pour cette fois, Monsieur le duc, vous voulez un grand bien à la nature humaine. […] Dans tout art qui se sert du mot, l’humanité entre, l’âme humaine, l’esprit humain, et la conscience humaine, et avec tout cela, nécessairement, l’artiste doit compter. […] Un genre est, au commencement des choses, une tendance de l’esprit humain. […] C’est désigner un groupe humain par un seul mot. […] Ils n’ont pas une langue vraiment humaine, encore qu’elle soit articulée.
Fatigués avec raison des perpétuelles fantasmagories qui prétendent reproduire la vie humaine, depuis le cinquième jusqu’au seizième siècle de l’ère chrétienne, les yeux se reposeraient avec complaisance sur le spectacle douloureux, mais circonscrit, de la conscience humaine. […] Elle veut relier le genre humain tout entier en une seule famille. […] Il est permis de rêver la conciliation de tous les rôles, mais l’accomplissement d’un seul suffît à la gloire et à la dignité humaine. […] Serait-il vrai que la destinée humaine répudie, comme un rêve de jeune fille, les dévouements illimités ? […] La connaissance des choses humaines y est plus complète et plus à nu, mais poursuivie et systématisée d’après les mêmes principes.
Mais quand il traite la reliure en art imaginatif, expressif, humain, nous devons avouer qu’à notre avis M. […] Au premier coup d’œil, elle n’est point mode d’expression pour une âme humaine. […] Stevenson, qui est l’artiste humain, et M. […] Il est un facteur dans l’évolution héroïque et spirituelle de l’être humain. […] Naturellement nous ne devons point chercher dans ces poésies de révélation de l’âme humaine.
LXIV Chateaubriand crut, comme un enfant, que le poëme épique pouvait renaître et conquérir un renom impérissable à son auteur, pourvu qu’il eût un grand talent ; il oublia du même coup le fond qui était la foi, et la forme qui était le vers, forme idéale et parfaite du langage humain. […] Si Chateaubriand eût été un grand poëte au lieu d’être un grand prosateur, et s’il eût conçu son poëme rationnel sur les vérités les plus acceptées de son siècle, en morale, en politique, en religion ; s’il eût vulgarisé quelque vérité nouvelle, pleine de Dieu, comme elles le sont toutes, et qu’il eût popularisé et divinisé ces vérités par un style en vers digne de Dieu et des hommes, il est à croire que le genre humain posséderait un poëme épique de plus, et la France un véritable et immortel poëte épique. […] Tel fut le sort de ce roman d’Eudore et de Cymodocée, épitaphe des prétentions du génie humain à ressusciter le poëme épique dans un siècle où il n’y avait plus de foi que dans le raisonnement des âmes pieuses et dans l’avenir des idées fortes. […] On dirait qu’un nouvel instrument musical fait résonner ses sons dans les concerts de l’esprit ; on croit entendre les soupirs du vent dans les roseaux, les secousses du vent d’orage dans les vastes cimes des forêts, les chutes des cataractes dans les abîmes, les éclats de la foudre entre les rochers, et quelque chose de plus pathétique encore, les battements intimes du cœur, les frissons de l’âme, le suintement des larmes à travers la peau, et les cris muets de la tristesse humaine cherchant en vain des mots pour dire ses angoisses. […] Mais, à cela près, il eut tous les talents qu’on peut emprunter à la terre, et que le ciel ne donne pas directement et mystérieusement à l’espèce humaine.
La vérité philosophique, la vérité de tous les temps et de tous les lieux, celle à laquelle toutes les sociétés humaines se reconnaissent, cette vérité qui n’a de sanction que dans l’expérience, voilà la nourriture habituelle de Rabelais. […] Il goûtait dans Lucien cette raillerie qui ne trouve rien de respectable ni de haïssable dans les opinions humaines et qui va tirer la barbe d’or de Jupiter. […] Là sont les premières traditions et la première image de l’esprit français, depuis que, dans ce le commerce si fécond avec l’antiquité, il est devenu l’esprit humain. […] Rabelais, regardant les hommes de son temps, a pénétré jusqu’à l’homme de tous les temps, et le plus souvent les contemporains ne sont que l’occasion ou l’assaisonnement de leçons faites au genre humain. […] Le premier langage qu’elles parlent est magnifique ; on sent bien, à la beauté des formes, à la généralité des expressions, que notre langue est devenue celle de l’esprit humain.
Telles, les pensées qui me revinrent, lorsque j’eus lu l’effarant poème en prose d’Akedysseril, — une histoire simple, très humaine et philosophique, une œuvre de Réel Rêve comme Tristan, — et qu’il faut, ici, saluer, œuvre Wagnérienne, — non que l’auteur ait songé, l’écrivant, un rapport aux poèmes de Wagner, — mais parce que, suivant, consciemment ou inconsciemment, la voie ouverte par notre Maître, — le comte de Villiers de l’Isle-Adam, en cette éblouissante merveille, nous a donné les émotions d’apparitions et de musiques mystiquement idéales, et vraies, par lui vécues. […] sans cesser cependant d’y bénéficier des familiers dehors de l’individu humain. […] Il ouvre, cet incontestable portique, en des temps de jubilé qui ne le sont pour aucun peuple, une hospitalité contre l’insuffisance de soi et la médiocrité des patries : il exalte des fervents jusqu’à la certitude : pour eux ce n’est pas l’étape la plus grande jamais ordonnée par un signe humain, qu’ils parcourent, avec toi pour conducteur, mais comme le voyage fini de l’humanité vers un Idéal. […] Dans une étude sur la localisation du sens de l’Espace dans l’oreille, et sur les troubles amenés dans le fonctionnement régulier de l’oreille, soit par des lésions traumatiques, soit par des présentations de conditions anormales où le sens de l’audition se trouve « désorientisé », nous détachons le passage suivant qui, outre l’intérêt d’une appréciation de l’Esthétique Wagnérienne par un ouvrage de pure science, marque combien sont profondes les sources de cette Esthétique, et combien les effets extraordinaires produits par son dispositif acoustique reposent sur une intuition admirable de ce qui est saisissable et exploitable dans l’organisme humain. […] De tels artistes sont les pionniers de la science et remplissent bien le véritable but de l’art, qui est de contrôler les facultés humaines pour édifier de plus en plus solidement l’évolution expérimentale, c’est-à-dire la vie consciente. » Complément au mois wagnérien de Juin MARSEILLE Répertoire des concerts populaires : Introduction au 3e acte de Lohengrin.
L’innovation et l’imitation dans la société humaine. […] Ces types-là sont une création de l’imagination humaine, au même titre que tel corps qui n’existait pas dans la nature et qui a été fabriqué de toutes pièces par la chimie humaine avec des éléments existants dont elle a seulement varié la combinaison. […] Ajoutez la nature humaine à la nature universelle, vous avez l’art : ars homo additus natures. — D’autre part, qu’est-ce que la réalité même, pour le poète, sinon une vision, d’un autre genre que celle où le cerveau seul enfante, mais pourtant encore une vision ? […] A dix ans, « déjà tourmenté du désir de sortir de lui-même, de s’incarner en d’autres êtres dans une manie commençante d’observation, d’annotation humaine, sa grande distraction pendant ses promenades était de choisir un passant, de le suivre à travers Lyon, au cours de ses flâneries et de ses affaires pour essayer de s’identifier à sa vie. » (Daudet, Trente Ans de Paris ; Revue bleue, p. 242, 25 février 1888.) […] , M. de Quatrefages reconnaît explicitement cette tendance (Unité de l’espèce humaine, p. 214).
Elle était humaine, et sa première impression en apprenant le meurtre fut de sentir ce qu’il avait d’odieux, et aussi quelle tache ineffaçable il en rejaillirait sur elle. […] En vain l’on dirait encore qu’elle se montra humaine, même dans les caprices et les revirements de ses passions ; qu’elle ne traita jamais ses amants, quand elle rompait avec eux, comme fit une Christine de Suède ou une Élisabeth d’Angleterre : elle ne les tuait pas, en effet, mais, en les répudiant, elle les comblait de milliers de roubles, de vastes terres en cadeau, et de têtes de paysans. […] se voit obligée d’avoir ses pages clandestines, son registre à la Suétone, à la Procope et à la Bussy, pâture jetée à la curiosité sensuelle, où chacun, s’il n’y prend garde, va se prendre tout d’abord comme à un appât, et que l’humaine malice, s’il est possible, exagère encore.
Non pas que cette conception poétique me paraisse au fond plus à réprouver que celle des lutins et des diables : l’esprit humain a toujours eu un faible pour les géants, et notre enfance a été bercée avec des contes d’ogres. […] C’est aux pauvres humains qu’il en veut. […] C’est qu’il a senti combien devant l’impuissance humaine, il valait mieux encore se résigner que se débattre : là où il a désespéré d’être excellent, il a mieux aimé rester un peu faible, en voilant sa faiblesse d’une molle et noble douceur, que de s’épuiser en vains efforts pour retomber de plus haut.