On essaya d’abord une fausse imitation de l’antiquité grecque et romaine : c’était retourner à l’enfance. […] Mais rendez-nous donc et le Polythéisme, et la barbarie de mœurs, et le fanatisme étroit de la cité grecque ou romaine !
Chez les Grecs, race plus noble, cela se faisait mieux par la flûte et les jeux des bergers. […] Sur ce point, je m’écarte des conceptions, merveilleuses du reste de poésie et d’idéal, où s’éleva le génie grec.
Tantôt il emprunte à la Bible ou à l’Évangile le sujet d’un chant sacré ; tantôt il prélude sur le mode de la lyre grecque ; d’autres fois, c’est une chronique nationale qu’il pare de poésie, une anecdote qu’il raconte, une fantaisie d’imagination qui lui est venue au bord de la mer, à la vue d’une belle et gracieuse frégate. […] Il y a, dans l’amour de Ménalque pour la bacchante Ida, cette chasteté de détails et ce voile de beauté pure dont la Muse grecque paraît jusqu’aux passions les plus désordonnées. […] Je sais que, depuis ma première déclaration, le drame est monté au Capitole, et a dit aux Romains de la jeune littérature : « Il y a six ans, à pareil jour, j’ai sauvé l’art dramatique ; allons en rendre grâce aux dieux. » Mais, moi, je suis resté au bas de l’escalier ; et, comme les poètes campaniens qui poursuivaient Scipion de leurs sarcasmes patriotiques et raillaient ce Grec qui imposait à Rome la langue et la littérature des vaincus, je me suis permis de siffler le triomphateur, et de dire qu’il n’y avait pas lieu à remercier les dieux de sa dernière victoire, mais bien plutôt à les accuser de ne prendre aucun souci des affaires humaines, puisque leurs foudres dorment au ciel pendant qu’on profane ici le temple où ont sacrifié Molière et Shakespeare. […] Au temps où le théâtre français était dans l’enfance, où Jodelle et Hardi imitaient platement et sans intelligence, l’un les formes extérieures de la tragédie grecque, l’autre les intrigues et les fils du drame espagnol, une fécondité malheureuse pouvait donner une sorte de gloire, et Jodelle et Hardi furent des hommes éminents pour leur époque.
… III Ma nourrice portait un nom grec ; elle s’appelait : Damon. […] L’impasse d’Antin, qui avait été jusque-là mon domaine, ne suffisait plus ; la promenade habituelle à la barrière Monceau, où j’allai jouer de préférence, avec mes amis les gabelous, qui me poursuivaient sous la colonnade du petit temple grec, encore debout aujourd’hui, fut même délaissée. […] Le temple grec de la barrière Monceau, et même les beautés sahariennes du terrain vague, furent vite éclipsées par les splendeurs champêtres du Grand-Montrouge. […] … Tu l’as exécutée, à ce qu’il me semble, sur le modèle de ton rêve, car elle a l’air d’une petite fille grecque.
L’emplacement seulement, comme la Corne d’Or présentait l’emplacement d’une capitale du monde au temps où les Grecs ne fondaient sur le Marmara qu’une Chalcédoine. […] Baudelaire Le dernier de ces grands sacrements positivistes, où Auguste Comte a déployé une si profonde imagination religieuse et politique, est le sacrement de l’incorporation, l’équivalent de ce jugement des morts que les Grecs avaient cru trouver chez les Égyptiens. […] Lorsque cette vie intellectuelle et morale du monde grec a pour centre les grandes cités cosmopolites, Alexandrie et Syracuse, naît de ces cités la poésie pastorale. […] Mme Sabatier qui reçut, sans en connaître l’auteur, jusqu’à l’apparition des Fleurs du Mal, leurs plus beaux poèmes d’amour, du même âge que Baudelaire (elle était née en 1821), était une des plus belles femmes de son temps par la forme et la fraîcheur, « excellente, disait Flaubert, et surtout saine créature », qui savait présider (d’où son joli nom de Présidente) une assemblée d’artistes sans mêler de fadaises féminines à leurs entretiens, en plaçant seulement au milieu d’eux la pureté d’un corps qu’avait sculpté Clésinger, l’éclat d’un visage dont Ricard avait fait le portrait, l’autorité apollonienne que saluait Gautier quand il lui disait dans Émaux et Camées : J’aime ton nom d’Apollonie, Écho grec du sacré vallon Qui dans sa robuste harmonie Te baptise sœur d’Apollon.
L’Âme antique On aura beau, en France, partir en guerre, de temps à autre, contre le grec et le latin, on ne fera pas que les amis des lettres, les artistes, les poètes ne trouvent un charme indéniable à s’entretenir, par les livres, en des langues merveilleuses parlées un siècle ou dix siècles avant Jésus-Christ, avec Horace, Virgile, Plaute, Théocrite, Anacréon, Aristophane ou Homère. […] Ne nous étonnons donc pas nous, fils de ces Latins qui devaient quelque reconnaissance aux Grecs, du plaisir que nous éprouvons parfois à respirer les bouffées d’air qui ont passé sur l’Attique et qui nous en apportent de lointains parfums, et remercions ceux qui nous font revivre dans cette antiquité, source éternelle de beauté et de jeunesse. […] Je signalerai d’abord dans ce livre d’élégantes et fidèles traductions, des imitations de poésies grecques d’Homère, Aristophane, Anacréon, Méléagre, de l’anthologie, d’épigrammes funéraires, descriptives et comiques ; dans la poésie latine, de Lucrèce, Virgile, Horace, Plaute, Martial, etc. […] Ceux qui, pour créer un style nouveau, tout en protestant contre le classique, c’est-à-dire le grec, le romain, la renaissance, croient devoir remonter aux sources du moyen âge, font également fausse route. […] — Sire, répondit le colonel avec tristesse, il est dans la redoute…” » Voilà qui vaut bien les grandes et héroïques réponses des Grecs et des Romains que l’on nous apprend dans nos lycées.
Le romancier grec a dit que Persina, reine d’Éthiopie, avait mis au monde Chariclée, enfant tout blanc, à cause d’un tableau de Persée et d’Andromède nue qu’elle avait beaucoup considéré.
Alors on rougira en la regardant ; on dira tristement comme cette courtisane grecque qui consacrait son miroir à la Beauté éternelle : Je le donne à Vénus puisqu’elle est toujours belle… N’est-il pas plus sage de se prémunir d’avance contre l’amertume d’un pareil moment, et de chercher des consolations contre l’inévitable mécompte dans le courage avec lequel on l’aura prévu ?
Celui de tous les peuples qui a le plus songé à la gloire et qu’elle a le moins trompé, celui de tous les poëtes qu’elle a couronné comme le plus divin, les Grecs et Homère, appelaient la postérité et les générations de l’avenir ce qui est derrière (οί όπίσω), comme s’ils avaient réellement tourné le dos à l’avenir, et du passé ils disaient ce qui est devant.