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588. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

je te forcerai à consentir… Je suis le plus fort, tu le sais. […] Je ne peux pas chanter très fort, comme vous pensez bien ; mais on peut m’entendre. […] TITI. — Attends ; je ne puis courir fort… Mon soulier prend l’eau. […] fort triste pour nous, et bien inquiétant : le pauvre M.  […] Il avait la jambe forte et le pied long ; mais il valsait avec grâce.

589. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Je suis franc, le côté faible d’Horace en critique d’art s’y trahit : « Je ne connais pas, dit-il, l’histoire de ce grand artiste ; mais, à juger de sa vie privée par ses œuvres, il ne devait pas avoir les goûts fort élevés. […] Les événements de 1843 dérangèrent fort la vie et, un moment, la carrière d’Horace Vernet. […] « Vous voyez bien, mon cher Horace, lui dit le roi en se remettant à marcher, je suis plus fort que tous les rois d’Europe ; je tiens lord Palmerston dans ma main, je l’écraserais au besoin ; aucun roi en Europe ne peut bouger sans ma permission. » Ces paroles, ou leur équivalent, se retrouvent dans l’Histoire de M.  […] Une d’elles, qui le reconnaît pour étranger, s’approche, regarde et lui dit : « Mais il me semble que ce n’est pas tout à fait ça. » Elle avait le droit de se croire très forte sur son lac Léman qu’elle voyait tous les jours. […] tu n’en seras que plus forte et plus honorée.

590. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Le livre le surprit en bien et dépassa de beaucoup son attente : « Il est, disait-il, beaucoup plus fort de pensées, de justesse et de précision dans le style que je ne l’en croyais capable. » Et il ajoutait naïvement : « Il y en a bien les trois quarts que je me ferais honneur, de signer. » Je le crois bien. […] Le jugement de Sismondi sur la société de Paris est à la fois remarquable et ordinaire : il distingue à merveille et indique par des nuances fort justes les divers degrés de mérite et d’amabilité chez les personnes qu’il rencontre, et en même temps il recommence pour son compte l’éternelle plainte qu’on avait déjà faite avant lui, et qu’on refera depuis, sur la décadence des générations. […] Dupont (de Nemours) qui en a bien soixante-quinze, et dont la vivacité, la chaleur, l’éloquence ne trouvent point de rivaux dans la génération actuelle ; avec les deux Suard (mari et femme), que je ne mets pas au même rang, quoique l’esprit de l’un, tout au moins, soit fort aimable. […] Nature chaleureuse, prompte à l’espérance, plus occupée des principes que des personnes, il prit feu à l’idée d’un réveil de la France, d’une conversion de l’Empire à la liberté, et se fit fort de défendre dans le Moniteur l’efficacité des garanties accordées aux citoyens français par l’Acte additionnel. […] Sa société était celle des savants de Genève où les femmes sont fort mêlées : « Malgré tous nos malheurs, disait-il, c’est encore à Genève, je crois, qu’on trouve le plus d’esprit chez tout le monde, et comme marchandise commune. » Ailleurs, à Coppet, à Paris, à Florence, Sismondi devait faire des frais : à Genève il s’en tirait avec son esprit de tous les jours.

591. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

L’œuvre de destruction commençait alors à s’entamer au vif dans la théorie philosophique et politique ; la tâche, malgré les difficultés du moment, semblait fort simple ; les obstacles étaient bien tranchés, et l’on se portait à l’assaut avec un concert admirable et des espérances à la fois prochaines et infinies. […] Quelque état qu’on en fasse, elle était plus forte que cela. […] Jean-Jacques, dans ses Confessions, a jugé fort dédaigneusement l’Annette de Diderot, à laquelle il préfère de beaucoup sa Thérèse. […] Diderot dit que c’était une des plus puissantes affections de l’homme : « Un cœur paternel, repris-je ; non, il n’y a que ceux qui ont été pères qui sachent ce que c’est ; c’est un secret heureusement ignoré, même des enfants. » Puis continuant, j’ajoutai : « Les premières années que je passai à Paris avaient été fort peu réglées ; ma conduite suffisait de reste pour irriter mon père, sans qu’il fût besoin de la lui exagérer. […] Ces messieurs niaient le sens moral inné, le motif essentiel et désintéressé de la vertu, pour lequel plaidait Diderot. « Le plaisant, ajoute-t-il, c’est que, la dispute à peine terminée, ces honnêtes gens se mirent, sans s’en apercevoir, à dire les choses les plus fortes en faveur du sentiment qu’ils venaient de combattre, et à faire eux-mêmes la réfutation de leur opinion.

592. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Rien n’y ressemble plus que cette mesure avec laquelle il sut railler tout ce qui pouvait être raillé impunément, ne point toucher à ce qui n’avait que le tort de lui être indifférent, garder la réserve sur les choses importantes, jusque dans l’entraînement en apparence irrésistible de son humeur ; outre l’habit ecclésiastique dont il couvrait tout, même certains passages qui sentent fort le matérialisme, moins dangereux d’ailleurs, à cette époque, que l’hérésie. […] Voilà même ce qui fâchait si fort les protestants contre Rabelais. […] Qu’est-ce autre chose que cet esprit français déjà antique, dont nous avons vu les traits dans Jean de Meung, dans les Fabliaux, dans Villon, et, au commencement de ce siècle, dans Marot ; esprit vivace comme le sol, qui recevra la forte éducation de l’antiquité sans perdre de son naturel et de son air gaulois, et qui se perfectionnera avec les mœurs, son objet et sa matière ? […] Ainsi fait Rabelais, si ce n’est qu’il s’élève rarement au sublime, et que fort souvent il descend au-dessous du familier, jusqu’au grotesque et au bas. […] La raison de Rabelais a été admirable, mais son humeur a été plus forte que sa raison.

593. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Les écrivains secondaires n’y ajoutent que fort peu de traits. […] L’idée était fort heureuse d’imaginer une réunion des principaux personnages des états, et de leur faire tenir des discours où ils se trahissent eux-mêmes, et dévoilent leurs motifs intéressés et ceux de leurs amis. […] De même, s’il peut paraître trop fort que le cardinal de Pelvé se targue de la bassesse intéressée de son dévouement à la maison de Lorraine, quoi de plus vraisemblable qu’il loue Philippe II d’être prêt à donner une partie de ses royaumes, pour que tous les Français deviennent bons catholiques et reçoivent la sainte inquisition ? […] C’est à cause de cette ressemblance avec notre siècle, que le xvie siècle plaît si fort aux esprits dont j’ai parlé, et qu’il leur paraît plus riche intellectuellement que le xviie. […] Il signifie généralement un état douloureux, inquiet, fort corrupteur à mon sens, si l’on y prend garde.

594. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Et dans la société humaine, à laquelle s’applique notre morale, il apparaît très fort et très fréquent. […] L’audace qui est une qualité chez le fort est un vice ridicule chez le faible. […] C’est là une vérité fort méconnue et proscrite comme immorale, quoique tout le monde la connaisse et l’applique. […] Et s’il y a une sorte d’ironie à l’usage des impuissants, il en est une autre pour les forts. […] Bismarck, qui ne fut point un rêveur inactif, savait manier une grosse et forte ironie.

595. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

C’est une fort bonne précaution que j’indique à tous les écrivains de feuilleton à venir ; pendant que vous écrivez lentement ces formules banales, vous avez le temps d’arranger dans votre tête la forme de votre chapitre ; vous voyez tout d’un coup le commencement, le milieu et la fin de cette œuvre qui, pour bien faire, doit être également traitée dans toutes ses parties. […] Vous vous êtes fort étonnés que la souscription pour le monument de Molière ait rapporté si peu d’argent13 ; mais c’est votre faute à vous tous qui nous ramenez, chaque jour, à l’analyse des mêmes comédies. […] De celui-là aussi vous nous rebattez singulièrement les oreilles, et je n’ai jamais compris, je vous l’avoue, comment vous pouvez admirer, si fort et en même temps, Molière et Marivaux, l’un si vrai et si net, l’autre si faux et si retors ; celui-ci qui rit franchement, celui-là qui ricane ; Molière qui va droit son chemin, Marivaux qui ne marche que dans les sentiers détournés ; Molière qui dit tout et même plus, Marivaux qui laisse tout entendre et quelque chose encore. […] Mais quand vous arrivez à Molière contrefaisant Beauchâteau, Hauteroches, Villiers, tous les comédiens de l’Hôtel de Bourgogne, j’avoue que mon plaisir en est gâté. — Je ne veux pas que Molière, même devant Louis XIV, à plus forte raison devant moi, fasse le métier d’Alcide Tousez. La comédie reprend un peu quand arrive le Fâcheux au plus fort de la répétition, et quand Molière donne la réplique à Lagrange, qui joue un rôle de marquis ; le gazouillement de mademoiselle Duparc et de mademoiselle Molière est aussi une plaisanterie du meilleur goût ; tant que Molière reste dans la comédie il est excellent ; mais une fois dans la satire, il faut avouer qu’il va trop loin.

596. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Voilà pourquoi l’histoire profane est si fort mêlée avec l’Ecclésiastique dans cette compilation. […] C. est fort superficiel & ne peut servir que d’une médiocre introduction. […] Histoire meilleure que celle du Père Maimbourg, non pour le style qui est fort lourd, mais pour les recherches & pour les piéces justificatives. […] Cette comparaison est fort imparfaite, & elle ne rend qu’en partie l’idée qu’on doit avoir des Synodes universels & particuliers. […] La plûpart des Protestans ont plus écrit sur ce sujet que sur une question fort importante.

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