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552. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

Son génie n’étoit nullement propre à la haute Poésie. […] La Poésie galante paroissoit être plus du ressort de son génie ; c’est pourquoi son Théatre lyrique réunit tous les suffrages ; & personne, depuis Quinault, n’a mieux saisi le vrai caractere, n’a mieux développé le goût, n’a porté plus loin l’intelligence nécessaire dans cette partie de nos Spectacles. […] Ce Poëte a fait encore des Hymnes & des Cantates, qui prouvent que l’Ecriture Sainte, d’où elles sont tirées, n’a pas été mieux traitée que l’Iliade, & sont de nouveaux motifs pour nous confirmer dans l’idée que le génie de la Mothe n’étoit pas propre à la Poésie sublime.

553. (1929) La société des grands esprits

Voltaire s’incline devant son génie tout en combattant ses idées. […] Terrible exemple de stérilisation du génie par l’ascétisme ! […] Mais n’est-ce pas le génie qui est l’essentiel ? […] Ce n’est pas un grand poète, et son génie est ailleurs. […] Grâce à elle, il fut roi lui-même, par le droit du génie.

554. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

puisque personne ne saurait que cette scène existe, si un homme de génie ne vous l’avait pas empruntée. […] Faguet, qu’il y a la même distance entre le talent et le génie, entre Monod et Bossuet, qu’entre zéro et l’infini ! […] Toute la question se réduirait alors à savoir si Taine avait un génie de cette fécondité et de cette envergure. […] Ils n’ont point de génie ; mais leur pénétrante analyse voit plus clair dans l’intérieur d’un génie que l’homme qui, possédant ce don divin, en est ébloui et enivré. […] Ceci est un trait de génie.

555. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Ses lettres annoncent la beauté de son génie. […] Elle crut voir sa gloire compromise dans celle de son plus beau génie. […] Les contradictions donnèrent un nouvel essor à son génie. […] Ce qui constitue le chant, disoient-ils, c’est le génie des compositeurs, & non le génie d’une langue. […] Ses Essais de morale sont l’effort d’un génie original.

556. (1860) Cours familier de littérature. X « LIXe entretien. La littérature diplomatique. Le prince de Talleyrand. — État actuel de l’Europe » pp. 289-399

M. de Talleyrand donne le premier signe de son génie diplomatique en flairant le premier le génie de Mirabeau et en s’attachant, corps et âme, à ce grand homme. […] Cela seul était une fortune ; il se confia à sa nature, comme César à son génie. […] Si Danton n’avait pas souillé son génie d’homme d’État dans le crime irrémissible de septembre, il aurait pu être le successeur de Mirabeau. […] Il inspire la médiation de la Suisse à Bonaparte : cet acte, parallèle à la création de la république Cisalpine, est empreint du génie d’un Washington européen. […] M. de Talleyrand fut véritablement arbitre de l’univers au congrès des rois ; il ne dut cette autorité personnelle qu’à son génie de diplomate, et non à son titre de plénipotentiaire.

557. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Mais quoiqu’il défigure Horace, & que ses notes soient d’un savant peu spirituel, son Livre est plein de recherches utiles, & on louë son travail en voyant son peu de génie. […] Quelques uns de ces essais font voir qu’avec du tems, de la peine & du génie, on peut parvenir parmi nous à traduire heureusement les Poëtes en vers. […] C’étoit un homme de génie, mais sans regle, sans frein, sans goût. […] Leur génie outré ne quitte point une pensée, qu’ils ne l’ayent poussée au-delà de ses bornes, & ils deviennent fatiguans, à force de vouloir être merveilleux. […] C’est un des Poëtes dont le génie fut le plus impétueux & la Muse la plus décente.

558. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Pendant que la foule suivait ou combattait la réforme cartésienne, un génie solitaire fondait la philosophie de l’histoire. […] Le génie italien voulait suivre l’impulsion philosophique de la France et de l’Angleterre, et il s’annulait lui-même. […] Néanmoins c’est dans celles de 1730 et de 1744 que l’on a toujours cherché de préférence le génie de Vico. […] Quoi de plus subtil, et en même temps de plus poétique que le génie de Platon ? […] Trop souvent son génie a été resserré par l’insignifiance des sujets officiels qu’il traitait.

559. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Pour ne prendre que les génies lyriques, c’est-à-dire ceux qui excellent à revêtir toutes les émotions de leur âme par l’image et par le nombre, leur faculté n’est jamais plus grande, plus au complet qu’après la jeunesse et durant le milieu de la vie. […] Les génies abondants et forts sont comme ces villes populeuses qui croissent vite et qui reculent tous les dix ans leur enceinte. […] La révolution de Juillet a été une de ces occasions d’agrandissement légitime que n’ont pas laissé passer deux ou trois génies ou talents éminents ; eux, du moins, ils ont secoué à leur manière leurs traités de 1815, et ils ont bien fait. M. de Lamartine est un de ces génies. […] Mais celui qui a le mieux exprimé cette autre face du tableau, et qui a pris en main avec génie la cause du vrai et de la vie non convenue, dans la peinture des curés et des vicaires, c’est Crabbe.

560. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

C’est ce jour-là qu’on distingue celui qui n’était qu’un hardi et brillant partisan, de l’homme qui va être, sinon un conquérant de génie, du moins un esprit d’étendue, d’habileté et de ressources. […] Le Discours sur la Critique montre à quel degré le jeune écrivain en avait déjà le génie pour toute la partie du style et des convenances. […] Certes l’admiration, cette âme vivifiante de la critique et qu’il importe grandement de transmettre, y gagne ; la religion du génie n’est pas violée. […] C’est là l’incomparable talent, le génie propre de M. […] Non, l’auteur de Michaël ou du Vieux Mendiant du Cumberland (pour prendre au hasard de courts et enchanteurs poëmes) n’est pas inférieur à Byron en génie simple, en peinture naturelle et profonde, comme il l’est en gloire.

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