Les personnages ont souvent comme un langage de rêve, flottant, indécis ou brusquement capricieux, le tout dans une grâce et une aisance de vols d’hirondelles. […] Elle vient pour obtenir la grâce préalable de l’Advenu, des lettres de grâce pour le cas où l’Advenu serait pris. […] Produis les lettres de grâce et il est sauvé ! […] Elle brûle les lettres de grâce. […] Grâce à vous la faveur du roi me fut acquise Et je suis colonel !
C’était lui qui les comprenait le mieux tous ensemble et chacun isolément, qui les appréciait de meilleure grâce, et les portait le plus complaisamment dans son cœur ; qui, avec le moins de personnalité et de quant-à-soi, se transportait le plus volontiers de l’un à l’autre. […] Grâce à sa prodigieuse verve de travail, à l’universalité de ses connaissances, à cette facilité multiple acquise de bonne heure dans la détresse, grâce surtout à ce talent moral de rallier autour de lui, d’inspirer et d’exciter ses travailleurs, il termina cet édifice audacieux, d’une masse à la fois menaçante et régulière : si l’on cherche le nom de l’architecte, c’est le sien qu’il faut y lire. […] Avant de reprocher à la philosophie de n’avoir pas compris le vrai et durable christianisme, l’intime et réelle doctrine catholique, il convient de se souvenir que le dépôt en était alors confié, d’une part aux jésuites intrigants et mondains, de l’autre aux jansénistes farouches et sombres ; que ceux-ci, retranchés dans les parlements, pratiquaient dès ici-bas leur fatale et lugubre doctrine sur la grâce, moyennant leurs bourreaux, leur question, leurs tortures, et qu’ils réalisaient pour les hérétiques, dans les culs de basse-fosse des cachots, l’abîme effrayant de Pascal. […] Il y en a seulement un très-petit nombre de sages qui cherchent avec soin ce sentier, et qui, l’ayant découvert, y marchent avec grande circonspection, et, trouvant ainsi le moyen de passer le torrent, arrivent enfin à un lieu de sûreté et de repos. » L’image de Nicole n’est pas consolante ; au chapitre V du traité de la Crainte de Dieu, on peut chercher une autre scène de carnage spirituel, dans laquelle n’éclate pas moins ce qu’on a droit d’appeler le terrorisme de la Grâce : on conçoit que Diderot ait trouvé ces doctrines funestes à l’humanité, et qu’il ait voulu faire à son tour, sous image d’île et d’océan, une contre-partie au tableau de Nicole. — Il y a aussi dans Pascal une comparaison du monde avec une île déserte, et les hommes y sont également de misérables égarés.
Théodore de Banville Avec son jeune visage apollonien, et son menton ombragé d’un léger duvet frissonnant que n’a jamais touché le rasoir, rien n’empêcherait ce jeune poète d’avoir été le prince Charmant d’un des contes de Mme d’Aulnoy, ou mieux encore d’avoir été dans la Sicile sacrée, à l’ombre des grêles cyprès et du lierre noir, Damoitas ou le bouvier Daphnis, jouant de la Syrinx et chantant une chanson bucolique alternée, si ses yeux perçants et calmes, et sa lèvre féminine, résolue, d’une grâce un peu dédaigneuse, n’indiquaient tous les appétits modernes d’un héros de Balzac. […] Depuis les Contes épiques aux larges envols ; depuis le mystérieux et métaphysique Hespérus ; depuis les boréales splendeurs et les saignantes neiges du Soleil de minuit ; depuis Pagode, évoquant l’immémoriale énigme des farouches divinités de l’Inde, accroupies parmi les flammes, au fond des temples et tout embrasées d’or, où les strophes ont des sonorités de gong et des rythmes inquiétants de danses sacrées ; depuis les rires ailés, les mélancoliques sourires et les grâces attendries de l’Intermède ; depuis les Soirs moroses, où sont pleurés, avec quelle magnifique et douloureuse tristesse, les lassitudes, les souffrances, les effrois de l’amour et du doute, jusqu’aux modernes paysages dans lesquels la Grande Maguet dresse sa terrible silhouette de sorcière sublime, M. […] Albert Samain Un charmeur ; une grâce légère, brillante, enlaçante, sensuelle, parfumée, quelque chose comme « du rosolio sucé dans une flûte mousseline », ainsi qu’il l’a écrit lui-même dans une adorable petite pièce. […] Ou Peppa qui s’embobeline Dans une pâle manteline ; Que du jeune et cher Courteline Tu nous chantes le juste fos, Ou que tu piques jusqu’à l’os Brunetière et Monsieur Buloz ; Toujours ta grâce reste sûre ; Tu jongles sans une blessure À l’Art noble ; ton goût rassure ; Tu fais toujours, divin pervers, Loucher tous les poètes vers La perfection de ton vers ; Car il est le tissu qui : tulle (Mot vraiment ailé), s’intitule, Moins léger que ton vers, Catulle ! […] La grandeur des dons, le nombre des notions, la finesse du rythme, la variété des sujets, la surabondance de l’esprit, la grâce alerte et piquante, la joie, la frénésie, l’éloquence, la gaîté, la bouffonnerie loquace, les profusions d’un style imagé ou sonore, et par-dessus tout la sûreté technique, font de M.
Elles ont de la grâce, de la finesse et presque de la flamme. […] Ne t’y trompe pas : Bladé est un savant, mais il a le goût, il a la grâce, le charme. […] Tellier convenait lui-même, de bonne grâce, qu’il poussait jusqu’à la superstition le culte de la poésie et des poètes. […] Ces querelles de la grâce sont aussi mortes que celles des réalistes et des nominaux. […] Et c’est grâce, sans doute, à ce tour de style et d’âme qu’il a séduit M.
Il montre son visage ouvert tout rougissant d’une grâce empourprée ! […] Ces traditions des petites villes sur les génies avec lesquels leurs vieillards ont vécu dans la familiarité du voisinage sont les grâces de l’histoire ; elles rendent aux froids souvenirs la vie, l’intimité, la naïveté et la chaleur de la famille. […] Tout le monde veut me persuader de faire inoculer mon garçon ; quant à moi, je préfère tout remettre à la grâce de Dieu ; tout dépend de lui ; il s’agira de savoir si Dieu, qui a mis dans ce monde cette merveille de la nature, veut l’y conserver ou l’en retirer. […] J’ai, par une grâce toute particulière de Dieu, tout supporté avec fermeté et résignation. Lorsque le danger devint imminent, je ne priai Dieu que de deux choses, savoir : d’accorder une mort bienheureuse à ma mère, et à moi force et courage ; et le bon Dieu m’a exaucé et m’a départi ces deux grâces dans la plus grande mesure.
Ayant ensuite joint ses deux vieilles mains, et levant les yeux vers le ciel : Seigneur, dit-il, je te rends grâces de tout mon cœur ; j’accepte avec joie le présent que tu me fais ; qu’il soit le bienvenu ! […] Son génie naturel ayant trouvé là sa vraie voie, il déborda spontanément de facilité, de grâce et de force. […] Je l’envoyai à Lucagnolo pour le lui faire voir, par le jeune Paulin, qui lui dit avec beaucoup de grâce : M. […] Le pape ne s’en défendit pas ; mais il voulut que le cardinal lui livrât ma personne, en retour de cette grâce. — Mais si Votre Sainteté lui a pardonné, que dira-t-on d’elle et de moi dans le monde ? […] Jésus-Christ n’abandonne jamais ceux qui le servent, et je lui en rends grâces.
L’idée religieuse s’éveilla alors dans son âme ; il recourut à Dieu par la prière ; se trouvant à Southampton, où les médecins l’avaient envoyé pour changer d’air et se distraire, il y eut une heure, un moment, où dans une promenade qu’il faisait aux environs avec quelques amis, par une brillante matinée, s’étant assis sur une hauteur d’où la vue embrassait la mer et les coteaux boisés du rivage, il sentit tout d’un coup comme si un nouveau soleil s’était levé dans le ciel et lui éclaircissait l’horizon : « Je me sentis soulagé de tout le poids de ma misère ; mon cœur devint léger et joyeux en un instant ; j’aurais pleuré avec transport si j’avais été seul. » On a souvent noté, dans les conversions qui tardèrent longtemps à s’accomplir, ces signes avant-coureurs et comme ces premières atteintes, ces premiers coups de soleil de la grâce. […] La maladie de Cowper continuait encore sous une forme religieuse, et il ressentait souvent des terreurs que ses amis faisaient tout pour combattre et pour guérir, mais que pourtant leur doctrine rigide sur la prédestination et sur la grâce n’était que trop propre à fomenter : « Il se présente à moi toujours formidable, disait-il de Dieu, excepté quand je le vois désarmé de son aiguillon pour l’avoir plongé comme en un fourreau dans le corps de Jésus-Christ. » Ces terribles images du Jugement et de la réprobation, même au moment où il croyait en avoir triomphé, le poursuivaient donc et dominaient encore sa pensée. […] Durant les six années suivantes (1774-1780), l’esprit de Cowper et ses facultés effrayées vont se recueillir et se relever peu à peu, jusqu’à ce qu’il arrive insensiblement à les posséder dans toute leur force et dans toute leur grâce, et à trouver pour la première fois (phénomène singulier !) […] De ceci les sectaires querelleurs peuvent apprendre à démêler leur véritable intérêt : que le frère ne devrait point guerroyer contre le frère, qu’il ne faut se déchirer ni se dévorer entre soi, mais plutôt chanter et briller par un doux accord, jusqu’à ce que cette pauvre nuit passagère de la vie soit écoulée ; respectant ainsi l’un chez l’autre les dons de la nature et de la grâce.
Grâce à je ne sais quelle conjonction d’étoiles, tous les portefeuilles s’ouvrent d’eux-mêmes et toutes les lettres pleuvent à la fois. […] … » C’est à elle de parler, de raconter tout ce voyage avec les impressions qu’elle y mêle et avec cette vivacité, ce mouvement de jeune fille qui était alors une des grâces et l’un des enchantements de sa personne : « Les grandes scènes ont commencé au Rhin ; on m’a conduite dans une île où j’aurais été bien heureuse d’être un peu seule comme Robinson pour me recueillir, mais on ne m’en a pas laissé la liberté ; on m’a comme emportée dans une maisonnette dont un côté était censé l’Allemagne, l’autre la France ; à peine m’a-t-on laissé le temps de faire une prière et de penser à notre bonne chère maman et à vous tous, mes bien-aimés du petit cabinet ; les femmes se sont emparées de moi, — m’ont changée des pieds à la tête. — Après cela, sans me laisser respirer, on a passé dans une grande salle, on a ouvert le côté de France, et l’on a lu des papiers : c’était le moment où mes pauvres dames devaient se retirer ; elles m’ont baisé les mains et ont disparu en pleurant. […] Une mère, pour obtenir la grâce de son fils compromis par un duel, s’était jetée aux pieds de Mme Du Barry et avait été repoussée ; alors elle recourut en second à la Dauphine ; et comme on essayait de lui faire un tort de sa première démarche : « Mais si j’étais mère, s’écria Marie-Antoinette, pour sauver mon fils, je me jetterais aux genoux de Zamore. » C’était le petit nègre de Mme Du Barry. […] On y sent surtout la grâce de la jeunesse, le rire facile, la joie dont on est rempli et qui se répand.
Je lui laisserai la douceur et la grâce de les exprimer : la critique exacte aurait à y apporter des correctifs, ou à exiger du moins des explications. […] Le Journal des Débats, dans son feuilleton du 25 ventôse an XIII (16 mars 1805) sur la seconde représentation de Julie ou le Pot de fleurs, disait d’elle beaucoup de bien ; l’article doit être de Geoffroy : « Les deux rôles sont parfaitement joués, disait-il, l’officier par Elleviou, dont on connaît la vivacité et les grâces ; la nièce, par Mlle Desbordes, dont je ne connaissais pas encore le talent. […] De toutes les femmes qui écrivent, vous êtes incontestablement aujourd’hui celle qui a le plus de sensibilité et de grâce. […] annonçait à Mme Valmore qu’il venait d’autoriser le directeur à résilier son engagement pour l’année 1819-1820 ; on y sent la considération qu’elle inspirait partout autour d’elle : « Mille grâces, Madame, de votre charmant cadeau ; ce que je connaissais de vos ouvrages m’en rend la collection infiniment précieuse ; leur cachet particulier est la peinture de douces et modestes vertus, d’une exquise sensibilité et des sentiments les plus nobles, les plus purs, en un mot de ces sentiments que votre jeu reproduit avec tant de vérité et de naturel sur la scène.