C’est le poëte de la raison, des graces & de la volupté ; fier & sublime, lorsqu’il célèbre les dieux & les héros ; intéressant & tendre, lorsqu’il soupire pour sa maîtresse.
Ils ont sans cesse le nom des dieux à la bouche : voyez l’invocation du premier aux mânes des héros de Marathon, et l’apothéose du second aux dieux dépouillés par Verrès.
Les anciens héros avaient tenu à honneur d’être appelés brigands ; le nom de corsale fut un titre de seigneurie.
On peut remarquer que Pindare ne fait jamais l’éloge de ses héros sans rappeler le nom de leur γένος. […] Le culte des dieux de l’Olympe et celui des héros et des mânes n’eurent jamais entre eux rien de commun. […] L’oracle lui répondit : « Si tu veux conquérir l’île, il faut d’abord que tu gagnes la faveur des héros qui la protègent et qui l’habitent. » Solon obéit ; au nom d’Athènes il offrit des sacrifices aux deux principaux héros salaminiens. […] Elle se continuait par la légende des dieux de la cité, des héros protecteurs. […] Que deviendront tous les cultes locaux, les divinités poliades, les héros qui
S’il était le héros d’un parti, hors de ce parti il courrait risque de ne tomber qu’en des mains ennemies ou insouciantes. […] Toutes mes toilettes sont fripées, tous les secrets de mon érudition sont éventés, tous mes héros et mes héroïnes sont du domaine public, toute ma garde-robe est râpée, et je me meurs, faute d’avoir de quoi dire. […] C’est comme pour les morts de ses héros et héroïnes ; il en est arrivé à ne plus savoir comment les faire mourir, tant toutes ces morts par le suicide, par les noyades, par le charbon ou par les maladies nobles, l’anévrisme, la phtisie pulmonaire, ont été employées de fois et ressassées ! […] Qui est-ce qui a jamais pratiqué les héros de ses romans, les mœurs de ses contes, les passions de ses drames ? […] La révolution de 1830 éclate ; les héros de Juillet reçoivent l’encens des poètes ; M.
La fureur iconoclaste de l’érudition aboutit à de jolis résultats lorsqu’elle raye du passé d’une nation l’image tutélaire de quelque grand héros patriotique ! […] Personne n’a mis en un plus éclatant relief que l’auteur des Héros le rôle principal des individus dans l’histoire, la souveraine grandeur du génie, la force et la puissance de la volonté libre. […] Mais on n’exige point des héros de l’art et de la pensée qu’ils soient en même temps des héros de la guerre ou de la politique ; s’ils ambitionnent cet autre « laurier », nous nous garderons bien de dire qu’ils aspirent à descendre, nous dirons seulement qu’ils courent le risque de manquer deux couronnes pour n’avoir pas su se contenter de la première, qui était assez belle. […] Il est vrai que l’objection n’en serait pas une pour Carlyle, qui sans doute ne reconnaissait chez les deux pauvres sires aucun des caractères du héros. […] L’équilibre normal rompu au profit d’un talent exceptionnel et prodigieux : voilà, au contraire, ce qui distingue le génie, même celui des héros, beaucoup moins rarement qu’une aptitude universelle.
Ces vagabondages de sa mémoire ont d’ailleurs laissé leur trace évidente dans les vagabondages des héros de ses romans. […] En décrivant ce qu’il voit des choses, l’auteur se trouve n’avoir fait que copier ce que ses héros en voient Ces héros et lui sont des frères par la virginité, par la simplicité, par l’inconscience de leur mémoire physique. […] Cette poésie du « quant à soi », les héros de Tourguéniev la conservent invinciblement. […] C’est toujours par la création de ses héroïnes que cet écrivain manifeste avec le plus d’évidence le tour particulier de son esprit. […] D’un bout à l’autre, le héros demeure anonyme.
Qu’on se figure Louis XIV dans sa galerie de Versailles, entouré de sa cour brillante : un Gilles couvert de lambeaux perce la foule des héros, des grands hommes et des beautés qui composent cette cour ; il leur propose de quitter Corneille et Racine pour un saltimbanque qui a des saillies heureuses et qui fait des contorsions344 ! […] que Racine est le plus grand des poètes qu’on ne lit pas, et je me mis à blâmer en particulier le langage poli de ses héros et les rôles de confidents, avec une énergie de conviction dont je ne me serais jamais cru capable, et qui me fait bien rire quand j’y pense. […] Est-ce parce que le héros de cette tragédie tue son excellente femme, par un point d’honneur qui consiste à vouloir épouser une princesse du sang royal, dont il n’est pas amoureux, afin de devenir le gendre du roi ? […] Dans une pièce de Caldéron385, le héros, don Gutierre, tue sa noble femme, par un motif qui ne paraîtra pas beaucoup meilleur aux étrangers que celui du héros d’Alarcos. […] Il place Sophocle en Grèce, à côté de Phidias et de Platon ; Corneille sous Richelieu et Mazarin, à côté des héros et des fanfarons de la Fronde ; Racine, à la cour de Louis XIV, à côté de Boileau et de madame de La Fayette ; et il se réjouit en voyant tant de personnes, tant de mœurs, tant de physionomies différentes, de la diversité de la littérature.
Des villes d’Italie où j’osai, jeune et svelte, Parmi ces hommes bruns montrer l’œil bleu d’un Celte, J'arrivais, plein des feux de leur volcan sacré, Mûri par leur soleil, de leurs arts enivré ; Mais, dès que je sentis, ô ma terre natale, L'odeur qui des genêts et des landes s’exhale, Lorsque je vis le flux, le reflux de la mer, Et les tristes sapins se balancer dans l’air, Adieu les orangers, les marbres de Carrare, Mon instinct l’emporta, je redevins barbare, Et j’oubliai les noms des antiques héros, Pour chanter les combats des loups et des taureaux !