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434. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre I. Les travaux contemporains »

Les physiologistes positifs ont l’habitude de reprocher aux philosophes de ne pas aborder ces questions avec assez d’impartialité : ils leur reprochent de partir de certaines idées préconçues, de certaines hypothèses métaphysiques, et au nom de ces hypothèses, d’opposer une sorte de fin de non-recevoir à toutes les recherches expérimentales sur les conditions physiologiques de la pensée. […] Le second volume surtout intéressera les philosophes par des analyses psychologiques fines et neuves sur les sens, l’imagination, les rêves, les hallucinations. […] Il aime à dire que ce sera la question du xxe  siècle, et peut-être, dans son for intérieur, ce fin penseur la renvoie-t-il encore plus loin.

435. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 21, du choix des sujets des comedies, où il en faut mettre la scene, des comedies romaines » pp. 157-170

La comedie n’a pas besoin d’élever ses personnages favoris sur des piédestaux, puisque son but principal n’est point de les faire admirer pour les faire plaindre plus facilement : elle veut tout au plus nous donner quelqu’inquiétude pour eux par les contretems fâcheux qui leur arrivent, et qui doivent être plûtôt des traverses que de veritables infortunes, afin que nous soïons plus satisfaits de les voir heureux à la fin de la piece. […] En effet à moins que de connoître l’Espagne et les espagnols (connoissance qu’un poëte n’est pas en droit d’exiger du spectateur) on n’entend pas le fin de la plûpart des plaisanteries de ses pieces. […] Il ne suffit pas que l’auteur d’une comedie en place la scene au milieu du peuple qui la doit voir répresenter, il faut encore que son sujet soit à la portée de tout le monde, et que tout le monde puisse en concevoir sans peine, le noeud, le dénouëment et entendre la fin du dialogue des personnages.

436. (1897) L’empirisme rationaliste de Taine et les sciences morales

D’après eux, il y a entre les choses des relations logiques, des rapports de parenté que la science a pour fin de découvrir et cette logique des choses est identique à celle de l’esprit. […] Tout en portant aussi loin que l’empirisme par le domaine de la science, tout en ouvrant le monde entier à la libre réflexion et en affirmant qu’il y a une explication possible des choses, il oppose une fin de non-recevoir aux explications sommaires et simples. […] Ainsi peut-on lui reprocher, non sans raison, d’avoir plutôt juxtaposé que logiquement uni les deux tendances qu’il entreprend de réconcilier, Mais, en dehors d’une doctrine qui les réconcilie, je ne vois pas pour l’esprit d’autre alternative que d’osciller sans fin du simplisme au mysticisme, et inversement.

437. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Il met fin à une évolution littéraire de près de trois siècles, et de lui en naît une nouvelle qui dure encore, et se continuera longtemps. […] Tout à fait à la fin, il succombait. […] Marque certaine d’une négligence de composition, ses fins de pièce sont souvent faibles. […] Ce n’est point ma faute si je ne la retrouve plus à la fin. […] En 1886 on en a donné deux, le Théâtre en Liberté, et la Fin de Satan, qui n’ont rien ôté à sa gloire.

438. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Ducis épistolaire (suite et fin). […] Si j’ai désiré quelque chose vivement (ce qui ne m’arrive plus guère), c’est qu’il lance ce nouvel acte dans le public qui l’idolâtre, comme un tison infernal, tout fumant et tout brûlant, et qu’il ne laisse dans l’esprit des spectateurs, à la fin de la pièce, que la coupe, l’urne, le spectre, Shakespeare, le Dante et Talma. […] Mais ce n’est point une doctrine suivie et un trop exact raisonnement qu’on doit chercher dans la familiarité du vieux poète : ce sont des sentiments, un souffle moral élevé, des éclats d’imagination antique et jeune à la fois, de grandes paroles ; et elles ne font faute jusqu’à la fin sous sa plume et sur ses lèvres ; elles abondent de plus en plus avec les années, comme les flocons de neige dont parle Homère et auxquels il compare les paroles tombantes de Nestor. […] Il paraissait moins indigné et moins affecté de la cabale indécente qui avait failli empêcher de représenter sa pièce jusqu’à la fin, qu’il n’était touché des témoignages d’intérêt et d’attachement que lui avaient donnés les autres auteurs tragiques, Chénier, Legouvé, Lemercier, Arnault. […] Il disait qu’il avait encore l’esprit vindicatif, et qu’il préparait un bon tour à ses envieux ; c’était une autre pièce qui vaudrait mieux que sa dernière… A la fin de notre visite, le frère de M. 

439. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Appendice. »

Loin d’être à tout moment hors de lui, il n’éclate qu’à la fin, quand il se heurté à une injure personnelle. […] « Ce n’est pas ma faute non plus si les orages sont fréquents dans la Tuniserie à la fin de l’été. […] Les conseils de la fin ne seront pas perdus, et vous n’aurez eu affaire ni à un sot ni à un ingrat. […] Je compte faire ceci : mes articles restant ce qu’ils sont, en les réimprimant je mettrai, à la fin du volume, ce que vous appelez votre Apologie, et sans plus de réplique de ma part. […] Vers la fin, je sentais qu’il m’était difficile de ne pas lui dérober des pensées faites pour se produire d’elles-mêmes et en son nom.

440. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Cabanis et M. de Tracy, qui ont beaucoup insisté, comme par précaution oratoire, sur leur filiation avec Condillac, se rattachent bien plus directement, pour les solutions métaphysiques d’origine et de fin, de substance et de cause, pour les solutions physiologiques d’organisation et de sensibilité, à Condorcet, à d’Holbach, à Diderot ; et Condillac est précisément muet sur ces énigmes, autour desquelles la curiosité de son siècle se consuma. […] Sa plus violente amitié, qui fut aussi passionnée qu’un amour, eut pour objet Grimm, bel esprit fin, piquant, agréable, mais cœur égoïste et sec87. […] A la place de Diderot, Horace (je le suppose assez goutteux déjà pour être sage), Horace lui-même n’aurait pas donné d’autres préceptes, des conseils mieux pris dans le réel, dans le possible, dans l’humanité ; et certes il ne les eût pas assaisonnés de maximes plus saines, d’indications plus fines sur l’art du comédien. […] On les avertit seulement que tous les chemins n’ont pour fin que le précipice ; qu’il n’y en a qu’un seul où ils se puissent sauver, et que cet unique chemin est très-difficile à remarquer. […] Auguis dans ses Révélations indiscrètes du xviiie  siècle, est peut-être le premier exemple en notre littérature du style à la Janin ; dans ce genre de charge fine, l’échantillon de Garat reste charmant.

441. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

C’était donc un admirable moment que cette fin d’été radieuse, pour une production nouvelle de mûrs et brillants esprits. […] quels juges pour qui, sur la fin du grand tournoi, s’en vient aussi demander la gloire ! […] La Bruyère voulut faire dans la prose quelque chose d’analogue, et, comme il se le disait peut-être tout bas, quelque chose de mieux et de plus fin. […] Il convenait à un esprit calme et fin comme l’était Suard, de réparer cette négligence injuste, avant qu’elle s’autorisât154. […] Certes, l’exemple de telles injustices appliquées aux plus délicats et aux plus fins modèles serait capable de consoler ceux qui ont du moins le culte du passé, de toutes les grossièretés qu’eux-mêmes ils ont souvent à essuyer dans le présent.

442. (1892) Boileau « Chapitre V. La critique de Boileau (Suite). Les théories de l’« Art poétique » (Fin) » pp. 121-155

Molière est trop populaire ; il fait « grimacer ses figures » ; il a trop souvent Quitté pour le bouffon l’agréable et le fin, Et sans honte à Térence allié Tabarin. […] Indépendamment des lois générales de la langue et du vers et des lois particulières des genres, la création poétique, de quelque nature qu’elle soit, doit observer certaines règles très fines, qui aident à dégager la nature et assurent le plaisir du lecteur. […] On lit que la comédie « badine noblement » et que Molière trop grossier ne vaut pas l’exquis et fin Térence. […] Il ne leur déplaisait pas de sentir entre leur esprit et la nature un esprit puissant ou fin, un intermédiaire officieux qui se chargeait d’accommoder celle-ci à celui-là. […] Elles partent d’un sentiment très fin de la physionomie des mots et de leur valeur expressive, indépendamment du sens brut et littéral inscrit au dictionnaire.

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