La joie avoir fais moi, haute déesse A qui pécheurs doivent tous recourir, Comblés de foi, sans feinte ni paresse. En cette foi je veux vivre et mourir. […] Les Errata tout seuls de ses éditions originales en feraient foi. […] C’est même alors que, pour tout concilier, et ne voulant trahir ni sa confiance, — ou plutôt sa foi, — dans la perfectibilité de l’espèce humaine, ni ce qu’elle proclamait elle-même qu’il y avait de poésie dans le christianisme, elle avait déclaré de l’idée du progrès qu’elle était la plus « religieuse » qu’il y eût. […] Pour signaler au passage une loi de notre histoire littéraire pour prouver, par un exemple de plus, l’influence du « mot » ou, comme on dit aujourd’hui, du « verbe », sur les transformations de l’idée ; et puis, pour bien faire voir que le romantisme ne s’est jamais plus complètement mépris qu’en remontant chercher au xvie siècle ses origines philologiques, et qu’en réclamant, sur la foi de Sainte-Beuve, la succession de Ronsard.
Dans la défaillance de la foi, la raison n’a pas pris l’empire, et l’opinion est aussi dépourvue d’autorité que la tradition. […] Dans son emportement, il se fait athée, il dit qu’il n’y a pas d’enfer, que ce sont là « des contes de vieille femme. » Puis tout d’un coup, la funèbre idée choque aux portes de sa cervelle54 : « Je renoncerai à cette magie, je me repentirai. — Mon cœur est trop endurci, je ne puis pas me repentir. — À peine puis-je nommer le salut, la foi ou le ciel, — que des échos terribles tonnent à mon oreille : — « Faust, tu es damné !
Que de vierges, de saintes et de saints dont Poictevin a analysé avec ferveur les expressions et les attitudes, car s’il y a en lui un naturiste, il y a aussi un mystique, dont la religiosité devint peu à peu une foi véritable. Cette foi, il en exprima les aspirations et les élans en de nombreuses pages qu’il légua en mourant à Paul Adam.
En « poésie » comme en religion, il faut la foi, et la foi n’a pas besoin de voir avec les yeux du corps pour contempler ce qu’elle reconnaît bien mieux en elle-même… » De telles idées furent maintes fois, sous de multiples formes toujours nouvelles, toujours rares, exprimées par Villiers de l’Isle-Adam dans son œuvre.
Lesage était un des grands poètes comiques qui ont foi en leur comédie, et qui savent que la comédie est bonne à prendre, partout où elle se montre. […] Tout ceci, la douleur ou le rire, la joie ou les larmes, l’exclamation ou l’abattement, appartient à la vie ordinaire, à l’existence de chaque jour, et s’il était nécessaire qu’en effet, le comédien éprouvât, l’une après l’autre ou tout à la fois, ces émotions courantes de l’existence journalière, il aurait le droit de vous dire aujourd’hui : — Ma foi, je suis gai, content, je me porte à merveille, et je n’irai pas représenter la colère d’Achille ou la douleur d’Agamemnon pour vous divertir ! […] Il a vu la jolie comédienne, et, ma foi ! […] Le Misanthrope fut délaissé pour Les Précieuses ridicules, Les Femmes savantes pour Les Fourberies de Scapin, et ce fut bien pis, ma foi ! […] Casimir Bonjour prend son bien où il le trouve, et il a, ma foi, raison.
« Le sommeil de l’homme, dit l’un d’eux, est plein de péchés ; il y perpètre des forfaits de volition dont il doit compte. » Et je ne vois en effet que ce moyen pour mettre d’accord la raison et la foi. […] Jules Perrin14, livres de rancunes, les uns, ou de foi triste et souffrante (ce qui vaut mieux), les autres15. […] Nous emprunterions aux Russes cette foi, cette émotion, cette pitié sincère pour les humbles, ce souci passionné des hauts mystères qui rachète leur amour pour l’inconscient et l’obscur ; nous leur donnerions en retour nos habitudes de précision et de méthode.
— « Nos femmes nous ont abandonnés, ce soir. » — « Ma foi, tant mieux, nous irons voir le Panthéon, le bombardement ! […] Je constate tristement, que dans les révolutions actuelles, le peuple ne se bat plus pour un mot, un drapeau, un principe, une foi quelconque, faisant de la mort des hommes un sacrifice désintéressé. […] Ma foi, quand les choses en sont là, c’est préférable aux égorgements hypocrites… La canonnade s’éteint… Versailles est-il battu ?
D’autres ont admis, sur la foi des récits, que les exhalaisons de curare sont vénéneuses. […] D’abord le sentiment, s’imposant à la raison, créa les vérités de la foi, c’est-à-dire la théologie. […] Si le sentiment fait taire la raison, nous sommes hors de la science et nous arrivons dans les vérités irrationnelles de foi ou de tradition.
Cette manière un peu machinale et brusque de considérer le remède religieux, sans en introduire la vertu et l’efficace dans la suite même de sa conduite et de sa vie, annonce une nature qui avait reçu par une foi robuste la tradition des croyances plutôt qu’elle ne s’en était pénétrée et imbue par des réflexions lumineuses.