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1156. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

Des gens le regardaient. […] Jean Richepin est le lion du jour, je lui sacrifierai donc des gens de talent réel aussi, comme M.  […] Tous ces gens accouplés, grisés de la même pensée, de la même ardeur faisaient courir un lièvre autour d’eux. […] Le pauvre petit bohémien, recueilli par un brave homme, est appelé Pitchoun par les gens du pays. […] Les gens comme il faut ne se tutoient jamais.

1157. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Le jour baisse, les petites bougies sont allumées tout contre les Heures où chacun suit l’office ; on chante le Tantum ergo : « Je voyais, dit-il, les cieux ouverts, les anges offrant notre encens et nos vœux à l’Éternel ; je courbais mon front : il n’était point encore chargé de ces ennuis qui pèsent si horriblement qu’on est tenté de ne plus relever la tête, lorsqu’on l’a inclinée au pied des autels. »  Nous avons entendu dire quelquefois à certaines gens, de bonne volonté d’ailleurs, à propos de cette tristesse de plusieurs grands poètes, et de M. de Chateaubriand en particulier : « Qu’a-t-il ? […] À Paris, le jeune officier fait connaissance avec des gens de lettres, et négocie, à force d’habileté et d’appui, l’insertion d’une idylle dans l’Almanach des Muses. Parmi ces figures de gens de lettres si vivement  éclairées en quelques mots, on voit Parny, « poëte et créole, à qui il ne fallait que le ciel de l’Inde, une fontaine, un palmier, une femme, et dont la paresse n’était interrompue que par ses plaisirs qui se changeaient en gloire. » On y voit Delille de Sales, le philosophe de la nature, « qui (comme d’autres philosophes de nos jours) faisait en Allemagne ses remontes d’idées. » On y trouve La Harpe, arrivant chez une sœur de M. de Chateaubriand, avec trois gros volumes de ses œuvres sous ses petits bras.

1158. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Ainsi elle écrit à Bancal : « Il n’est pas encore question de mourir pour la liberté ; il y a plus à faire, il faut vivre pour l’établir, la mériter, la défendre. » Et ailleurs : « Je sais que de bons citoyens, comme j’en vois tous les jours, considèrent l’avenir avec un œil tranquille, et, malgré tout ce que je leur entends dire, je me convaincs plus que jamais qu’ils s’abusent. » Et encore : « Je crois que les plus sages sont ceux qui avouent que le calcul des événements futurs est devenu presque impossible. » Elle s’étend en un endroit (p. 233) avec un sens parfait sur cette patience, vertu trop négligée et toutefois si nécessaire aux gens de bien pour arriver à des résultats utiles ; mais, par une singulière contradiction, elle manque, tout aussitôt après, de patience. […] Mme Roland, quinze jours avant sa mort, rétractait sans aucun doute ses anciennes âcretés contre La Fayette, en justifiant dans les termes suivants, Brissot, accusé par Amar de complicité avec le général : « Il avait partagé l’erreur de beaucoup de gens sur le compte de La Fayette ; ou plutôt il paraît que La Fayette, d’abord entraîné par des principes que son esprit adoptait, n’eut pas la force de caractère nécessaire pour les soutenir quand la lutte devint difficile, ou que peut-être, effrayé des suites d’un trop grand ascendant du peuple, il jugea prudent d’établir une sorte de balance. » Ces diverses suppositions sont évidemment des degrés par lesquels Mme Roland revient, redescend le plus doucement qu’elle peut de son injustice première. […] De petits désaccords entre son mari et Brissot ou Clavières lui avaient démontré la difficulté d’une marche unie et combinée de la part même des plus gens de bien.

1159. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la loi sur la presse »

Laissez-moi vous le dire, vous tous gens de talent, vous avez intérêt à la publicité, à la plus grande publicité. […] Mais ce qu’il faut dire, eu général, c’est que la satire pourtant ne s’adresse jamais — presque jamais — qu’à ceux qui sont en vue ou qui s’y mettent ; et ceux-là, s’ils ont la raison pour eux, le bon droit et un peu de patience, n’ont qu’à attendre, à laisser beaucoup dire, à laisser s’épuiser les sois propos, pour voir finalement les gens sensés et même les rieurs se retourner de leur côté, et pour mettre les malveillants dans leur tort. […] Grâce à cet amendement improvisé, qui a passé dans la loi, le Français est considéré et traité comme un petit monsieur de qualité qui n’oserait sortir en plein air de peur de s’enrhumer, tandis que les autres nations, un Américain, un Suisse, un Belge, un Anglais, tous gens à la peau moins douillette, se moquent du chaud et du froid et bravent les intempéries des saisons.

1160. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Mais par surcroît les moyens employés pour représenter ces réalités négligeables ne sont point ceux qui en imposeraient la sensation aux gens mêmes qui n’en auraient point l’idée. […] Le naturalisme, par l’importance même qu’il attribue à l’objet, pousse facilement à diminuer la part de l’ouvrier ; et d’autre part les artistes qui ne savent pas très bien leur métier, ou les gens d’esprit qui ne sont pas artistes, oublient facilement que la faculté de sentir n’implique pas toujours une puissance égale d’expression, jet que l’image qu’on a dans l’esprit ne s’objective pas toute seule, sans grand labeur et contention d’esprit. […] C’était même pour amuser plus de gens qu’on faisait vrai, et qu’on s’attachait à la nature.

1161. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Ouvriers habiles, gens de cœur, ces écrivains n’expriment rien mollement ; tous savent donner à leurs pensées un tour vif et hardi, ceux qui ont éprouvé les passions de leur époque, comme ceux qui n’en ont senti que la curiosité ardente pour tous les objets de la connaissance humaine. […] Les gens d’Église ne calomniaient pas Charron en l’attaquant. […] » est d’un épicurien aimable, satisfait de savoir pourquoi il ne sait pas, s’en faisant peut-être une gloire secrète, parmi tant d’ignorants ou de gens passionnés qui affirment.

1162. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Quoique à en croire Balzac, l’idée lui en fût venue de conversations entre de grands personnages, où il avait été mêlé, ces spéculations sur la cour, sur les bons et les mauvais ministres, sur le caractère des gens de la cour, n’étaient pas plus près de la réalité que la chimère de son Prince. […] Tous les mauvais ministres, tous les vilains traits des gens de cour servaient d’ombre au portrait du cardinal. […] Il faut du courage pour aller chercher quelques tours heureux et neufs, qui manquaient à notre langue et y sont demeurés, dans cette multitude de lettres « toutes pures d’amour, pleines de feux, de flèches et de cœurs navrés », dont l’auteur, selon Mlle de Bourbon, une des plus agréables précieuses de la cour, « devrait être conservé dans du sucre. » Voiture, doué d’un esprit vif et ingénieux, très goûté des princes et des gens de la cour, agréable au grand Condé et au comte duc d’Olivarès, chargé de missions diplomatiques, ayant sur Balzac, qui rêvait, dans son orgueilleuse solitude, des cours et des princes imaginaires, l’avantage de voir de très près la cour et les princes de son époque, Voiture aurait pu employer sa finesse d’esprit à pénétrer le fond de tant d’intrigues politiques, et sa plume à en écrire gravement.

1163. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Il y a des livres commodes où nous tous, gens de lettres, sommes rangés depuis longtemps par ordre alphabétique, avec les titres et les dates de nos productions, avec la date de notre naissance ; il n’y manque plus que celle de notre mort. […] Il n’osait pas lancer résolument son dard ou son javelot ; il n’osait point attaquer les gens face à face, et à peine si ceux qu’il visait en s’esquivant s’apercevaient que cela, allait à leur adresse. […] Et il est résulté de cette habitude oblique, que, même hors de l’épigramme, il n’a jamais rien abordé de front et en face ; il n’a jamais attaqué largement et dans le plein un sujet, pas plus les choses que les gens.

1164. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

Evidemment tous ces gens ne cherchent dans l’art qu’un délassement, ce que Pascal appelait un divertissement. […] Il faut donc qu’un roman, pour être cru d’une certaine personne et, par conséquent, pour l’émouvoir, pour lui plaire, reproduise les lieux et les gens sous l’aspect qu’elle leur prête ; et le roman sera goûté non en raison de la vérité objective qu’il contient, mais en raison du nombre des gens dont il réalisera la vérité subjective, les idées, l’imagination. » (Hennequin, la Critique scientifique.)

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