/ 1982
775. (1885) L’Art romantique

Mais, à Paris plus qu’ailleurs, il est impossible d’arrêter une plume qui se croit amusante. […] Il serait prodigieux qu’un critique devînt poëte, et il est impossible qu’un poëte ne contienne pas un critique. […] Là-dessus, il est impossible de rien prophétiser de précis. […] Non, il est impossible d’écrire consciencieusement un vers gros de pareilles turpitudes. […] Impossible de faire un pas, de prononcer un mot sans butter contre un fait païen.

776. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Je me disais que c’était impossible, et cependant je la voyais telle. […] » * * * — Dans ce moment-ci, chez les écrivains littéraires, c’est une recherche, une sélection, une chinoiserie de style, qui tendent à rendre l’écriture impossible. […] Ils ont voulu et ont réussi à le rendre impossible en France. […] Mercredi 28 juillet Un jeune Japonais, auquel on demandait la traduction d’une poésie, s’arrêta, l’autre jour, au beau milieu de son travail, en s’écriant : « Non, c’est impossible de vous faire comprendre cela, avec les mots de votre langue, vous êtes si grossiers !

777. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Il fut dès lors impossible au même spectateur de contenir en son œil l’écart de leur fuite contraire au ras de l’horizon. […] La suggestion mentale prendra une telle intensité, qu’il nous sera impossible à un certain moment de savoir si c’est notre être qui retentit au dehors, ou si ce sont les choses qui arpègent nos états d’âme. […] C’est dire que là où l’expression directe est impossible doit intervenir la suggestion. […] Encore que la représentation adéquate de l’Être suprême pour nous, êtres contingents, soit impossible, et que le symboliste le sache jusqu’à la douleur, celui-ci, à la manière de mystiques dont le mode de connaissance intuitif diffère des procédés habituels de la dialectique discursive, s’applique, non plus avec son entendement seul, mais avec son tout moi 42, à penser l’Absolu directement, à rendre « Dieu sensible au cœur ».

778. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

De nos jours, et en habit bourgeois de mode plus ou moins récente, il serait à peu près impossible à un amour de plus de soixante ans d’intéresser sans faire sourire.

779. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Imaginons donc qu’une ambition pareille, ou contraire, ne brouillera point deux amis : comme il est impossible de séparer l’amitié des actions qu’elle inspire, les services réciproques sont un des liens qui doivent nécessairement en résulter ; et qui peut se répondre que le succès des efforts de son ami n’influera pas sur vos sentiments pour lui !

780. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Ce tableau ne prouve point l’inutilité des ressources de l’étude ; mais il est impossible à l’homme passionné d’en jouir, s’il ne se prépare point par de longues réflexions à retrouver son indépendance ; il ne peut, alors qu’il est encore esclave, goûter des plaisirs dont la liberté de l’âme donne seule la puissance d’approcher.

781. (1890) L’avenir de la science « XI »

La langue moderne, en effet, étant toute composée de débris de l’ancienne, il est impossible de la posséder d’une manière scientifique, à moins de rapporter ces fragments à l’édifice primitif, où chacun d’eux avait sa valeur véritable.

782. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre IV » pp. 38-47

Et enfin, il n’est pas déraisonnable de penser que l’état d’humiliation où la première jeunesse du roi fut tenue par sa déraisonnable mère, lui rendait impossible cette confiance en lui-même et dans les autres, qui est le premier véhicule de l’amour ; qu’il ne voyait dans Anne d’Autriche qu’une femme attachée à lui par le devoir ; qu’il avait besoin d’être relevé de cette dépression par la tendresse de personnes désintéressées.

783. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 23-38

Mais quand on le voit, dans différentes Brochures, réduire tantôt à trente les bonnes Fables de l’Esope François, tantôt à une cinquantaine, & en dernier lieu * lui en accorder, comme par grace, quatre-vingt ; quand on lui entend dire que ce Poëte n’a rien inventé, qu’il n’a qu’un style, qu’il écrivoit un Opéra du même style dont il parloit de Jeanot Lapin & de Rominagrobis ; que son génie n’étoit nullement propre à la Poésie sublime, & que tout cela pouvoit excuser Boileau de n’avoir pas fait mention de lui, & de ne l’avoir jamais compté parmi ceux qui fai soienthonneur au Siecle de Louis XIV ** : il est impossible de ne pas croire que, dans une critique aussi peu judicieuse, il n’a eu d’autre objet que de s’égayer par des paradoxes.

/ 1982