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1694. (1905) Propos littéraires. Troisième série

sur Malherbe, dans la Revue européenne, avait exprimé cette idée que l’œuvre de Malherbe était une œuvre artificielle, et, très joliment, il avait tourné contre elle un passage de la « harangue de d’Aubray » dans la Ménippée : « Nous demandons un roi et un chef naturel, non artificiel, un roi déjà fait et non à faire… Le roi que nous demandons est déjà fait par nature, né au vrai parterre des fleurs de lys de France, jeton droit et verdoyant du tige de Saint Loys. […] La brise ne parlait qu’à voix basse, le ruisseau ne se glissait que furtivement, et les fleurs exhalaient leurs rêves en parfums délicieux dans les espaces tranquilles. […] Faust y cherche, en gémissant, un peu trop de fleurs vulgaires, pour ne pas dire de légumineuses. […] Il l’a « plantée dans son jardin », comme il dit d’une façon charmante, pour s’en amuser, comme d’une jolie fleur.

1695. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Tantôt — mais il faut bien savoir que ce n’est qu’une boutade devenue trop célèbre et peut-être bien sa pensée de derrière la tête, mais où il n’aime pas à trop s’arrêter — tantôt il dit qu’il faut couronner tous ces gens-là de fleurs et les mettre à la porte de l’État ; plus souvent il veut tout simplement une censure, mais en quelque sorte une censure active et non point seulement prohibitive, qui force le poète et l’artiste à se mettre au service de la vertu et à l’enseigner. […] La fleur fleurit pour fleurir, et c’est un autre qui sait pourquoi elle fleurit. […] Cela vient, ce me semble, de ce que le poète, et particulièrement le poète dramatique, — nous verrons plus loin pourquoi ce particulièrement, — peint des âmes et non pas des fleurs.

1696. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Il semblait, — dit un historien, dont je me reprocherais d’emprunter l’idée sans en reproduire aussi la phrase, — « il semblait que la volupté s’empressât d’entourer de ses guirlandes et de couvrir de ses fleurs ce trône qu’elle se montrait jalouse de disputer à la gloire » [Cf.  […] Lalanne, III, 340], — et de ne pas confondre Mme de Scudéri, la femme de Georges, avec Madeleine, sa belle-sœur. — Qu’en dernière analyse, il est difficile de rien reconnaître dans La Princesse de Clèves qui porte la marque de La Rochefoucauld ; — qu’il est seulement vrai que La Princesse de Clèves et les Maximes sont également, et en des genres un peu différents, des « fleurs » naturelles de l’esprit précieux ; — et qu’il n’y a ni dans les unes ni dans l’autre de trace de « cartésianisme » ; — mais qu’il est facile d’y en signaler du « jansénisme » [Cf. la préface de la première édition]. […] Théodore de Banville, La Fontaine]. — Étrange opinion de Lamartine à ce sujet ; — et qu’en reprochant à La Fontaine ses vers « inégaux », il avait sans doute oublié combien il en a fait lui-même. — Le poète se reconnaît encore chez La Fontaine à la discrète mais constante intervention de sa personne dans son œuvre ; — c’est lui-même qui nous renseigne sur ses goûts, sur sa vie, — au besoin sur son mobilier ; — et ceci, dans la mesure où le réduit le goût du temps, c’est encore du lyrisme. — Joignez le don de peindre, d’évoquer la vision des choses ; — le nombre et l’harmonie, la musique du vers ; — et le don supérieur d’enlever à la réalité, même dans ses Contes, « qu’elle a de trop matériel, et de la spiritualiser. — Il a des vers qui sont tout un paysage : Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des royaumes du vent… Il en a qui sont pour ainsi dire toute une saison de l’année : Quand les tièdes zéphirs ont l’herbe rajeunie… et il en a qui sont, en même temps qu’une caresse pour les yeux et une volupté pour l’oreille, des vers de rêve et d’illusion : Par de calmes vapeurs mollement soutenue La tête sur son bras, et son bras sur la nue, Laissant tomber des fleurs et ne les semant pas… Si ces qualités en font un homme « unique en son espèce », l’exceptent-elles de la littérature de son temps ?

1697. (1802) Études sur Molière pp. -355

Isabelle, en les partageant, n’enlève-t-elle pas à son rôle cette fleur de délicatesse qui l’embellissait ? […] Elmire portait un bouquet, qu’on critiqua peut-être trop légèrement ; une femme peut aimer les fleurs assez pour ne pas craindre qu’à la suite d’un mal de tête étrange à concevoir ; d’une fièvre et d’une saignée, elles agacent ses nerfs. […] Je ne veux pas trahir son secret en vous disant au juste son âge, mais il n’est pas de la dernière édition, et l’amant de Lucile a tout au plus trente ans ; pourquoi gâter un rôle dont les meilleurs acteurs ont senti toutes les difficultés, même à la fleur de leur âge ?

1698. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Au second acte, Clytemnestre et Iphigénie doivent porter des costumes simples ; mais, si Clytemnestre, qui ne quitte pas la tente d’Agamemnon, conserve jusqu’à la fin le même vêtement, il ne doit pas en être de même d’Iphigénie, qui au troisième acte doit paraître le front couronné de fleurs et enveloppée jusqu’aux pieds d’un voile d’une éblouissante blancheur, dont au cinquième acte, en s’abandonnant aux mains des soldats, elle se couvrira le visage. […] Cet art était le privilège d’une élite peu nombreuse qui, dédaigneuse des spectacles vulgaires et ne recherchant que les sensations exquises, n’en respirait que la fleur et laissait tomber le reste en poussière. […] voilà ce que je sais, ma chère ; voilà ce que cette fleur te dira, etc.), qui sont incompatibles avec un décor nocturne, c’est qu’en effet, dis-je, la nature évoquée par le poète est purement idéale, c’est-à-dire conçue par son esprit, et que la mise en scène décrite par lui n’est pas la peinture réelle d’un effet vu et observé par ses yeux.

1699. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Du feu qu’elle répand toute âme est consumée ; Notre vie est semblable au fleuve de cristal Qui sort humble et sans nom de son rocher natal ; Tant qu’au fond du bassin que lui fit la nature, Il dort, comme au berceau dans un lit sans murmure, Toutes les fleurs des champs parfument son sentier, Et l’azur d’un beau ciel y descend tout entier ; Mais, à peine échappés des bras de ses collines, Ses flots s’épanchent-ils sur les plaines voisines, Que du limon des eaux dont il enfle son lit Son onde en grossissant se corrompt et pâlit ; L’ombre qui les couvrait s’écarte de ses rives, Le rocher nu contient ses vagues fugitives, Il dédaigne de suivre, en se creusant son cours, Des vallons paternels les gracieux détours ; Mais, fier de s’engouffrer sous des arches profondes, Il y reçoit un nom bruyant comme ses ondes.

1700. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Entre un assez grand nombre d’hommes aimables et de femmes charmantes que ce séjour rassemblait, et qui tous s’étaient sauvés de la ville, à ce qu’ils disaient, pour jouir des agrémens, du bonheur de la campagne, aucun qui eût quitté son oreiller, qui voulût respirer la première fraîcheur de l’air, entendre le premier chant des oiseaux, sentir le charme de la nature ranimée par les vapeurs de la nuit, recevoir le premier parfum des fleurs, des plantes et des arbres ; ils semblaient ne s’être faits habitans des champs que pour se livrer plus sûrement et plus continûment aux ennuis de la ville.

1701. (1716) Réflexions sur la critique pp. 1-296

Choisissez-vous la fleur des matieres ? […] L’embrasement d’une forêt sur le sommet d’une montagne, les troupes nombreuses d’oyes sauvages, de gruës, ou de cignes : les feüilles et les fleurs du printems, les légions de mouches qui volent autour d’une bergerie ; les pasteurs des grands troupeaux de chévres ; et enfin la tête de Jupiter, les reins de Mars et la poitrine de Neptune : tout cela fait un assemblage confus que Me D appelle la grande poësie, et qui ne m’a paru que le fruit d’une imagination peu maîtresse d’elle-même.

1702. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

C’est au sortir du cours qu’il faut prendre Bayle ; tout le suc de sa pensée et toute la fleur de son esprit sont dans ses notes, dont certaines sont des chefs-d’œuvre.

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