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1127. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Sur ce qui est l’âme même du christianisme, il abonde non seulement en sentiments, mais en idées. […] Il n’a qu’une idée  et dont il n’est pas l’inventeur, — mais génératrice d’idées harmonieuses, à l’infini. […] L’idée que je me fais de la haine est celle d’une étrange bassesse par laquelle le haineux s’asservit stupidement au haï. […] Ses idées sur ce qui fait la vraie « noblesse » de la vie sont d’une ravissante pureté et d’une fierté tout héroïque. […] C’est là une idée si épouvantable… que, justement à cause de cela, on finit par se tranquilliser.

1128. (1836) Portraits littéraires. Tome I pp. 1-388

Il retrouve dans les Brigands de Schiller l’idée mère de Bertram. […] Par quel renversement d’idées M. de Lamartine est-il arrivé à déplacer ainsi des questions si nettement posées ? […] Derrière ces deux fables on retrouve une même et commune idée, qu’elles traduisent et développent chacune à leur manière ; cette idée, c’est l’adultère. […] Par l’élévation absolue de ses idées, elle est plus qu’un homme. […] Les idées ont été s’agrandissant, s’éclaircissant de plus en plus.

1129. (1923) Nouvelles études et autres figures

Il a ses idées à lui, ses sentiments à lui, un caractère tout à fait, à lui. […] L’idée d’Hésiode est déjà une idée platonicienne ; la vie réglée par l’honnête travail et par la vertu n’est pas seulement la meilleure, elle est la plus agréable. […] L’idée séduisit Byron, et Mary consentit sans hésitation. […] On le bourre de documents, de fiches et d’idées. […] Il fallait en ouvrir les portes et les fenêtres aux idées générales.

1130. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 230-234

En voyant cet Auteur remonter à la source de tous les systêmes, développer la progression des idées humaines, produire, si l’on peut s’exprimer de la sorte, la généalogie des vérités & des erreurs, on ne peut s’empêcher de convenir que la Philosophie moderne n’a fait que répéter ce qui avoit été dit & redit dans tous les siecles & presque chez tous les peuples. […] Cet Ouvrage, composé avec autant de méthode que de clarté, écrit avec autant de simplicité que de précision, est précédé d’une Préface, où l’Auteur expose ses idées sur le mérite des Anciens & des Modernes, avec une impartialité & une modestie qui donnent du poids à sa critique. […] Toutes les classes d’esprits y apprendront à régler, les uns leurs prétentions, les autres leur enthousiasme ; ceux qui s’érigent en maîtres, à ne pas sacrifier la reconnoissance à la vanité, à savoir rendre hommage à leurs prédécesseurs, à ne pas regarder comme un bien propre & personnel ce qu’ils ont recueilli sur des fonds étrangers ; ceux qui les admirent trop facilement, comprendront qu’il est essentiel de ne pas croire sur parole, de se tenir en garde contre les manéges de la présomption, & de s’instruire avant de vouloir assigner les rangs & fixer les réputations ; le vrai Philosophe enfin en tirera de nouveaux motifs de s’éclairer & d’être modeste, en apprenant que le cercle des idées humaines est étroit, & que l’agiter sans cesse, n’est ni l’étendre, ni le renouveler.

1131. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Une foule d’hommes vivants ont connu l’inventeur, dont le nom réveille constamment dans sa patrie l’idée de l’antique hospitalité, du luxe élégant et des nobles plaisirs. […] Bientôt son idée originale engagea entre nous la conversation suivante, dont nous étions fort éloignés de prévoir les suites intéressantes. […] Cette idée est si révoltante que la philosophie seule, j’entends la philosophie païenne, a deviné le péché originel. […] Pour écarter jusqu’à l’idée de cette prétention défavorable, il faut absolument obéir à Salomon, à Fénelon et à Molière : ce trio est infaillible. […] J’incline à croire que non, car il y a trop d’alliage dans la monnaie d’idées qu’il a frappée à son coin pour que la valeur n’en baisse pas avec le temps.

1132. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Ramond, le peintre des Pyrénées — I. » pp. 446-462

Cette réflexion est la première qui s’offre quand il s’agit de l’écrivain dont je voudrais aujourd’hui donner une juste idée ; Ramond, mort le 14 mai 1827, membre de l’Académie des sciences, objet d’un éloge historique de Cuvier, apprécié de tous les savants comme historien et géographe des montagnes, mais non assez estimé et prisé des littérateurs comme peintre et comme ayant heureusement marié les couleurs de Buffon et de Rousseau aux descriptions précises des De Luc et des Saussure. […] Ramond y fit son apprentissage d’explorateur hardi et léger ; dans ses promenades et ses excursions d’alentour, il exhalait ses rêves de première jeunesse, revoyait en idée les vieux temps évanouis, les comtes et les prélats guerroyants, les beautés recluses et plaintives, et il repeuplait à son gré de scènes touchantes ou terribles les ruines gothiques, les torrents et les rochers. […] Le soleil aussi offre un spectacle nouveau : petit et presque dépourvu de rayons, il brille cependant d’un éclat incroyable, et sa lumière est d’une blancheur éblouissante ; on est étonné de voir son disque nettement tranché, et contrastant avec l’obscurité profonde d’un ciel dont le bleu foncé semble fuir loin derrière cet astre et donne une idée imposante de l’immensité dans laquelle nous errons. […] Je me rappelle que j’avais sur ces hauteurs des idées et des sentiments que j’aurais peut être exprimés alors, mais que maintenant je serais non seulement dans l’impossibilité d’exprimer, mais incapable de me retracer avec quelque force. Jamais je ne suis descendu de ces sommets sans éprouver qu’un poids retombait sur moi, que mes organes s’obstruaient, que mes forces diminuaient et que mes idées s’obscurcissaient ; j’étais dans la situation où se trouverait un homme qui serait rendu à la faiblesse de ses sens inhumains après l’instant où ses yeux, dessillés par un Être supérieur, auraient joui du spectacle des merveilles cachées qui nous environnent.

1133. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Cette contradiction entre les mœurs et les idées, entre les manières et les doctrines, ne nous est pas nouvelle ; nous l’avons vue en France et chez La Fayette lui-même et chez Benjamin Constant. […] J’estimerais peu un jeune homme qui resterait insensible aux grandes idées, aux beaux fantômes qui traversent l’air et planent sur les têtes de vingt ans, aux saisons fécondes. […] Cependant le père de Bonstetten était alarmé ; il craignait pour son fils ainsi exposé au contact des idées et des passions genevoises, absolument comme un père aurait craint pour son fils exposé dans le Paris de 89 à la contagion révolutionnaire. […] Il a exprimé, dans une page heureuse et que je veux citer, l’idéal de l’éducation libre comme il l’entendait et comme il avait commencé de la recevoir : On croit la jeunesse indomptable, parce qu’on se fait une fausse idée de l’autorité. […] Il paraît avoir craint qu’un si grand mouvement d’idées ne finît par quelque dérangement d’esprit.

1134. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Un livre d’histoire, qu’il publia quelque temps après (Revue de l’Histoire universelle), et qui semblait ne répondre qu’à une demande de librairie, lui servit à se remémorer les faits principaux du passé, dont il faut être muni dans le présent, et à rassembler sous une vue sommaire les résultats d’idées qui sont des conquêtes ; c’étaient des armes qu’il préparait. […] J’avais regretté, en finissant, que Tocqueville eût été atteint et frappé si au cœur par les événements qui avaient déconcerté ses principes, et j’avais exprimé cette idée qu’un degré de calme de plus, si convenable chez un successeur d’Aristote et de Montesquieu, l’aurait peut-être conservé à ses amis. […] Quant aux coalitions, il paraît croire aussi qu’en France on peut sans inconvénient en user jusqu’à l’excès, tendre la corde de ce côté, ramasser tout ce qu’on trouve et marcher tous ensemble provisoirement, en se donnant pour mot d’ordre quelques idées communes. […] d’exhaler de temps en temps ses idées, et ses vues dans de belles harangues de tribune ; car je le suppose aussi distingué comme orateur qu’il l’était comme professeur. […] Prevost-Paradol de grandes consolations au milieu de l’échec particulier de ses idées politiques ; il aurait parlé, s’il avait été député ; il aurait écrit ; il aurait… fait précisément, dans des conditions un peu différentes, ce qu’il fait aujourd’hui.

1135. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Biot. Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française. »

J’ai dû cependant me faire une première idée du savant si considérable, avant de me prendre à l’écrivain, et j’ai recueilli les témoignages. […] Dans l’un de ces articles intitulé : De l’influence des idées exactes dans les ouvrages littéraires, M.  […] C’est pousser vraiment trop loin l’idée d’exactitude, même chez les meilleurs poètes, et ne pas accorder assez à la largeur du pinceau. […] Il attachait une idée presque superstitieuse au moindre vers d’Horace. […] Montaigne n’a rien d’un Hercule, et n’en appelle pas l’idée.

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