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430. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Dans ce tableau rapide des vicissitudes de l’esprit français, ce qui doit nous frapper, c’est l’action durable et profonde de la Renaissance. […] Mais ce qui devait frapper tous | les esprits, c’était l’extrême dissemblance qui commençait à se manifester entre ce siècle et celui qui l’avait précédé. […] Schlegel et Sismondi semblent s’être entendus pour frapper tous deux à la fois un grand coup. […] Erckmann-Chatrian, un excellent écrivain qui s’est révélé depuis quelques années en France par une verve pleine de fraîcheur et d’énergie, n’est pas exempt, dans ses Contes fantastiques, des défauts qui nous frappent chez Edgar Poe. […] Jamais langage pareil n’avait frappé les oreilles françaises.

431. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Van Lerberghe, Charles (1861-1907) »

Il est vrai que, parfois, ils y gagnent toute une valeur suggestive, que ce sont comme quelques beaux accords frappés, comme une phrase initiale donnée dont on nous laisse libre de nous figurer le développement.

432. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 37, que les mots de notre langue naturelle font plus d’impression sur nous que les mots d’une langue étrangere » pp. 347-350

Qu’on traite, si l’on veut, cette explication de subtilité, il sera toujours vrai de dire que dès que notre cerveau n’a pas été habitué dans l’enfance à nous representer promtement certaines idées aussi-tôt que certains sons viennent frapper nos oreilles, ces mots font sur nous une impression et plus foible et plus lente que les mots auxquels nos organes sont en habitude d’obéir dès l’enfance.

433. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

Cette lacune dans la poésie populaire avait vivement frappé le grand esprit à la fois métaphysique et réaliste de Goethe, comme elle nous frappa vivement nous-même, il y a quelques années, quand nous écrivîmes le poème domestique et familier de Jocelyn. […] « Je crains, leur dit-il, qu’elle n’ait déjà frappé dans la main d’un heureux jeune homme de son pays, et je me vois tout honteux devant elle de mes propositions rejetées. » Les deux négociateurs le rassurent en vain ; ils lui proposent de sonder le cœur de la jeune étrangère. […] Complétement incrédule à telle ou telle révélation historique par des miracles, Goethe admettait seulement cette révélation naturelle et progressive par la raison humaine, comme miroir de l’intelligence divine, successivement frappé de plus de clarté à mesure qu’il se dégage davantage des ignorances et des superstitions qui le ternissent.

434. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

C’est ainsi que nous fûmes frappé non-seulement au cœur, nous-même, ami, collègue et voisin de campagne, presque contemporain d’années de M. de Marcellus, il y a quelques mois, en recevant le billet de faire-part qui nous convoquait inopinément à ses obsèques, mais frappé à l’esprit ; c’est ainsi qu’en nous interrogeant quelque temps après avec plus de sang-froid sur ce que la France venait de perdre en lui, nous nous répondions : « La France vient de perdre non un orateur, non un poète, non un écrivain de profession, non un savant de métier, mais plus qu’un orateur, plus qu’un poète, plus qu’un écrivain, plus qu’un érudit ; elle vient de perdre un homme de goût ! […] Mon oreille, accoutumée aux sons rapides et doux de la langue grecque, aux articulations lentes et sonores de l’idiome turc, se trouvait entièrement étrangère au ton de l’arabe vulgaire, et semblait frappée par instant de quelques phrases harmonieuses au milieu des cris d’un jargon guttural. […] De temps en temps un voyageur, alors très rare, venant par curiosité frapper à sa porte, elle refusait d’ouvrir ; elle ouvrit pour Marcellus et pour moi, parce que Marcellus était un enfant, et parce qu’elle avait entendu mon nom de poète dans le monde.

435. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Ces libelles étaient des armes que ces envieux fournissaient et tendaient au gouvernement pour frapper d’exil ou de prison leur bienfaiteur. […] Frappé de cette vue, il éprouva plus qu’il n’avait éprouvé jusque-là la poésie de la nature inanimée. […] Quand on lit ses œuvres presque infinies, on est frappé de la supériorité de talent qui caractérise tout ce qu’il pense ou écrit depuis l’âge de soixante ans jusqu’à l’âge de quatre-vingt-quatre ans, où la mort prématurée pour lui, même à cet âge, lui arracha la plume de la main. […] Il couvrait de grâce les armes mortelles dont il frappait l’encensoir ; il neutralisait ainsi une partie des combattants.

436. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre IV. Le Séminaire d’Issy (1881) »

La construction s’étend en longueur au bas d’un vaste parc, et n’a de remarquable qu’un pavillon central qui frappe le connaisseur par la finesse et l’élégance de son style. […] Pinault frappait tout d’abord. […] Cousin nous enchantait ; cependant Pierre Leroux, par son accent de conviction et le sentiment profond qu’il avait des grands problèmes, nous frappait plus vivement encore ; nous ne voyions pas bien l’insuffisance de ses études et la fausseté de son esprit. […] Benjamin Guérard, dont la science le frappait beaucoup ; quelques ouvrages de M. de Maistre, en particulier sa Lettre sur l’Inquisition espagnole.

437. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

La tristesse un peu sévère de son fond moral est relevée par la diversité des caractères qui s’y jouent, par des situations émouvantes, par un esprit net, vif, spontané, qui abonde en mots justes, en saillies faciles, en traits qui résonnent et qui frappent aux endroits qu’ils visent. […] C’est pour lui que ses soupirants soupirent ; ce qu’on aime en elle, c’est le porte-monnaie de sa dot, c’est un lingot frappé à l’effigie d’une femme. […] et voilà un mari furieux et honteux de lui-même, qui se maudit, s’accuse, se frappe la poitrine et confesse à son oncle, avec des larmes de rage, le vrai nom, le nom scandaleux de la femme à laquelle il a livré son honneur. […] Bref, la culpabilité d’Olympe n’est pas assez flagrante pour mériter ce coup de pistolet qui détonne au lieu de foudroyer, et agace les nerfs sans frapper au cœur.

438. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Ce qui me frappe surtout chez eux, c’est l’absence d’estomac et de toute la tripaille matérielle qui remplit un ventre européen, et leur maigreur de lapin vidé et l’exiguïté de leurs personnes flottent dans nos pantalons et nos redingotes, un peu à la façon de la petitesse d’animaux affublés dans les cirques de vêtements humains. […] À ce propos il affirmait que les soieries de Lyon, étant frappées d’un droit de 60 pour 100, chaque expéditeur, à l’intérieur de sa caisse, clouait un billet de 500 francs, et ne payait que 6 pour cent. […] Je restai frappé de cette vision, qui fut comme un éclair. […] J’étais frappé en ces figurations, qui s’exécutent généralement dans la tonalité noire et or, de ce que la plupart n’étaient pas lavées à l’encre de Chine, mais à l’aquarelle.

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