Chimène est la plus faible des héroïnes de Corneille. Et Rodrigue est le plus tendre de ses héros et le moins scrupuleux. […] Et quelle grossièreté de sentiments chez ce héros de la foi ! […] Et sans doute vous ne serez pas un héros, mais vous ne serez pas un monstre non plus. […] L’héroïne est adorable, et si vivante !
— Les héros de la Grèce et de Rome se vousoyaient et s’appelaient entre eux Seigneurs, tandis qu’on traitait de Mesdames les héroïnes de l’antiquité. […] Andromaque, Hermione, Roxane et surtout Phèdre valent, on l’avouera, quelques-unes des héroïnes de Shakespeare et de Schiller. […] Ce qui l’intéresse ce sont les actions héroïques et surprenantes, les héros et les princes, les grands noms et les grands mots. […] Il s’agit cette fois-ci d’un tout un autre héros que le Joueur gentilhomme de Regnard. […] À la première représentation, ce mélodrame dont le héros s’appelait Robert Macaire, était tombé.
Mais, chemin faisant, au milieu des peintures et des caractères, des récits enjoués ou des idéales rêveries, les indications abondent : on y sent passer les secrets voilés ; on saisit surtout cette continuité essentielle du héros, qui s’étend du berceau jusqu’à la gloire, qui persiste de dessous la gloire jusqu’à la tombe. […] On le voulut sauver en lui filant une corde : « Je suis prisonnier sur parole, » s’écrie-t-il du milieu des flots ; et il revient à terre, où il est fusillé avec Sombreuil. — Gesril, vous êtes mort en héros, vous avez égalé Régulus et surpassé d’Assas ; et qui connaît votre nom cependant ? Vous étiez jusqu’ici comme ces héros tombés avant Agamemnon, et qui ont manqué de poëte sacré ! […] Le poëte redore les renommées amies qui pâlissent : il ressuscite et crée le héros qu’on ignore. […] C’était le composé de toutes les femmes qu’il avait entrevues ou rêvées, des héroïnes de l’histoire ou du roman, des châtelaines du temps de Galaor, et des Armides ; c’était l’idéal et l’allégorie de ses songes ; c’est quelquefois sans doute, le dirai-je ?
Et vous, spectateurs routiniers, vous est-il donc impossible de comprendre qu’un héros peut plaisanter quelquefois et parler autrement qu’en vers alexandrins, qu’une action se développe bien mieux en six mois qu’en vingt-quatre heures, et que le tableau d’un supplice est plus attendrissant que le récit qu’on vient vous en faire ? […] Les étrangers ne se récrient avec persévérance que contre les trois unités et contre la noblesse constante du langage des héros. […] Changez d’art, faites un roman ; je souffrirai bien volontiers que vos héros voyagent ou vieillissent, parce que je lirai un récit, et que je n’assisterai point à une tragédie représentée, ou plutôt accomplie devant moi. […] Toutes les fois que je puis croire que le roi des rois, Agamemnon, s’adresse à moi-même, et qu’il ne dit telle chose qu’afin de m’en informer, en me faisant tant d’honneur, il me fait moins d’illusion, et bientôt je ne verrai plus en lui qu’un acteur, s’il ne se hâte de redevenir un héros. […] En un mot on leur promettait de les trouver assez fidèles, s’ils peignaient les héros tels qu’ils ont été, quand même ils ne retraceraient pas bien scrupuleusement ce qu’ils ont fait.
Dans l’épisode de Mme de La Pommeraie, quand le héros se domine assez lui-même pour pardonner le plus odieux des outrages, on oublie les souillures du livre où se rencontre une telle histoire, et un excellent critique, M. […] Un mouvement de l’âme de son héroïne n’a pas plus d’importance à ses yeux qu’une crise purement physique. […] Tantôt, entraîné par cette gageure, il brouille le peu de notions qui nous restent, il confond les âges si divers du monde qu’il prétend reconstruire, il invente ce qu’il ignorera toujours, il décrit ce qui n’a jamais pu vivre, il donne la même valeur aux conjectures plausibles et aux imaginations hasardées, il noie quelques débris de vérités dans un océan d’erreurs, et, tâchant de tromper le lecteur, il finit par se tromper lui-même ; tantôt, dans cette lutte contre un sujet qui sans cesse lui échappe, il s’emporte, il s’enivre de sa parole, de ses images, de ses héros, de ses dieux, de ses monstruosités de toute espèce, il se livre au Dévorateur et devient comme un prêtre de Moloch. […] Naravase s’était présenté au camp d’Hamilcar avec une centaine de cavaliers ; comme les sentinelles, redoutant quelque ruse, hésitaient à les conduire auprès du chef, le Numide s’élança de son cheval, déposa ses armes, et seul, sans crainte, la tête haute, alla trouver le héros de Carthage au milieu de son armée. […] Chaque fois que Salammbô paraît, dans l’orgie des mercenaires, pendant ses conférences avec le prêtre-eunuque, sous la tente de Mâtho, sur la terrasse d’où elle contemple le supplice et l’agonie du malheureux qui l’a pressée dans ses bras, on peut répéter ces paroles que l’auteur lui-même applique à un des tableaux de son livre : « Une lasciveté mystique circulait dans l’air pesant. » Si l’héroïne de M.
En effet, le Mal a ses héros, comme le Bien. On est un héros dès qu’on est très brave… Il y a les héros et les saints du Démon comme il y a les héros et les saints de Dieu, dans ce monde où le mystérieux Surnaturel tient tête, avec une invincible opiniâtreté, aux efforts de ceux qui ne veulent admettre que les vérités à démontrer et qui tombent directement sous la coupe rigoureuse de la raison. […] Renan a dit quelque part que Néron ressemblait aux héros détraqués de Victor Hugo, et lui, cet homme d’un goût ordinairement si ferme, il en parle dans un style qui se détraque, en Hugo !
Une curiosité inquiète suit le héros dans les vicissitudes de sa fortune, et l’intérêt se soutient depuis le commencement jusqu’à la fin. […] Mais si Brutus est le héros de la pièce, César sa puissance, sa mort, en voilà le sujet. […] Les autres héros de Troie et du camp des Grecs jouent un rôle encore moins important, et pour la prise de Troie, et pour l’intrigue des deux amants. […] Posthumus ne serait-il que l’époux adoré d’Imogène, il nous intéresserait ; mais il y a en lui le courage et la noblesse des héros. […] Le héros, vrai coureur d’aventures, voyage continuellement.
je vous prie, si ce travail eût été fait, des mille nuances de la vie humaine, seulement à partir d’Aristophane ou seulement à partir de Théophraste, quelle histoire plus variée à la fois et plus charmante, avec un plus grand nombre d’événements, d’enseignements, de héros, de personnages ! […] si l’on peut dire, aujourd’hui, comment Paris sera vu et jugé dans cent ans, nul ne peut savoir de quelle comédie il sera le héros, de quel drame il sera la victime ! […] Nos grands hommes, autant de marionnettes dont le fil est tenu par des mains déliées et cachées ; héros, tant qu’ils obéissent aux passions populaires, martyrs, s’ils veulent briser cet esclavage ! Ces grandeurs passagères, un rien les crée, un rien les tue ; — aujourd’hui a disparu le héros de la veille, et le lendemain (décoration nouvelle !) […] Elle a salué toute cette foule enthousiaste avec une dignité bien sentie ; ses adieux ont été simples, touchants, sérieux ; elle tenait son cœur à deux mains, et elle aussi elle aurait pu dire comme cette héroïne de Corneille : — Tout beau, mon cœur !
Thiers est entré dans la seconde moitié de son Histoire, dans celle où commencent à se manifester les fautes et les premiers revers de son héros. […] C’est alors qu’en présence de cette sauvagerie menaçante, le cri public fait appel à un héros, à quelqu’un de ces hommes puissants et rares qui comprennent à fond la nature des choses, et qui, de même qu’ils auraient autrefois rassemblé les peuplades errantes, rallient aujourd’hui les classes énervées et démoralisées, les rassemblent encore une fois en faisceau, et réinventent, à vrai dire, la société, en en cachant de nouveau la base, et en la recouvrant d’un autel. […] Sa tâche et son habileté consistent à nous faire comprendre son héros comme si nous étions du métier, et il y réussit. […] Voilà pourtant où mène trop de philosophie quand on fait le métier des héros.