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607. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française I Nous avons vu, dans les deux entretiens précédents, comment la littérature française née tardivement, longtemps indécise entre l’originalité gauloise et l’imitation classique, s’était d’abord vouée tout entière à l’imitation ; comment cette littérature avait perdu son originalité native dans cette servile imitation des anciens ; comment cependant cette imitation servile lui avait profité pour construire une langue littéraire plus régulière et plus lucide que la langue un peu puérile de son enfance ; comment, après avoir beaucoup copié, les écrivains et les poètes du siècle de Louis XIV avaient fini par créer eux-mêmes une littérature composite, moitié latine, moitié française ; comment chacun de ces grands écrivains, depuis Corneille jusqu’à madame de Sévigné, avaient apporté à la littérature et à la langue de la France une des qualités de leur génie divers ; comment enfin, de toutes ces alluvions des génies particuliers de chacun de ces écrivains, la France, grâce à l’imitation d’un côté, grâce à l’originalité de l’autre, s’était façonné une langue littéraire, propre à tous les usages de son universelle intelligence, depuis la chaire sacrée jusqu’à la tribune, depuis la tragédie jusqu’à la familiarité du style épistolaire. […] Les institutions, pour renaître, ont besoin de bonne renommée ; elle perdit de renommée la démocratie en la souillant du sang de ses milliers de victimes ; elle jeta des têtes sans compter à la Terreur, comme on jette des lambeaux de ses vêtements à la bête féroce par qui on est poursuivi pour lui échapper ; elle appela le peuple au spectacle quotidien de la mort sur la place publique ; elle commença par un massacre de trois mille prisonniers sans jugement aux journées de septembre, cette Saint-Barthélemy de la panique ; elle finit par un massacre le 9 thermidor : sa seule institution fut l’échafaud en permanence. […] L’histoire finira peut-être par apprendre aux hommes d’État ce simple axiome qui les fait sourire de pitié aujourd’hui. […] Ces chants, de ma prison témoins harmonieux, Feront à quelque amant des loisirs studieux         Chercher quelle fut cette belle : La grâce décorait son front et ses discours, Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours         Ceux qui les passeront près d’elle.

608. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

L’inspiration du poète thébain n’est plus qu’une lettre morte, d’un fini vraiment grec ; mais elle est finie dans un autre sens : elle est finie comme tout ce qui ne fut que grec, comme tout ce qui ne s’appuie point à la grande nature humaine, la seule chose qui ne périsse pas ! […] Villemain a fini sa vie comme il l’a commencée, en faisant de la rhétorique qu’il croit de la littérature.

609. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lemoyne, André (1822-1907) »

Nous citerons ces strophes : ……………………………………………… Les chiens déconcertés renoncent à la piste : Voici l’heure paisible où finissent les jours ; Libre vers son refuge, il monte grave et triste… À l’horizon lointain expirent les abois, Sur les chênes dormants la nuit remet son voile… Lui qui ne verra plus l’aurore dans les bois, Donne un dernier regard à la première étoile… C’est un sentiment profond de la nature qui donne de tels accents et qui fait que le lecteur croit voir le tableau que le poète a tracé.

610. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

on a toute la variété et les contrastes du tableau : un ancien eût fini peut-être par ce dernier trait et par cet image, mais Cowper ne s’y est pas tenu ; il y a mêlé son idée de fils d’Adam sur le travail qui est une peine et un châtiment, mais qui est devenu un moyen ou un gage de rachat. […] C’est la dernière citation que je veuille faire de Cowper : ne perdons rien de cette peinture perlée et finie, et toutefois si vivante et si naturelle. […] De nos jours, des essais ont été tentés dans ce genre intime, familier, et pourtant relevé d’art, et qui a besoin d’un détail curieux et de fini.

611. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

L’éloignement où Voltaire se tint dans ses dernières années, la révérence qu’il inspirait de loin, dans son cadre de Ferney, aux générations nouvelles qui n’avaient rien vu de sa pétulante et longue jeunesse, le concert de louanges que sa vieillesse habile et infatigable avait fini par exciter en France et en Europe, tout prépara l’apothéose dans laquelle il s’éteignit et contre laquelle bien peu de protestations alors s’élevèrent. […] Il faut voir comme le gentilhomme Voltaire reçoit l’avis de ces messieurs, les hommes d’argent ; c’est à Mme de Bernières toujours qu’il écrit (1718) : Si j’avais eu une chaise de poste, madame, je serais venu à Paris par l’envie que j’ai de vous faire ma cour, plus que par l’empressement de finir l’affaire. […] Je n’ai plus que deux choses à faire dans ma vie : l’une de la hasarder avec honneur dès que je le pourrai, et l’autre de la finir dans l’obscurité d’une retraite qui convient à ma façon de penser, à mes malheurs et à la connaissance que j’ai des hommes.

612. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Quand Dutens eut fini d’exposer ses motifs, le prince se tourna vers Mme de Boufflers en disant : « Ma foi ! […] « Au total, je suis persuadé, par tout ce que j’entends et vois, que la chose finira comme nous le désirons ; mais en tout cas je prévois que, quelle que soit l’issue, vous recueillerez de tout cela beaucoup d’honneur et beaucoup d’ennui. […] Par ce changement dans votre plan de vie, vous coupez court d’un coup à l’attente de ce rang auquel vous aspirez ; vous n’êtes pas agitée plus longtemps par des espérances et des craintes ; votre tempérament recouvre insensiblement son premier ton ; votre santé revient ; votre goût pour une vie simple et privée gagne du terrain chaque jour, et vous finissez par vous apercevoir que vous avez fait un bon marché en acquérant la tranquillité au prix de la grandeur.

613. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Mais comment distinguer et marquer le point précis où la religion finit, où la superstition commence ? […] S’il parut d’abord un peu gauche à la porter, à ce que dit Brantôme, il finira par s’y accoutumer, et il aura même jusqu’à un certain point une carrière militaire, bien qu’on ne sache trop où la placer. […] Ici, on va le voir, finit son beau rôle, et il est à regretter pour lui que son temps de mairie n’ait pas expiré en cet été de 1585, vers ce mois de juin : il sortait de l’exercice de sa charge avec tous les honneurs de la guerre.

614. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin »

On peut dire alors que la matinée est finie ; « la seule heure à peu près riante de la journée s’est passée entre l’aller et le retour des gangas ». […] Le soleil monte, abrégeant l’ombre de la tour, et finit par être directement sur ma tête. […] On se demande, en la voyant commencer à ses pieds, puis s’étendre, s’enfoncer vers le Sud, vers l’Est, vers l’Ouest, sans route tracée, sans inflexion, quel peut être ce pays silencieux, revêtu d’un ton douteux qui semble la couleur du vide ; d’où personne ne vient, où personne ne s’en va, et qui se termine par une raie si droite et si nette sur le ciel ; — l’ignorât-on, on sent qu’il ne finit pas là et que ce n’est, pour ainsi dire, que l’entrée de la haute mer… — J’ai devant moi le commencement de cette énigme.

615. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

La tante Victoire avait pour la Dauphine des soubresauts de bonté maternelle qui ne tenaient pas, et on aurait dit par moments qu’elle avait fini par être entraînée par les deux autres. […] La comtesse d’Artois, qui fait contraste, est assez joliment croquée : « Ma nouvelle belle-sœur est toute petite de taille, avenante de figure et fraîche comme une rose, avec un nez qui n’en finit pas ; mais tout cela compose un ensemble agréable, souriant, qui plaît. […] C’est bien dommage, dit M. le Dauphin, car mon frère d’Artois aurait fini par devenir capable de bien gagner sa vie dans les amoureux à la Comédie-Française et à la Foire.

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