« Spina reçut donc l’ordre de notifier au gouvernement français combien il était impossible au Saint-Père de se départir des amendements joints au projet et de le signer tel qu’il était, puisque sa conscience et ses devoirs les plus sacrés le lui défendaient. […] « Cet ordre, si brutalement péremptoire, du départ de l’ambassadeur, et cette déclaration de rupture ne produisirent pas l’effet qu’en attendaient M. de Cacault et le gouvernement consulaire. […] Sa Béatitude espérait que M. de Cacault, dans sa sagesse, dans sa droiture et dans la rectitude de ses intentions, — ces qualités distinguaient réellement cet honnête ministre, mort aujourd’hui, — n’aurait pas manqué d’en instruire son gouvernement. […] Cette mission en imposerait aux conseillers pervers ; elle forcerait le gouvernement consulaire à se montrer raisonnable, afin de ne pas amener le public à rejeter sur lui la faute d’une rupture. […] Pie VII n’eut pas de peine à lui prouver combien sa détermination était juste ; il lui démontra qu’il ne pouvait accepter le plan de concordat tracé par le gouvernement français.
Dans quelque gouvernement que ce soit, pour être indépendant, il ne faut tenir en rien à ceux qui gouvernent. Notez, en passant, ce mot chez celui dont on aurait voulu faire, par la suite, un chef de gouvernement. […] Eh bien, on en parlera encore pendant l’établissement du nouveau gouvernement (le Directoire) dont nous attendons notre bonheur. […] Cinq mois après (19 mars 1796), Joubert écrivait de Finale, dans la rivière de Gênes : Le gouvernement, tout occupé du Rhin, nous laisse sans argent, à la merci des fripons qui nous administrent.
Laborie, le factotum et le courrier bénévole de M. de Talleyrand, et qu’à la suite de cela, un mois ou trois semaines après, sans l’avoir sollicité, sans avoir été consulté (il le dit, et je le crois), il se trouva nommé ministre de l’intérieur du Gouvernement provisoire, en même temps que le Sénat prononçait la déchéance de Napoléon. […] Beugnot, à ce propos, a tracé le plus fin portrait de cet agent d’intrigue et qui était dès longtemps suspect à Napoléon2 ; mais il a beau faire et essayer de nous amuser au détail, il a beau donner un tour plaisant au récit de son voyage à travers la Picardie après qu’il s’est enfui et comme évadé de sa préfecture, il ne réussit pas à pallier le fond : l’acte est là qui parle assez haut : il y a quelque chose dans la conscience qui se refuse à admettre que le ministre d’hier à Düsseldorf, le préfet de Lille, d’une ville frontière, soit passé dès le premier jour, et pendant que Napoléon luttait encore, dans le Gouvernement intermédiaire qui le détrônait. […] Beugnot crut retrouver sous les Bourbons, en ces premiers moments, une renaissance de ce gouvernement paternel qui lui avait souri dans sa jeunesse sous Louis XVI. […] Cependant l’observateur, en lui, avait de quoi désennuyer le ministre d’État honoraire, en exerçant son mépris des hommes et sa critique des gouvernements : exclu de la scène, il ne cessait d’avoir l’œil dans les coulisses de la politique, et il se riait du jeu des acteurs.
L’assujettissement à l’opération de lire, d’écrire, de calculer, donne une première façon à l’esprit grossier des peuples ; dont les suites, pour la police et la stabilité des gouvernements, ne sont pas, peut-être, calculables. […] Ces gymnasia sont aussi fondés par le gouvernement, et l’instruction y est publique et gratuite. […] Ceux-ci aiment mieux réserver tous leurs soins à leurs leçons privées, parce que celles-ci sont payées à part par les étudiants, et que les gages donnés par le gouvernement courent toujours, sans qu’on s’informe si un professeur a été exact ou non à ses leçons publiques. […] Ce travail consiste à faire des réponses aux différents mémoires qui sont adressés aux facultés, à celle de médecine par les malades et souvent par le gouvernement dans les cas d’épidémie, ou pour la police des hôpitaux et autres objets de la salubrité publique.
Vous combattiez en réalité le gouvernement, et il se présentait à vous sous deux faces, l’une officielle, administrative, hiérarchique, et l’autre socialiste… » (Voir le Journal des Débats du 8 juin.) — Cette phrase n’a aucun sens ou elle signifie que M. d’Alton-Shée était un candidat du gouvernement, déguisé et complice ; que le gouvernement trempait dans sa candidature, et que lui-même y donnait les mains.
Dans son enthousiasme éploré et — semble-t-il — un peu égaré pour le gouvernement parlementaire qu’il a perdu, le croirait-on ? ce pur Athénien de Prévost-Paradol s’effrène à le comparer ce gouvernement, à Vénus blessée par les Grecs !!! C’est la première fois, certainement, qu’un homme a été assez crâne — même ailleurs qu’au Journal des Débats — pour comparer la reine et la déesse des amours au gouvernement parlementaire !
L’inscription qu’on y pourrait graver et qui se rapporte bien aux deux moitiés de sa carrière, qui les rejoint et les relie entre elles, c’est ce mot qu’il prononçait à la Convention dans les derniers temps : « Le mal en France, — un mal contagieux, — c’est que tout le monde veut gouverner et que personne ne veut obéir. » Quand on a si fort le sentiment de cette vérité sous la République, on est fait pour être un homme de gouvernement sous le Consulat et sous l’Empire. […] Obéir aux ordres du Gouvernement est le premier devoir des fonctionnaires auxquels il a confié une portion quelconque de son autorité. […] La difficulté d’y trouver un maire tient à plusieurs causes : d’abord à ce qu’ici comme partout ailleurs les anciens fonctionnaires capables d’administrer ont passé en Allemagne, à la suite de la conquête ; — en second lieu, parce que Worms est une ville de plaisir, où, hors les affaires personnelles de commerce ou de propriété, on se soucie fort peu de se donner d’autres occupations ; — en troisième lieu, parce que les idées et même les prétentions de l’ancienne ville libre et impériale y existent encore, avec plus ou moins de force, dans l’esprit et le cœur de ses habitants ; — 4°, parce que les soins d’un maire sur cette frontière sont pénibles et même dispendieux pour un homme qui a de l’honnêteté, et qui pourtant a un peu de cette avarice, laquelle est aussi un des principaux traits du caractère des habitants… » À Spire, c’était bien pis ; en 1813, le maire qu’on avait cru bon était décidément hostile à la France ; ses sentiments équivoques commencèrent à se démasquer avec nos revers : « Un reste de pudeur, écrivait Jean-Bon (28 mars 1843), lui fait sans doute garder encore une sorte de réserve, mais seulement ce qu’il en faut pour ne pouvoir pas être convaincu légalement de son aversion pour le gouvernement qui l’a cru digne de sa confiance. […] Il indique surtout la langue comme le grand et perpétuel obstacle ; répandre et propager dans ces contrées la langue du Gouvernement est, à ses yeux, le premier et l’essentiel moyen d’assimilation. […] Michel Nicolas ajoute que le Gouvernement trouva moyen de le punir de ce trop de zèle en le réduisant de commissaire général de quatre départements à n’être que préfet d’un seul.
Genève était restée la ville de la Réforme ; le maintien de l’austérité morale y était affaire de gouvernement. […] Cette fois, il était absolument indépendant, insaisissable, inviolable : narguant, à leur nez, les Messieurs du Magnifique Conseil, et hors de la prise du gouvernement français, qui, à la première menace, l’aurait vu installé en terre étrangère. […] Il sait que le gouvernement, qui ne peut rien contre lui et ne tient pas à pouvoir quelque chose, lui demande pour toute concession de ne pas s’avouer l’auteur des plus meurtrières brochures. […] Il donne à la France le spectacle de la faveur dont il jouit à l’étranger : il a repris dès 1757 une correspondance amicale avec le roi de Prusse ; à partir de 1763, il échange des lettres avec Catherine II ; il n’importe que les deux souverains se servent un peu de lui en politiques, pour mettre par son moyen l’opinion de leur côté ; le public qui croit voir Voltaire traiter d’égal avec les deux grandes puissances du temps, juge la petitesse du ministère français, qui le tient en exil loin de Paris ; il en prend du mépris pour le gouvernement, et du respect pour la philosophie. […] Personne n’a plus contribué que Voltaire à mettre au cœur des particuliers l’incurable défiance du gouvernement, à leur donner l’esprit de critique et d’opposition quand même.
Mais ce qui reste incontestable, c’est que l’humanité tend sans cesse, à travers ses oscillations, à un état plus parfait ; c’est qu’elle a le droit et le pouvoir de faire prédominer de plus en plus, dans le gouvernement des choses, la raison sur le caprice et l’instinct. […] C’est l’avènement de la réflexion dans le gouvernement de l’humanité. […] Les Aristarque d’alors tiendront ceci pour une interpolation et en apporteront des preuves péremptoires, une aussi étroite conception du gouvernement du monde n’ayant jamais pu, diront-ils, venir à la pensée de l’auteur de l’Histoire de la Civilisation. […] Il n’est pas plus attentatoire de dire qu’on peut améliorer la société qu’il ne l’est de dire qu’on peut souhaiter un meilleur gouvernement que celui du schah de Perse. […] On n’imaginera plus comment un siècle a pu décerner le titre d’habile à un homme comme Talleyrand, prenant le gouvernement de l’humanité comme une simple partie d’échecs, sans avoir l’idée du but à atteindre, sans avoir même l’idée de l’humanité.