point de vue qui lui plaisait ; elle écoutait avec ravissement le chant des oiseaux, elle aimait à contempler une belle fleur, et tout cela jusque dans les dernières années de sa vie.

/ 2020