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534. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

C’est de bonne guerre. […] Ce moment (1818-1819) fut celui d’une bonne loi sur la presse ; mais on ne tarda pas à la rétracter à l’heure de la réaction, en 1822, et toutes ces précautions, cette guerre à la pensée, ces poursuites des écrivains ne sauvèrent rien. […] Et m’autorisant plus que jamais de mon expérience d’homme de la presse et avec qui la presse sait bien qu’elle peut tout se permettre sans aucun risque, je dirai : « Ô vous tous qui avez du mérite, un mérite social et de nature à être apprécié de vos concitoyens, ne faites pas la guerre à la publicité. […] On ne songe, me direz-vous, qu’à faire la guerre aux petits journaux, à la chronique impertinente qui s’est démesurément développée et qui foisonne.

535. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Le mot étudier est trop faible pour peindre cette ardeur de curiosité avec laquelle il se jeta sur tout ce qui avait été retrouvé de l’antiquité, philosophie, morale, médecine, anatomie, astronomie, marine, guerre, jeux, gymnastique, tout jusqu’à ces raretés de bibliographie qui ont été le produit de quelques cerveaux malades. […] Picrochole, le roi de Lerné, qui fait la guerre à Grandgousier, c’est suivant les uns, le duc de Savoie suivant les autres, Ferdinand d’Aragon ; c’est ou Charles-Quint., ou François Ier : Rabelais s’est moqué d’avance de ceux qui ont cru avoir la clef de ces choses absconses. Il parle quelque part des gens qui, de son temps, notaient des offenses à Dieu et au roi dans ses follastries joyeuses, et qui « interprètent, dit-il, ce que, à poine (sous peine) de mille foys mourir, si autant possible estoyt ne vouldroys avoir pensé comme qui · pain interprète pierre ; poisson, serpent ; oeuf, scorpion. » Nul doute que Rabelais n’ait eu en vue les hommes et les abus de son temps, et que, s’il a songé à son amusement, ses contemporains n’en aient fait les frais mais qu’il y a loin de là à faire la guerre à outrance à son siècle, comme l’a dit je ne sais lequel de ses Œdipe ! […] Ces grandes pensées sur l’éducation, sur la paix et la guerre, sur la justice, sur les lois, sur les devoirs des princes ; ces vues si justes et si élevées sur les rapports qui lient les hommes dans une société bien réglée, sont autant de nouveautés dans la littérature française.

536. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Le mot Paix est interdit dans cette réunion de faux braves qui font la guerre derrière Philippe II. […] Voilà le type du condottieri des guerres civiles. […] « Il n’est rien, dit-il, qu’on ne feist du jargon de nos classes et de nostre guerre, qui est un généreux terrein à emprunter169. » De là au choix des r, comme faisant une belle sonnerie, il n’y a pas loin. […] Il le voulait également éloigné de deux dispositions alors générales, par l’effet des guerres de religion, le relâchement né de l’idée que Dieu ne fait pas attention aux hommes, et le désespoir où conduit l’idée qu’il veille sur nous pour nous punir, et que la piété est impossible.

537. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Les affaires de religion, les conclaves, l’hérésie, les troubles politiques, la guerre, la paix, en fournissent la matière. […] La composition dans les écrits est comme un plan d’attaque dans la guerre : on enferme les esprits dans un cercle, on leur ôte toute communication avec le dehors, afin de les mieux convaincre de ce dont on est convaincu soi-même. […] Quand on considère l’état de la France alors, les guerres entre la royauté et la noblesse, entre le roi et sa mère, les meurtres et les intrigues, un gouvernement sans cesse contesté et flottant, quel genre d’écrit pouvait être plus goûté que des lettres, dont les plus longues l’étaient moins que le plus court traité ? […] Il y avait d’autant plus de mérite alors à refuser l’allégeance à cet empereur des orateurs, qu’il courait déjà de main en main, au milieu d’une grande attente, des fragments de son Prince, « et probablement pas les pires pièces, dit judicieusement Goulu, puisqu’il les a proposées comme échantillons, et une montre, pour débiter mieux sa marchandise15. » C’est en 1628 que le général des feuillants faisait cette guerre à Balzac.

538. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’impératrice Catherine II. Écrits par elle-même, (suite et fin.) »

Par des guerres heureuses et brillantes, par sa politique hardie et habile, par des conquêtes et des réunions, elle recula de toutes parts ses frontières ; elle constitua géographiquement cette Russie immense. […] Qu’elle montre une grande déférence pour l’esprit, — pour la royauté de l’esprit, — ce n’est pas à nous, Français, de nous en plaindre ; mais évidemment elle a son but ; elle soigne Voltaire comme la voix de la renommée et comme une trompette ; elle lui raconte les nouvelles de ses guerres et de son empire pour qu’il informe l’Europe ; elle grandit tant qu’elle peut sa nation : lui, en revanche, il dénigre tant qu’il peut la sienne, et manque tout à fait de patriotisme.

539. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Appendice — Mémoires du comte d’Alton-Shée »

Il en eut dix-sept enfants, dont deux généraux : — l’un l’aîné, William d’Alton, mortellement blessé le 26 décembre 1800 à la bataille du Mincio, celui même qui a baptisé la place168 ; — l’autre, de dix ans plus jeune, Alexandre d’Alton, qui fit toutes les guerres de l’empire, se distingua notamment à Smolensk et qui est mort général de division en mars 1859169 ; — d’autres fils encore qui coururent toutes les fortunes ; plus quantité de filles dont quelques-unes épousèrent elles-mêmes des colonels, commandants de place, etc. […] Shée, qui avait perdu son fils tué dans la guerre d’Espagne, en 1811, vieux et prêt à s’éteindre sous la Restauration, avait obtenu de substituer sa pairie à son petit-fils Edmond d’Alton-Shée, le nôtre, lequel né en 1810, se trouva pair par hérédité en 1819 à la mort de son aïeul.

540. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre III. Du récit des faits. — Antécédents et conséquents. — Causes et effets »

Elle ne savait ce que c’était que bataille, et ne connaissait la guerre que par ouï-dire. […] Michelet réduit toute la question au bulletin de leur santé : cause véritable, je le veux bien, mais non pas cause unique ni même cause dominante. — L’eau, pour le poisson, est une condition de l’existence : ce n’est pas la cause. — La biche que tue Ascagne au VIIe livre de l’Énéide est l’occasion, non la cause de la guerre entre les Troyens et les Rutules. — Enfin on connaît les abus fameux qu’on a faits des causes finales : Pourquoi l’homme a-t-il un nez ?

541. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre IV. Unité et mouvement »

À la troisième scène, la reine Marguerite, veuve de Henri VI, est amenée devant la reine Élisabeth, femme d’Édouard IV, qu’entourent ses parents et ses courtisans : et là, pour tous les malheurs de Lancastre, pour son mari, pour son fils égorgés, elle prononce une terrible malédiction contre York et tous ses partisans : « Qu’à défaut de la guerre, votre roi périsse par la débauche, comme le nôtre a péri par le meurtre pour le faire roi ! […] Un épisode historique, comme la guerre de Jugurtha, n’aura pas la même unité qu’une histoire générale, comme l’ouvrage de Tite Live.

542. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

. — La Guerre de Cent Ans (1892). — Mon franc-parler (trois séries de 1893 à 1896). — Contes tout simples (1894). — Pour la Couronne (1895). — Le Coupable, roman (1897). — Les Vrais Riches (1898) […] En laissant de côté son théâtre, la Guerre de Cent ans, ce drame shakespearien non représenté, où les spectres jouent un grand rôle et ne feraient peut-être pas sourire, le Luthier de Crémone et même le Passant, M. 

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