/ 2143
1261. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor de Laprade. Idylles héroïques. »

Car, il faut bien le reconnaître, si la poésie se caractérise d’abord par l’impression qu’elle cause, c’est avant tout un poète ennuyeux que M. 

1262. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXII. Des panégyriques latins de Théodose ; d’Ausone, panégyriste de Gratien. »

l’homme qui, pour prévenir tout sentiment de pitié, et étouffer d’avance les impressions que la faiblesse, les cris, les larmes ne pouvaient faire sur les assassins même, donna l’ordre exprès de ne rien épargner, et de massacrer tout, sans distinction d’âge ni de sexe ?

1263. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XIX. »

Comme l’évêque de Ptolémaïs, sous l’impression du spectacle de la nature mis en rapport avec le cœur de l’homme, il marquait par des hymnes les principales heures et les divisions du temps.

1264. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

On cherche donc les causes de son impression dans les qualités apparentes et extérieures des œuvres. L’impression même est un total, dont on suppose que les éléments sont nécessairement contenus dans l’œuvre qui la produit. […] On a reconnu les raisons de ses impressions ; on croit du moins les avoir reconnues. […] Et il faut que la critique classe si nos impressions, comme nous le savons bien, différentes en quantité, ne le sont pas moins en qualité. […] Il y a une hiérarchie des esprits, il y a une hiérarchie des choses, il y en a une aussi de la valeur des impressions que les choses font sur les esprits.

1265. (1914) Une année de critique

Un très petit nombre de livres nous laissent cette impression : que le sujet, grand ou petit, qu’ils traitent, est traité une fois pour toutes, et qu’il n’y a pas à y revenir. […] Ici, l’impression du spectateur est bien nette ; l’équivoque, possible à propos du livre, se dissipe devant la pièce. […] Pierre Loti a raison, quand il dit l’importance de nos impressions enfantines, et leur influence sur notre destinée ! […] Ici la mélancolie qui nous touche n’a rien de douloureux ; notre esprit n’est pas suspendu au-dessus du vide, et une impression de sécurité soutient notre rêverie. […] quoi, était-il donc si pénible de confesser tout uniment votre bonne impression ?

1266. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Nous ne sommes pas un critique de profession, nous n’avons pas pris patente pour ouvrir boutique d’éloge ou d’injure ; nous serons tout simplement un lecteur de bonne foi, rendant publiquement compte de ses impressions et enregistrant à voix haute ses jugements. […] Baudelaire avait résisté pendant dix ans à l’appât de l’impression ; cette fois il succomba. […] — je me souviens assez, je me souviens trop de l’impression désagréable produite sur moi tout dernièrement par la lecture de la Vie de Schiller. […] Il chante moins volontiers qu’il ne peint ; et l’impression est d’autant plus durable. […] Barbara prenaient un tel air de réalité, son analyse avait un tel accent de conviction, l’impression reçue était si forte et si intense, qu’on se surprenait à substituer le conteur au héros même de son drame, et qu’on se croyait de bonne foi le témoin oculaire de la perpétration d’un crime.

1267. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

On y voit, avec la vie du chasseur russe, l’impression vraie des grandes forêts (ce que les Turcs appellent la mer des feuilles, entre Brousse et Konia), sur l’homme qui les parcourt. […] Elle éveille les mêmes impressions ; c’est la même plénitude intacte et primitive, qui se déroule à l’œil du spectateur dans sa royale majesté. […] Un long et impitoyable chagrin avait apposé son cachet ineffaçable sur le pauvre musicien, et dénaturé sa physionomie déjà peu attrayante ; mais, la première impression une fois dissipée, on découvrait quelque chose d’honnête, de bon, d’extraordinaire dans cette ruine ambulante. […] De près ou de loin, l’œil distrait ne se rendait pas bien compte des objets, mais l’âme en recevait une douce impression. […] Quant à moi, après cette journée, après ces impressions, il ne me reste qu’à vous saluer pour la dernière fois, et à dire avec tristesse, mais le cœur exempt d’envie et d’amertume, en face de la mort et du jugement de Dieu : « Je te salue, vieillesse solitaire !

1268. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

On peut d’ailleurs expliquer l’illusion du sens commun : le souvenir immédiat, comme le souvenir après intervalle, est en raison directe de l’état dont il y a souvenir [§ 10] ; si donc les concomitants faibles précèdent le signe, ils font peu d’impression ; quand le signe arrive à son tour et complète le groupe, alors seulement l’esprit se trouve en présence d’un état bien distinct qui le satisfait et l’intéresse ; le groupe n’est pas vraiment remarqué avant que le signe l’ait rejoint et ait paru en prendre le commandement ; et, dès lors, la moindre réflexion sur l’ensemble, l’analyse la plus fugitive, donneront au signe le premier rang, parce qu’il est l’élément le plus fort et le plus distinct ; il sera noté le premier, le sens ensuite, l’esprit, dans toutes ses opérations, allant naturellement du clair à l’obscur, du plus facile au plus difficile, et l’instant durant lequel l’idée attendait son expression n’ayant laissé qu’une faible trace dans la mémoire. […] Qu’il s’agisse alors soit de réveiller un de ces lieux communs, soit de démontrer une idée nouvelle, l’homme qui veut convaincre ses semblables sera forcé de recourir à un nouveau langage ; sur ces intelligences engourdies, le langage usuel ferait trop peu d’impression. […] I, § 3] : « Un acte nous peut échapper quand il est si délicat qu’il ne fait point d’impression, ou en fait si peu qu’on l’oublie, car il est alors comme si on ne l’avait jamais produit. […] Un visum inconscient, par exemple, est ou un visum très faible ou une impression rétinienne sans état de conscience correspondant. […] Egger reprend la théorie chez Leibnitz des « petites perceptions », ces perceptions non réfléchies dont nous n’avons pas conscience, l’exemple qu’il développe étant celui du bruit de la mer — auquel fait allusion Egger — comme somme confuse d’éléments infiniment petits indissociables : « D’ailleurs il y a mille marques qui font juger qu’il y a à tout moment une infinité de perceptions en nous, mais sans aperception et sans réflexion, c’est-à-dire des changements dans l’âme même dont nous ne nous apercevons pas, parce que les impressions sont ou trop petites et en trop grand nombre ou trop unies, en sorte qu’elles n’ont rien d’assez distinguant à part, mais jointes à d’autres, elles ne laissent pas de faire leur effet et de se faire sentir au moins confusément dans l’assemblage. […] Et pour juger encore mieux des petites perceptions que nous ne saurions distinguer dans la foule, j’ai coutume de me servir de l’exemple du mugissement ou du bruit de la mer dont on est frappé quand on est au rivage.

1269. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

De là vient cette impression d’amertume, de malaise et de dégoût de l’humanité que nous laisse la lecture des meilleurs romans de cette école. […] Elle est à la merci de ses impressions, et, pour lui faire impression, il suffit d’un rien, d’un geste, d’un son de voix, de moins que cela. […] Le nerveux, en effet, est à la merci de ses impressions. […] Ce n’est pour lui qu’une occasion d’exprimer ses sympathies, ses emportements, ses impressions, son humeur du moment ; et cette humeur est toujours au paroxysme. […] Impressions, émotions, sensations sont-elles nobles ou honteuses ?

/ 2143