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138. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Préface »

Préface Les essais qui forment ce livre sont consacrés à six écrivains de nationalités diverses, introduits, accueillis et devenus célèbres en France pendant ces cinquante dernières années et qui marquent ainsi un des traits particuliers de l’histoire de notre littérature : l’influence qu’y ont exercée des auteurs étrangers de race, de langue, de tournure d’esprit à tout ce que l’on considère comme le propre du génie gallo-latin. […] Ainsi il y aurait, entre les esprits, des liens électifs plus libres et plus vivaces que cette longue communauté du sang, du sol, de l’idiome, de l’histoire, des mœurs qui paraît former et départager les peuples ; ceux-ci ne seraient pas divisés par d’irréductibles particularités comme l’école historique moderne s’est appliquée à le faire admettre ; la France, l’Allemagne plus encore, dont la littérature est grecque et cosmopolite, aurait conservé intacte une sorte d’humanité générale et large, toute à tous, sensible à l’ensemble des manifestations spirituelles de l’espèce, payant cet excès de réceptivité par quelque défaut de production originale, le compensant en universelle intelligibilité, réduite à emprunter souvent et à ouvrer pour ainsi dire à façon, mais travaillait pour le monde, plutôt foyer de réflexion, de convergence et de rayonnement que flambeau proprement et solitairement éclatant.

139. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre premier. Beaux-arts. — Chapitre VIII. Des Églises gothiques. »

On leur en peut arracher quelques parties, mais il en reste des lambeaux, qui forment, avec les nouveaux vêtements, une effroyable bigarrure. […] Voilà pourquoi il n’y a rien de merveilleux dans un temple qu’on a vu bâtir, et dont les échos et les dômes se sont formés sous nos yeux.

140. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IX. Des Epistolaires ou Ecrivains de Lettres. » pp. 265-269

Elles forment trois vol. […] On a fait un grand nombre de recueils de Lettres, pour former le style de ceux qui veulent en écrire.

141. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

À l’état physiologique, ces types de phénomènes constituent les fonctions ; à l’état pathologique, ils forment les maladies. […] Le corps humain est une machine formée de ressorts, de leviers, de canaux, de filtres, de cribles, de pressoirs. […] On dit que Prométhée, ayant formé quelques statues d’hommes, déroba le feu du ciel pour les animer. […] La chimie a complètement renversé cette hypothèse en prouvant que tous les corps vivants sont exclusivement formés d’éléments minéraux empruntés au milieu cosmique. […] Il s’agira donc pour nous de savoir quelle conception nous devons nous former des phénomènes de la vie aujourd’hui dans l’état actuel de nos connaissances physiologiques.

142. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

D’ailleurs ils ne formaient qu’un hors d’œuvre. […] J’en conçus la premiere idée, j’en formai le premier essai. […] Jamais vos Pédagogues Français ont-ils formé un pareil Eleve ? […] En citer des exemples formerait ici un hors d’œuvre. […] Elles en forment la moindre partie.

143. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

Un peuple formé par un semblable climat se développe plus vite et plus harmonieusement qu’un autre ; l’homme n’est pas accablé ou amolli par la chaleur excessive, ni roidi et figé par la rigueur du froid. […] Partant, leur art est plus simple que le nôtre, et l’idée qu’ils se forment de l’âme et du corps de l’homme fournit matière à des œuvres que notre civilisation ne comporte plus. […] Jusqu’à la venue des Romains, il n’y en a pas eu de meilleure ; pour la former et former le parfait soldat, deux conditions sont requises et ces deux conditions sont données par l’éducation commune, sans instruction spéciale, sans école de peloton, sans discipline ni exercices de caserne. […] On a songé à la vérité avant de songer à l’imitation ; on s’est intéressé aux corps véritables avant de s’intéresser aux corps simulés ; on s’est occupé à former un chœur avant de sculpter un chœur. […] Lire, à ce sujet, les écrits de Paul-Louis Courier, qui a formé son style sur le style grec.

144. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

La prétention qu’a l’école réaliste d’être plus vraie que l’école idéaliste n’est, chez beaucoup de ses adeptes, qu’une infirmité intellectuelle qui consiste à croire les images qui se forment dans notre œil plus ressemblantes que celles qui se forment dans l’œil de nos semblables. […] Personne n’entre à la Comédie-Française avec la prétention de se rendre meilleur, de former son goût, d’élever son esprit. […] Tout d’abord, si nous remontons le cours de notre propre histoire littéraire, nous verrons comment ce modèle imaginé a été long à se former en nous. […] Sa poitrine est couverte d’une cuirasse, formée de bandes de métal, alternativement d’or et d’acier bruni. […] Ainsi, si nous revenons aux exemples que nous avons cités dans le chapitre précédent, nous trouverons que les rôles d’Olivier de Jalin, de Gaston de Presle et du duc de Richelieu forment une certaine classe et que ceux de Raymond de Nanjac, de Montmeyran et du chevalier d’Aubigny en forment une autre.

145. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » pp. 527-532

Dans ses Plaidoyers, qui forment la partie principale de ses Œuvres, on trouve tantôt une éloquence mâle & vigoureuse, qui rejette les vains ornemens ; tantôt une éloquence touchante & persuasive, où les fleurs sont répandues avec choix, selon que les matieres en sont susceptibles. […] Ce n’est, en effet, que par le secours de ces Auteurs consacrés par l’admiration constante de tous les siecles, qu’un Ecrivain, quelque génie naturel qu’il ait d’ailleurs, peut se former le goût & développer sa raison.

146. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 223-229

On peut ajouter que sa Poétique n’est nullement propre à servir de guide aux jeunes Auteurs qui voudront se former le goût. […] un Roman, où la monotonie des incidens, l’uniformité des ressorts, l’afféterie du style, l’imbécillité des personnages, forment un contraste perpétuel avec le bon sens, le bon goût, & la nature des objets qu’on y traite !

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