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379. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Ibrahim, qui ne croit guère à la vertu efficace des protocoles, a fait preuve de sens, en marchant de Konieh sur Scutari ; un pied dans le Bosphore, n’étant séparé du divan que par ce détroit que les amoureux et les poëtes traversent à la nage, il est plus certain de se faire entendre. — Aux États-Unis, tout espoir d’un accommodement entre la Caroline du Sud et le Congrès n’est pas évanoui ; on se prépare pourtant des deux côtés, comme pour une lutte sanglante, et les milices sont sous les armes. […] La déclaration de la duchesse de Berri, qui n’a guère rien appris de nouveau aux personnes bien informées, atteste l’obstination presque violente qu’on a dû mettre à l’obtenir, et l’importance qu’on attachait à l’enregistrement solennel d’un tel aveu.

380. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre III. Les dieux »

Ce Dieu administrateur, si éloigné de la nature, ne peut guère apparaître dans la nature ni dans la poésie. […] D’abord on ne croit guère en eux, non plus qu’au langage prêté aux bêtes ; la fiction appelle la fiction, et on sourit en voyant Jupiter cousin de l’éléphant, comme en écoutant plaider le lapin et la belette.

381. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « José-Maria de Heredia.. »

Et, en effet, il n’a guère écrit que des sonnets, et il est assurément, avec le poète des Épreuves et dans un genre très différent, le premier de nos sonnettistes. […] IV Les sonnets et poèmes de M. de Heredia (trop peu nombreux : il n’y en a guère plus d’une cinquantaine) se partagent assez naturellement en quatre groupes.

382. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Armand Silvestre »

Si donc il n’y a plus guère de génies souverains, il y a des « cas particuliers ». […] Je sais que pour quelques-uns de ces honnêtes gens la chose s’explique naturellement : c’est à la fin, après la « conversion », qui au bon vieux temps ne manquait guère, qu’ils se sont avisés de rimer des vers édifiants ; mais il en est comme Marot et Jean-Baptiste, qui ont mené de front les deux genres.

383. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XII. L’antinomie morale » pp. 253-269

Elles lui mettent le marché à la main : « Survivre, oui : tu survivras si… tu obéis. » — L’illusion messianiste qu’on retrouve dans les morales laïque et humanitaire ne diffère guère de la précédente illusion. « Sacrifie-toi, dit-on à l’individu, ne t’insurge pas contre la société injuste ; la justice régnera un jour. » — Comme si cette promesse n’était pas une dérision et une injure à cette idée de justice que l’on invoque. […] Sorel a montré l’existence d’un « sublime » moral à l’état latent dans l’âme ouvrière ; d’une aptitude au sacrifice dans la lutte sans merci que la classe ouvrière soutient contre les classes possédantes qui représentent pour elle l’immoralité. — L’ouvrier anticlérical confond volontiers casuistique et jésuitisme ; de plus il est intolérant dans les choses qui touchent à la conduite comme dans celles qui touchent aux opinions et il ne respecte guère la liberté individuelle.

384. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VIII. Quelques étrangères »

Mais, comme il n’y a guère autre chose et qu’elles ne varient guère, leur musique monotone et vide perd bientôt son prestige premier.

385. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre septième. »

C’est une aventure fort commune qui ne méritait guère la peine d’être rimée. […] En effet, l’ambition dans nos états modernes n’est guère que de l’avarice.

386. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre premier. Mme de Staël »

Mais dans ses romans, elle se raconte elle-même : elle est sa Corinne ou sa Delphine, l’une après l’autre ; mais en histoire et en politique, elle n’a guère que l’opinion des hommes qu’elle aime, ou son père, ou Benjamin Constant, ou Narbonne, ou tout autre, et elle dit même quelque part que la femme, dont elle juge d’ailleurs très bien la destinée, ne doit pas avoir d’autre opinion que celle-là ! […] Ce n’est pas Mme Sand qui nous aurait fait accepter, avec ce talent qui est une magie, tous les écrivains de l’Allemagne sur le pied des plus hautes puissances intellectuelles, et nous les eût fait avaler, à nous autres railleurs français, pomme des hosties consacrées, alors que la plupart d’entre eux n’étaient guère que des pains à cacheter !

387. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

Elle n’est guère connue que de l’Académie, qui lui a mis sa palme jaunâtre… L’Académie, cette Compagnie de vieillards qui aiment les femmes et qui les couronnent, ne pouvant faire mieux… ou pis, a décerné déjà deux prix à Mlle Clarisse Bader ; mais, en les lui donnant, l’Académie, qui est pour tant de lauréats et surtout tant de lauréates, une succursale du bureau de bienfaisance, n’a nullement fait une aumône à Mme Bader, courageuse fille, qui a bien et dûment gagné ses prix à la sueur de son front… et du nôtre ; car elle n’est pas très facile et très voluptueuse à lire, Mlle Clarisse Bader. […] III Certainement les quatre livres sur la femme indienne, biblique, grecque et romaine de Mlle Clarisse Bader expriment la volonté d’être une histoire, et une histoire particulièrement intéressante, puisque c’est l’histoire d’une influence et de la plus puissante des influences sur les hommes ; mais cette histoire reste toujours à faire, et celle-ci n’est guère qu’un placage historique, plus ou moins industrieusement exécuté.

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