[Précis historique et critique de la littérature française (1895).]
Cet Ouvrage, le plus riche, le plus complet, le plus décisif qu’on ait en matiere de Religion, réunit à la multitude des preuves historiques, un ordre & une force de style qui en rendent la lecture intéressante.
Nous ne nous sommes si étendus sur ces Anecdotes, que pour faire remarquer combien il faut se défier des jugemens historiques de M. de Voltaire.
On en trouve la liste & le jugement qu’on en a porté dans le Nouveau Dictionnaire historique.
On ne regarde pas aussi long-tems un panier de fleurs de Baptiste, ni une fête de village de Teniers, qu’un des sept sacremens du Poussin, ou une autre composition historique, executée avec autant d’habileté, que Baptiste et Teniers en font voir dans leur execution.
Vous vous répondrez : C’est celui qui, après avoir donné par une éducation universelle, philosophique, historique et morale, à l’homme les moyens de penser par lui-même, respecte ensuite dans cet homme la liberté de se choisir le culte qui lui paraîtra le plus conforme à sa raison individuelle ; c’est le gouvernement qui laissera libre l’exercice des différents cultes dans l’État, sauf les cultes qui attenteraient à l’État lui-même dans sa sûreté politique, dans sa police ou dans ses mœurs. […] Or, bien que la Chine soit le pays le plus historique de tous les pays du globe, puisqu’il écrit depuis qu’il existe, et qu’il écrit jour par jour par ses mains les plus officielles et les plus authentiques, ce peuple n’en commence pas moins, comme toutes les races humaines, par le mystère. […] S’il y a un fait historique consacré par toutes les mémoires ou traditions unanimes des peuples, c’est le fait d’un déluge universel ou partiel du globe, déluge qui submergea les plaines avec leurs cités et leurs empires, et après lequel il y eut sur la terre comme une renaissance de la race humaine dont une partie avait échappé à la submersion de sa race. […] Il feuillette jour et nuit les Kings, ces livres historiques et sacrés dont les textes mutilés ou à demi effacés avaient disparu à moitié de la mémoire des peuples, il les recouvre, il les restitue, il les commente, il les complète et il dit à ses contemporains corrompus : « Lisez et admirez, voilà l’âme, les lois, les mœurs de vos ancêtres, conformez votre âme, vos lois, vos mœurs nouvelles à leur exemple et à leurs préceptes. » Voilà toute la révélation de Confucius ; c’était celle qui convenait par excellence à une race humaine aussi exclusivement raisonneuse et aussi dépourvue de vaine imagination que le peuple chinois. […] ; D’autres, enfin, de surveiller le souverain lui-même, de lui présenter des remontrances contre ses infractions aux rites ou aux lois, et d’inscrire jusqu’à ses fautes privées ou jusqu’à ses paroles mal séantes sur les registres historiques inviolables de l’empire.
Quant aux quelques livres de critique émanés de poètes du « Symbolisme » recueils sans liens de composition d’Articles parus à divers moments, ils n’ont vraiment une plus grande valeur, et l’étude sérieuse, l’impartialité et la vérité historique ne sont guère leur caractéristique. […] Walch, en son Anthologie des poètes de 1866 a 1906), distinguait un article du « Figaro » où Auguste Marcade portait très exactement à la connaissance du grand public un premier historique des naissantes Ecoles : « Les trois chefs de ce mouvement sont : MM. […] Sous le titre générique de : ŒUVRE, en trois parties (Dire du Mieux, Dire des Sangs, Dire de la Loi), elle se situe en l’âme et le milieu modernes de l’Individu, des Sociétés et des Races pour, de là, reprenant tout comme aux racines du monde, remonter à la genèse cosmique et dérouler le chant de l’Evolution, préhistorique et historique, à traders les théogonies successives, d’une part : tandis que d’autre part, elle s’étend aux suggestions d’un devenir moralement et sociologiquement scientifique. […] L’historique même de la « Poésie scientifique » m’a amené à relever évidemment l’action que telles ou telles parties de sa Méthode ou tels ou tels de mes livres ont exercée primordialement sur les Ecoles adverses en général, ou sur certaines individualités plus particulièrement. […] Ainsi, dans le présent volume, l’on trouvera quelques citations et extraits, voulus pour assurer mes dires et éclairer l’historique, et souvent pris du terrain de mes adversaires.
Toutefois la pièce va cahin-caha, dans la déférence du public pour les hexamètres d’un mort, mais quand l’honnête chevalier d’Aydie entrevoit le rôle du pétrole dans les châteaux royaux, ce sont des applaudissements, des hourrahs, un enthousiasme qui assure le succès, que dis-je, le triomphe de cette singulière restitution historique, mettant dans la bouche des gentilshommes de 1730 des pensées d’avant-hier. […] Le sens de l’Extrême-Orient qu’a la jeune femme, l’intuition qu’elle possède des grandes époques historiques, sa devination de la Chine, du Japon, de l’Inde sous Alexandre, de Rome sous Adrien, le remplissent d’un ravissement qu’il me verse dans l’oreille. […] Hugo me rattrape dans l’antichambre, et me fait très gentiment, devant la banquette, un petit cours d’esthétique, qui, tout en s’adressant à moi, me semble l’historique des évolutions de son esprit. « Vous êtes, me dit-il, historien, romancier, — je passe les choses délicatement flatteuses, dont il me gratifie, — vous êtes un artiste. […] Au milieu du déjeuner, à propos de l’huile d’une salade, qu’il trouve excellente, il se met à faire un historique imagé des huiles et des miels de la Grèce, qu’il termine, en comparant le miel de l’Hymète « à du sablon jaune entrelardé de bougie. » Les phrases charmantes, qui sortent de sa bouche, ont quelque chose de mécanique ; elles finissent, elles s’arrêtent, tout à coup, comme une phrase, qu’aurait mise Vaucanson dans le creux d’un automate. […] Les maîtres ont l’orgueil du passé historique, qu’a acquis leur château, depuis l’entrevue de Ferrières, et la vieille Mme Rothschild nous retient longtemps dans le salon de famille, où Bismarck s’est rencontré avec Jules Favre.
. — La critique historique ne cherche pas à plaire et ne craint pas de déplaire. […] Abel, son fils aîné, les enrichit d’un précis historique, débutant par cet acte de foi : « Attaché par conviction à la monarchie constitutionnelle, profondément pénétré du dogme de la légitimité, dévoué par sentiment à l’auguste famille qui nous a rendu, etc. » Victor Hugo ne pouvait se lasser d’admirer les exemples de conduite loyale que léguait à ses enfants l’ex-Brutus : il lui dit : Va, tes fils sont contents de ton noble héritage, Le plus beau patrimoine est un nom vénéré ! […] Cette phrase qui paraîtra un plagiat du mot historique de Béranger, est une profession de foi : elle voulait dire, qu’il allait accepter les grâces et faveurs de la monarchie, tout en restant républicain dans son for intérieur. […] Mais la critique historique qui n’admire ni ne blâme, mais essaye de tout expliquer, adopte l’axiome populaire, il n’y a pas de fumée sans feu ; elle pense que l’écrivain acclamé par ses contemporains, n’a conquis leurs applaudissements que parce qu’il a su flatter leurs goûts et leurs passions, et exprimer leurs pensées et leurs sentiments dans la langue qu’ils pouvaient comprendre. Tout écrivain que consacre l’engouement du public, quels que soient ses mérites et démérites littéraires, acquiert par ce seul fait une haute valeur historique et devient ce que Emerson nommait un type représentatif d’une classe, d’une époque. — Il s’agit de rechercher comment Hugo parvint à conquérir l’admiration de la bourgeoisie.