LAMBERT, [Claude-François] Abbé, né à Dôle, mort à Paris en 1765, a composé des Romans, où le style du besoin & de la faim se fait sentir à chaque page ; & des Histoires, qu’on ne lit guere que pour les noms & les dates. Les plus connu de ses Ouvrages est l’Histoire littéraire du Siecle de Louis XIV, divisée en autant de Livres qu’il y a de classes de Littérateurs & de Savans, & dont chaque Livre est précédé d’un Discours sur l’origine & les progrès de chaque Art, de chaque Science. […] Son Histoire générale de tous les Peuples n’est pas mieux écrite.
Deux mauvais Romans, dont l’un est intitulé Histoire de Madame d’Erneville, l’autre Nitophar, Anecdote Babylonienne, ne sembloient pas devoir lui mériter les éloges qu’on lui donne dans le Nécrologe. Des Tableaux trop hardis, au sujet du Calvinisme, dans son Abrégé de l’Histoire de Nîmes, qui n’est qu’une compilation, ne devoient pas paroître non plus un titre suffisant pour le placer parmi les Ecrivains célebres, dans le nouveau Dictionnaire historique. […] Maucomble, à moins qu’on ne lui sache encore gré de nous avoir régalé d’une Tragédie Bourgeoise, sous le titre des Amans désespérés, ou la Comtesse d’Olinval, production monstrueuse, qui n’est autre chose que l’Histoire de l’infortunée Marquise de Ganges, mise en action.
En effet, malgré l’intervalle chronologique, Homère et Virgile font bon ménage sur le même terrain d’histoire, et, là comme partout, ils se complètent. […] On aime que l’histoire s’y ajoute et doive s’y ajouter, — l’histoire, c’est-à-dire la patrie, la sainte nationalité ! […] Montez-les, redescendez-les, vous trouverez presque toujours le génie des grands poètes plus ou moins imbibé d’histoire, comme notre cœur est imbibé de sang. […] Seulement, prenez bien garde que cette partie supérieure du Port-Royal n’est nullement de la critique, mais une étude d’histoire très bien faite dans un espace de temps assez étroit. Supposez que le point d’histoire aperçu eût été plus vaste, son cadre moins déterminé et moins circonscrit, Sainte-Beuve l’eût manqué ; il se serait perdu dans un grand horizon.
Que nous apprend à ce sujet la psychologie, puis l’histoire ? […] L’histoire des lois somptuaires est celle de la lutte de ces deux efforts parallèles et de sens contraire. […] * ** L’histoire vérifie-t-elle ces déductions ? […] Baudrillart, Histoire du luxe. […] Cité par Dareste, Études d’Histoire du Droit, p. 245.
On connoît peu ses Ouvrages de Métaphysique & d’Histoire naturelle, très-estimés cependant de ceux qui sont capables d’apprécier ce genre de mérite ; tels sont les Elémens de Métaphysique, tirés de l’Expérience ; l’Examen sérieux & comique du Livre de l’Esprit ; les Mémoires pour l’Histoire des Araignées ; & les Lettres à un Américain sur l’Histoire Naturelle de M. de Buffon.
Taine : Toute histoire est un problème de psychologie. […] Voici l’histoire de Prospero ; voyons l’histoire de Shakespeare. […] Voilà le dénouement vrai et logique de l’histoire de Roméo et Juliette. […] L’histoire de cette traduction est assez amusante. […] Ces bottes à genouillères dans lesquelles le même caporal Trim taille innocemment deux simulacres de canons pour le simulacre de forteresse de l’oncle Toby ont une histoire, et une longue histoire.
L’histoire et la philosophie ont subi, depuis cinquante ans, des révolutions profondes. […] Comparons maintenant l’histoire au drame de M. de Lamartine. […] L’histoire nous suggère à ce propos deux remarques importantes. […] Hugo ignore, oublie, ou méprise l’histoire ; quelle que soit la conjecture à laquelle les spectateurs s’arrêtent, il est évident que l’histoire ne joue aucun rôle dans les drames de M. […] La belle chose, mon Dieu, que la philosophie de l’histoire !
Telle était l’idée de Joseph de Maistre, que vous retrouvez sous toutes les pages qu’il a écrites ici ou là : ici plus profondément, plus splendidement, — mais en appuyant moins là-bas, mais partout ; — cette idée est le sol, le sous-sol et la superficie de toutes ses théories politiques, de toutes ses dissertations d’histoire. […] C’est là l’histoire de Joseph de Maistre que ces lettres ne nous racontent pas en se passionnant, mais montrent avec une éloquence inouïe, gaie ici, triste là, ironique plus loin, mais toujours aimable et respectueuse ! […] C’en est un autre de voir l’histoire de ces redoutables temps passer à travers la tête de Joseph de Maistre, et s’y teindre des idées et des couleurs de ce grand esprit éclatant ! Quel envers à l’histoire de Thiers sur le Consulat et l’Empire, que cette correspondance du comte de Maistre ! Cependant, ce n’est ni cette histoire écrite à ce point de vue qu’en France n’accepterait personne, ni cette curieuse rencontre de Joseph de Maistre jugeant confidentiellement Napoléon, qui sont l’intérêt le plus vif de cette piquante publication.
lorsque la femme empoisonne tout, les cœurs et les esprits, les lettres et les arts, et où, pour tout drame et pour toute histoire, on dit, comme pour le crime : Montrez-moi la femme ! […] Lui, il voudrait que le prêtre restât toujours grand pour l’histoire, et s’il ne l’est pas, il en souffre… Seulement, impartial comme l’artiste sincère, il le peint ce qu’il le voit, par amour de la peinture vraie ; et s’il en souffre, il ne s’en venge même pas en forçant le trait. […] Le roman de Ferdinand Fabre est l’histoire haletante et furieuse de cette lutte, qui dure jusqu’après la mort de l’évêque de Roquebrun ; car Tigrane-Capdepont, devenu vicaire capitulaire à la mort de l’évêque, a l’insolente et terrifiante audace de refuser la sépulture épiscopale à l’évêque de Roquebrun, mort à Paris au moment même où il était allé désigner un successeur qui l’évinçât, lui, l’abbé Capdepont. Je n’ai point à refaire ici, en la racontant, cette histoire… Il faut en laisser toute la sensation, qui en vaut la peine, au lecteur. […] Déjà meilleur parce qu’il est évêque, parce qu’il est apaisé, parce qu’il n’est plus dans la position exécrablement fausse d’un homme pris dans l’étau de la petite place qu’il occupe et des grandes facultés qu’il a, son effrayant Tigrane est, en somme, de l’étoffe dont sont faits les Hildebrand et les Montalte, quoiqu’il soit certainement moins grand que Grégoire VII et Sixte-Quint, et qu’ici l’imagination de l’inventeur soit glorieusement battue par l’histoire.