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467. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Sa famille appartenait à cette vieille bourgeoisie française qui avait la distinction des mœurs de la noblesse sans en avoir les légèretés et les vices. […] Le poète français y égale, comme poète épique, Homère et Virgile, chantres des mêmes catastrophes. […] Bajazet offre des beautés supérieures, mais corrompues par la ridicule application des mœurs galantes d’une cour française aux mœurs des Ottomans. […] Le discours qu’il prononça à l’époque de sa réception à l’Académie française ne fut qu’une harangue vulgaire et mal balbutiée. […] Racine se transfigure complètement en David français.

468. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre III. Montaigne »

Il a usé insouciamment de son gascon : comme est ce mot de revirade qu’il met quelque part ; mais le gascon est pour lui ce qu’est le wallon ou le vendomois pour Ronsard, un dialecte apte à suppléer aux défaillances du français. […] Il posera en principe qu’il faut aimer la forme de gouvernement dans laquelle on est né ; et ainsi, étant Français, il sera pour la royauté, bien que son affection le porte de préférence vers le gouvernement démocratique. […] Il trouve en notre français « assez d’étoffe, et un peu faute de façon » : il se plaint qu’il écoule tous les jours de nos mains, et y voudrait plus de fixité. […] Et l’un des caractères éminents qu’il offre, c’est celui par lequel la littérature classique apparaît surtout comme une des plus pures formes de l’esprit français : c’est cet ensemble de qualités sociables, cette vive lumière d’universelle intelligibilité, qui fait des Essais un livre humain, et non pas seulement français. […] Malvezin, Michel de Montaigne, son origine et sa famille, Bordeaux, 1875, in-8 ; Prévost-Paradol, les Moralistes français (1864), 7e éd., 1890, in-12 ; Voizard, Étude sur la Langue de Montaigne, 1885, in-8 ; P.

469. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre I. Influence de la Révolution sur la littérature »

Merlet, Tableau de la littérature française de 1800 à 1815, 3 vol. in-8, 1883. […] Hatin, Histoire de la presse française, 1859-61, 8 vol. in-8 ; Bibliographie hist. et crit. de la pr. française, 1806, in-8. […] Rivarol (1753-1801) se fit connaître par son Discours sur l’Universalité de la langue française (1784).Il combattit la Révolution dans le Journal politique national et dans les Actes des apôtres. — J. […] Mémoires et correspondance pour servir à l’histoire de la Révolution française, publ. p.

470. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Conclusions » pp. 169-178

L’École romane avait revendiqué les droits de la Tradition, Charles Morice revendique les droits de l’Esprit français, puis c’est Fernand Gregh qui revendique les droits de l’Humanisme. […] Les Parnassiens, qui n’acceptent pas leur défaite, relèvent la tête en 1900 et lui notifient par la voix de Mendès que « sa poétique est déjà surannée et vieillissante35 » Mais le coup le plus droit porté à son influence sera le triomphe de Cyrano de Bergerac où Rostand se gausse des petits esthètes du « Mercure françois ». […] Moréas offre ses Stances à la Revue des Deux Mondes qui les repousse comme indignes d’elle et l’Académie française lui refusé le prix Archon-Despérouse que ses admirateurs avaient, à son insu, sollicité pour lui. […] La Comédie Française, elle-même, avait écarté Rostand à ses débuts pour la même raison qui la faisait délaisser de plus en plus nos vieux tragiques qui ont le tort, à ses yeux, de ne pas « faire recette ». […] La Comédie Française brûle le 8 mars 1900.

471. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Le Conte de l’Isle. Poëmes antiques. »

Nous avons, pour le moment, des historiens druides, comme nous avons des poètes païens ou indiens qui chantent Bhagavat ou Zeus en français du xixe  siècle, et c’est la même loi qui donne ces messieurs. […] Burnouf, lequel y verrait un essai d’acclimatation en français d’une foule d’expressions plus ou moins obscures, et dont, pour l’honneur de la couleur locale, si importante aux yeux des costumiers poétiques, toute cette poésie est émaillée. […] Dans un temps où la langue serait forte, la Critique punirait peut-être le poète de cette impiété et de cette profanation, mais nous ne sommes plus au temps du grand Corneille où l’on disait Brute et Cassie, et où ce qui doit changer le moins, même les noms propres, devenaient français sous les plumes fières… À présent nous n’avons plus, il est vrai, cette insolence d’orgueil, et ce n’est pas seulement à l’expression étrangère que nous allons tendre des mains mendiantes, c’est à l’inspiration elle-même ! […] Je ne croirai jamais, pour mon compte, qu’on ait la vocation d’être Indien quand on est Français ; je ne croirai jamais qu’à l’état sain, sans opium et sans hatschich, un homme proprement organisé puisse être fasciné par les sentiments et les idées de l’Asie, cette rêveuse à vide, cette grande bête de l’Apocalypse ruminante ! […] C’est un faux Richi, un faux Brahme, à travers lequel on reconnaît un jeune littérateur français, qui essaie de petites inventions ou de petits renouvellements littéraires, et provoque le succès comme il peut.

472. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Les Philosophes français représentent, dans la vie de M.  […] Taine présenta son ouvrage à l’Académie française pour le prix Bordin. […] Pierre des Philosophes français réduisait tout en chiffres. […] Michelet avait en lui ce trait germanique qui, mêlé à une nature d’ailleurs toute française, fit sa grande originalité. […] Berger, qui fit un cours sur l’art français.

473. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Eh bien savez-vous comment cela est traduit dans le livre français ? […] « J’ai l’intention, dit-il, de faire ici la connaissance des écrivains français. […] Mais elles ont beau être composées de mots français, ce sont des phrases en norvégien. […] Lapidoth, un critique d’art connu surtout pour ses études sur les peintres et graveurs français. […] J’avais lu, il y a deux ans, traduit en français, un livre assez singulier, où il rendait compte d’une sorte de voyage d’exploration à travers la littérature et les brasseries françaises.

474. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

En même temps, la littérature normande s’est desséchée ; séparée de la tige, et sur un sol étranger, elle a langui dans les imitations ; un seul grand poëte, presque Français d’esprit, tout Français de style, a paru, et après lui comme avant lui s’étale le radotage irrémédiable. […] Elle a beau disparaître du grand monde, sous les mépris de la Restauration, et sous l’importation de la culture française ; elle subsiste sous terre. Car la culture française ici n’aboutit pas ; sur ce sol trop différent, elle ne fait éclore que des fruits malsains, grossiers ou incomplets. […] Ils n’atteignent point l’élégance complète, ni la philosophie supérieure ; ils alourdissent les délicatesses françaises qu’ils imitent, et s’effrayent des hardiesses françaises qu’ils suggèrent ; ils restent à demi bourgeois et à demi barbares ; ils n’inventent que des idées insulaires, et des améliorations anglaises, et se confirment dans leur respect pour leur constitution et leur tradition. […] Quoique Français et né dans une religion différente, je les écoutais avec une admiration et une émotion sincères.

475. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Les Chants modernes, par M. Maxime du Camp. Paris, Michel Lévy, in-8°, avec cette épigraphe. « Ni regret du passé, ni peur de l’avenir. » » pp. 3-19

Un homme qui depuis trente ans tient un des premiers rangs dans la poésie française, et qui a lui-même traversé bien des phases, a vu se rattacher à lui et s’en détacher, pendant cette longue durée plus d’un groupe, plus d’une colonie de disciples et d’imitateurs. […] … À l’Académie française, qu’il représente comme la dépositaire et la gardienne obstinée du culte du vieux. Voyez, s’écrie-t-il : le dernier sujet du prix de poésie décerné par l’Académie française a été : L’Acropole d’Athènes !… Faut-il donc apprendre à M. du Camp, qui a voyagé dans l’Orient et peut-être en Grèce, que ce sujet de ΓAcropole dt Athènes a été proposé par l’Académie française à l’occasion de la découverte récente de M.  […] La préface de M. du Camp devient à cet endroit un champ de bataille ou plutôt une place d’exécution ; il prend corps à corps l’Académie française, il y établit des catégories, il promène sa liste d’amnistie ou de prescription sur la tête des quarante.

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