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155. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

À ce titre, on doit placer vers les temps qui précédèrent la guerre persique et les agitations des villes grecques d’Asie un poëte d’Éphèse, Callinos, un de ces élégiaques comme Alcman, dont le vers brisé respire tour à tour l’ardeur de la guerre ou la passion de l’amour. Est-ce pour une ville d’Ionie, ou quelqu’une de ces colonies grecques soulevées contre les satrapes, que Callinos entonna son cri de guerre ? Est-ce pour Athènes, près de laquelle se pressaient volontiers les peuples du nom grec ? […] On reconnaît bien, dans cet ouvrage apocryphe, l’illusion de l’esprit grec, dans le dernier âge de l’antiquité. […] Les monuments de ce génie furent négligés et s’oublièrent, et sa renommée servit seulement de prétexte à des jeux frivoles de rhéteurs grecs.

156. (1890) Derniers essais de littérature et d’esthétique

L’une et l’autre sont les pierres tombales de jeunes athlètes grecs. […] Balfour a été caricaturé, il faut écrire à nouveau toute l’histoire grecque ! […] Mahaffy, les anciens Grecs avaient pris Troie. […] Mahaffy traite expressément de la vie sociale et de la pensée des Grecs. […] Chez les Grecs, par exemple, ils étaient tout à fait inconnus.

157. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VI, première guerre médique »

En cas de victoire, les Grecs auraient défilé sans doute devant lui, un mors à la bouche et la corde au cou, comme les captifs égyptiens que Cambyse passa en revue, sur les ruines de Memphis. […] Contre l’avis des autres stratèges, qui voulaient retrancher la défense au cœur de la ville, la circonscrire au rocher sacré, il soutint que le salut était dans l’attaque, qu’il fallait marcher sur l’ennemi au lieu de l’attendre, le frapper sur le rivage même de la mer, au seuil bruyant de la patrie grecque. […] Mais cette fois elle avait fait volte-face : c’étaient les guerriers de l’Asie, poussés et rejetés sur leur flotte, qu’assaillaient les Grecs. […] Ce Samson grec disparut après la bataille.

158. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 18, que nos voisins disent que nos poëtes mettent trop d’amour dans leurs tragedies » pp. 132-142

L’auteur anglois prétend que l’ancienne chevalerie et ses infantes ont laissé dans l’esprit de quelques nations le goût qui leur fait aimer à retrouver par tout un amour sans passion et ce qu’elles appellent galanterie, espece de politesse que les grecs et les romains si spirituels et si cultivez n’ont jamais connuë. […] C’est assez parler de ces caprices qui feroient prendre les françois, les espagnols et quelques autres nations pour des peuples de fols par les grecs du tems d’Alexandre et par les romains du tems d’Auguste, si, pour me servir de l’expression tant usitée, les uns et les autres pouvoient revenir au monde. […] Ainsi l’amour que les bons poëtes de la Grece avoient mis dans leurs ouvrages touchoit infiniment les romains, parce que les grecs avoient dépeint cette passion avec ses couleurs naturelles. […] Les peintures de cette passion qui sont dans les poësies des romains nous touchent comme celles qui sont dans les poësies des grecs touchoient les romains.

159. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre II. Quelques traditions sur Pindare. »

Après avoir remarqué, dans sa description de Tanagre, que les habitants de cette ville ont su le mieux, parmi les Grecs, régler ce qui concerne le culte divin, toujours attentifs à placer les temples à part, dans un lieu pur, loin de l’habitation des hommes, il ajoute, apparemment par cette liaison d’idées naturelle entre le culte et la poésie : « Le tombeau de Corinne28, qui seule, à Tanagre, a fait des hymnes, est placé dans le lieu le plus découvert de la ville. […] Ce qui nous reste des poésies de Pindare le montrera, plus que nous ne l’avons dit encore, généreux et sensé dans les conseils qu’il donnait à quelques chefs des cités de Sicile et de la colonie grecque de Cyrène. […] On peut y voir seulement la preuve du caractère merveilleux dont l’imagination des Grecs aimait toujours à entourer le nom du grand poëte qui les avait charmés. […] Quelques vers grecs, d’une date inconnue mais ancienne, consacrent par de touchants détails la fin du poëte dans les fêtes d’Argos32 : « Protomaque et Eumétis33 aux douces voix pleuraient, filles ingénieuses de Pindare, alors qu’elles revenaient d’Argos, rapportant dans une urne ses cendres retirées des flammes d’un bûcher étranger. » La gloire du poëte grandit sur sa tombe, placée dans le lieu le plus remarquable de Thèbes, près de l’amphithéâtre des jeux publics.

160. (1929) La société des grands esprits

Abel Hermant, un des miracles grecs) ils étaient aussi gais que graves. […] Car enfin les Macédoniens étaient des Grecs, et Alexandre a hellénisé l’Orient. […] Ce n’est donc pas l’aspect classique et purement grec. […] Et il examine l’application de cet idéal grec à la pensée moderne. […] Pour le surplus, il est tout grec.

161. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Avant-propos » pp. 1-5

La science de la musique avoit parmi les grecs et parmi les romains, un objet bien plus vaste. […] Aristides Quintilianus nous a laissé un excellent livre sur la musique, écrit en langue grecque, et cet auteur vivoit sous le regne de Domitien ou sous celui de Trajan, comme le conjecture sur de bonnes raisons Monsieur Meibomius qui a fait imprimer avec une traduction latine l’ouvrage dont je parle. […] Comme l’on n’a point communement de la musique des grecs et des romains, l’idée que je viens d’en donner, et comme on croit qu’elle fut renfermée dans les mêmes bornes que la nôtre, l’on se trouve embarassé quand l’on veut expliquer tout ce que les auteurs anciens ont dit de leur musique et de l’usage qui s’en faisoit de leur temps.

162. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé au nom de l’Académie des inscriptions et belles-lettres aux funérailles de M. .Villemain »

Aux plus brillants succès de son talent d’écrivain et d’orateur, il eût préféré la bonne fortune de découvrir un de ces chefs-d’œuvre de la poésie grecque, modèles d’un art incomparable, où la suprême élégance elle bon sens, loin de s’exclure, se réunissent en une divine harmonie. […] Villemain n’eut pas de plus constante pensée que de faire rendre aux couvents grecs les chefs-d’œuvre qu’ils pouvaient receler encore, et, si cette investigation, conçue et dirigée par lui, prouva que les chefs-d’œuvre inédits sont devenus bien rares, elle rendit au moins à la science des textes de première importance pour l’histoire de l’esprit humain. […] Rien n’était en dehors de sa large et intelligente critique : il était aussi maître de son sujet quand il retraçait l’histoire de la poésie lyrique des Grecs que quand il expliquait Dante et la poésie du moyen âge.

163. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 343-347

On le connoît par un mince Recueil de Fables qu’il publia en 1771, sous le titre de Mythologie, ou Recueil de Fables Grecques, Esopiques & Sybariques, mises en Vers François. […] Il n’avoit pas vingt ans, qu’il avoit déjà fait plusieurs Mémoires très-savans sur presque tous les points de la Mythologie Grecque, & à vingt-cinq il fut reçu à l’Académie des Inscriptions. […] & l’on étoit surpris d’entendre raconter les anecdotes littéraires & politiques du temps par un homme que les Grecs, les Romains, les Celtes, les Chinois, les Péruviens, auroient pris pour leur Compatriote & leur Contemporain ».

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