Un païs n’est découvert pour les gens d’une certaine profession, ils ne sçauroient profiter de celles de ses richesses, qui sont à leur usage, qu’après qu’il y a passé des gens de leur profession.
Il semblait que ces gens eussent poussé le travail, la patience et la conscience aux dernières limites. […] Les gens d’esprit, de génie, se tuant toute leur vie pour cette grosse bête de public, tout en méprisant, au fond de leur cœur, chaque imbécile qui le compose. […] Sur les ponts, les gens ne sont plus que des silhouettes, des virgules noires… des espèces de fourmis tout là-bas. […] Le dialogue s’échange avec le terrible sérieux de gens d’affaires. […] Oui, il était excessivement paternel et bon pour les gens de sa famille.
… Le peintre Renoir, se trouvant, ces jours-ci, dans une maison protestante, où je ne sais quoi l’amena à parler des Valois, de Charles IX, le maître de la maison l’interrompit, en lui disant : « On ne parle pas de ces gens-là, ici ! […] Et pas peintre du tout en écriture, des gens qu’il a rencontrés dans la vie. […] Il nous entretient des mécaniciens, dit que ces gens qui courent, tous les jours, le risque d’être tués, sont des êtres loyaux n’ayant pas les côtés tracassiers des autres ouvriers, des êtres contents de leur état, et en assumant la responsabilité. […] Puis elle passe à des portraits de gens qu’elle a connus, pratiqués, de Rochefort, de Dumas fils, etc. […] Il me disait que l’un d’eux assurait reconnaître chez des gens, en train de causer, que la lampe était emportée ou éteinte, par le rien qui venait à la voix des causeurs.
Dans toutes ces traversées, je n’ai jamais aliéné ma volonté et mon jugement (hormis un moment dans le monde de Hugo et par l’effet d’un charme), je n’ai jamais engagé ma croyance, mais je comprenais si bien les choses et les gens que je donnais les plus grandes espérances aux sincères qui voulaient me convertir et qui me croyaient déjà à eux. […] Le mot judicium des Latins a une acception plus étendue et un peu plus abstraite que notre mot goût. — Les gens d’esprit qui, à table, mangent au hasard et engloutissent pêle-mêle, avec une sorte de dédain, ce qui est nécessaire à la nourriture du corps (et j’ai vu la plupart des doctrinaires faire ainsi), peuvent être de grands raisonneurs et de hautes intelligences, mais ils ne sont pas des gens de goût.
La pièce des Femmes savantes, jouée pour la première fois, en 1672, est une dernière malice de Molière, à double fin : d’abord pour se défendre de la réprobation de quelques mots de son langage et de quelques erreurs de sa morale ; ensuite pour servir les amours du roi et de madame de Montespan, qui blessaient tous les gens de bien et dont la mort récente de madame de Montausier était une éclatante condamnation. […] Ce sont de sottes créatures qui méritent à peine cette leçon : Former aux bonnes mœurs l’esprit de ses enfants, Faire aller son ménage, avoir l’œil sur ses gens, Et régler la dépense avec économie Doit être son étude et sa philosophie. […] La Bruyère, dans la préface qui précède son discours de réception à l’Académie française, s’élève contre ces gens « qui, au lieu de prendre pour eux les divers traits semés dans un ouvrage, s’appliquent à découvrir lesquels et donnent au public de longues listes ou clefs des originaux auxquels ils ont jugé à propos de les appliquer.
Une loi du droit des gens de ce temps-là portoit, qu’on ne pouvoit point abbatre le trophée que l’ennemi avoit élevé pour éterniser sa gloire et notre honte. Or, toutes les loix du droit des gens, qui distinguent les combats des hommes des combats des bêtes féroces, s’observoient alors si religieusement, que les rhodiens aimerent mieux élever un bâtiment pour renfermer et pour cacher le trophée qu’Artemise avoit dressé dans leur ville après l’avoir prise, que de le renverser, s’il est permis de parler ainsi, d’un coup-de-pied. […] On vit successivement sur le trône deux papes, desireux de laisser des monumens illustres de leur pontificat, et conséquemment obligez à rechercher l’attachement de tous les artisans et de tous les gens de lettres qui pouvoient les immortaliser en s’immortalisant eux-mêmes.
C’est la gloire des gens d’esprit et leur vengeance. […] Tous ces gens des Instituts, dont Saint-Victor n’est pas et qui mériterait d’en être s’il avait le malheur d’être pédant et lourd, tous ces pauvres gens des Instituts, quand ils font un livre savant, l’embrouillent de notes.
Duranty, mais ce pathétique vient de gens et d’événements si communs qu’ils ne vous touchent plus ; et quand, parmi ces gens si profondément communs, tous tant qu’ils sont, il y a un caractère qu’au moins le romancier devrait sauvegarder de la vulgarité générale, puisque c’est celui de son héroïne, sur le malheur de laquelle il a pour but de nous attendrir, le croira-t-on ? […] Duranty, qui bûche si vaillamment dans cette vulgarité, pour lui peut-être la seule nature humaine, ne suffit pas pour nous intéresser à tous ces gens-là qu’il nous montre dans son roman, un écrin de médiocrités !
La loi reconnaissant libre quiconque naissait dans la cité ; sous de telles circonstances, le droit naturel changea de dénomination ; dans les aristocraties, il était appelé droit des gens, dans le sens du latin gentes, maisons nobles [pour lesquelles ce droit était une sorte de propriété] ; mais lorsque s’établirent les démocraties, où les nations entières sont souveraines, et ensuite les monarchies, où les monarques représentent les nations entières dont leurs sujets sont les membres, il fut nommé droit naturel des nations. […] Ce qui est sûr, c’est qu’en Italie, les nobles auraient rougi de suivre les rois romaines, et se faisaient honneur de n’être soumis qu’à celles des Lombards ; les gens du peuple au contraire qui ne quittent point facilement leurs usages, observaient plusieurs lois romaines qui avaient conservé force de coutumes. […] Mais lorsqu’ensuite se formèrent les monarchies modernes, lorsque reparut dans plusieurs cités la liberté populaire, le droit romain compris dans les livres de Justinien fut reçu généralement, en sorte que Grotius affirme que c’est un droit naturel des gens pour les Européens.