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364. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Le Cid(suite et fin.) […] La nuit est descendue : don Diègue, en peine de Rodrigue, erre par les rues dans l’ombre ; un hasard heureux fait qu’à la fin il le rencontre. […] Chimène, survenant à la fin du récit pour redemander justice, ne laisse pas le temps de la réflexion : le bonhomme de roi fait la grimace et un geste d’impatience en l’entendant annoncer ; il en a évidemment assez et un peu trop de cette importune Chimène. […] Corneille, pour amener plus vite Chimène à ses fins, a cru avoir besoin de l’engager ainsi et de la compromettre par un éclat involontaire. […] Viguier, qui, dans ses balances non moins fines, non moins scrupuleuses, a pesé de nouveau les deux Cids et n’a pas fait pencher le plateau, cette fois, trop à notre désavantage.

365. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Irons-nous demander à l’Allemagne une équitable appréciation de la bonhomie fine et malicieuse qui donne aux fables de La Fontaine une saveur de terroir si piquante et si agréable à des palais français ? […] L’auteur a-t-il abondance de pensées fines, de raisonnements bien enchaînés ? […] On peut du moins l’essayer, et, pour courir droit au résultat, l’adaptation des moyens à la fin poursuivie me paraît être, comme dit Molière, « la règle de toutes les règles ». […] Il s’ensuit, d’autre part, que pour pénétrer jusqu’au public, ce qui est sa fin sociale, le style doit être à la portée de ceux auxquels il s’adresse. […] Une œuvre littéraire est donc essentiellement expressive de la vie et elle est plus ou moins belle, selon qu’elle exprime, par des moyens plus ou moins appropriés à ses fins générales ou particulières, une vie plus ou moins intense, complexe, originale et élevée.

366. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

Son principal talent était dans l’argumentation ; il intervenait volontiers sur la fin d’un débat et avait l’art de l’éclaircir, de le résumer. […] Le soir, à la fin du jour, nous fûmes promener, elle, Adélaïde et moi. […] Il se lia dès les premiers mois avec Duport et avec les Lameth, et, jusqu’à la fin, cette étroite liaison subsista sans s’affaiblir. […] L’autre fin pour lui a été plus digne et plus belle. […] [NdA] Je renvoie à la fin de l’article pour quelques détails qui me sont venus sur ces rapports de Barnave avec la Cour.

367. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Mémoires de Saint-Simon. » pp. 270-292

Lundi 13 janvier 1851 Aucune littérature n’est plus riche en mémoires que la littérature française : avec Villehardouin, à la fin du xiie  siècle, commencent les premiers mémoires que nous possédions en français. […] Il en est de même de certaines époques ; et, vers la fin, le règne de Louis XIV avait grand besoin de cette sorte de gravité et de cérémonial à distance, pour se défendre contre les esprits trop perçants. […] Les pages où il nous montre ce vieillard, fidèle jusqu’au bout à la mémoire de Louis XIII, ne manquant jamais tous les ans d’aller au service funèbre du feu roi, à Saint-Denis, le 14 de mai, et s’indignant vers la fin d’y être tout seul ; ces pages respirent une véritable éloquence de cœur et sentent la magnanimité de race. […] Il le sent, et il en demande excuse tout à la fin : « Je ne fus jamais un sujet académique, dit-il, je n’ai pu me défaire d’écrire rapidement. » S’il avait voulu retoucher et corriger, il aurait gâté et estropié son œuvre ; il a bien fait de la laisser telle, vaste, mouvante, et un peu exorbitante en bien des points. […] Puis en avant, après les valets, venaient les courtisans de toute espèce : « Le plus grand nombre, c’est-à-dire les sots, tiraient des soupirs de leurs talons, et avec des yeux égarés et secs louaient Monseigneur, mais toujours de la même louange, c’est-à-dire de bonté… » Puis, après les sots, on a les plus fins ; on en a même quelques-uns sincèrement affligés ou frappés ; on a les politiques et les méditatifs qui réfléchissent dans des coins aux suites d’un tel événement.

368. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Jetant les regards en arrière, il poussait vers la fin de sa vie un soupir de regret, et il disait : Je sais, à la vérité, un assez grand nombre de choses, mais il n’y a presque pas un homme qui ne sache sa chose beaucoup mieux que moi. […] Avant Diderot, la critique en France avait été exacte, curieuse et fine avec Bayle, élégante et exquise avec Fénelon, honnête et utile avec Rollin ; j’omets par pudeur les Fréron et les Desfontaines. […] Cet homme excellent, cordial, élevé, chaleureux, ce critique si animé, si ingénieux, si fin, et qui a par-dessus tout la manie de prêcher les mœurs, ne sait pas, en présence d’un objet d’art, se contenter d’élever et de fixer notre idée du beau, ou de satisfaire même notre impression de sensibilité : il fait plus, il trouble un peu nos sens. […] Puis tout à coup, à la fin, son secret, qui, deux ou trois fois pourtant, est venu au bout de sa plume, lui échappe, et ces paysages naturels auxquels il nous a fait assister se trouvent être tout simplement les toiles de Vernet qu’il s’est plu à imaginer ainsi et à réaliser sur place, se remettant dans la situation et dans l’inspiration même de l’artiste qui les composait. […] Voilà ce qu’il a fait jusqu’à la fin, avec énergie, avec dévouement, avec un sentiment parfois douloureux de cette déperdition continuelle.

369. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

On vit donc en Fontenelle, presque dès l’enfance, un bel esprit déjà compliqué et très compassé, faisant des vers latins ingénieux et subtils, puis des vers français très galants, n’ayant de goût que pour les choses de l’intelligence et de la pensée, y portant une analyse curieuse, une expression fine et rare30. […]  » — Voilà l’idée qu’il avait du rire : il souriait seulement aux choses fines ; mais il ne connaissait aucun sentiment vif. […] Si inférieur à Pascal comme imagination et comme âme, et dans un rapport qu’on dirait incommensurable avec lui (nous sommes en style de géomètre), Fontenelle, à titre d’esprit libre et dégagé, d’esprit net, impartial et étendu, reprend lentement ses avantages, et, sur la fin de ce siècle de grandeur, mais certes aussi d’illusion et de timidité majestueuse, il ose voir en réalité et exprimer en douceur les vérités naturelles telles qu’elles sont. […] Quoique âgé, il a dans l’œil quelque chose de vif et de fin. […] Dans les éloges des académiciens, il sut garder de son ancienne manière quelque chose de perpétuellement ingénieux et fin ; mais son amour de l’exactitude y introduisit de plus en plus la simplicité.

370. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

Cette fine goélette, là-bas, qui double les Héaux, c’est la Champenoise. […] M. de Tinseau s’est cantonné dans la province, qu’il a rendue çà et là d’une manière amusante et fine. […] Voir aussi les vives et fines impressions de voyage publiées par M.  […] Halévy à un très fin article de M.  […] Mon « homme du monde », quand il s’exprimait si dédaigneusement, n’avait certainement pas lu Fin de rêve, et, dans Fin de rêve, la description de la revue, les pages sur Gambetta, l’agonie tragique du grand homme.

371. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

Il était d’une grande taille, portant la tête haute, surtout devant l’ennemi ; d’une tenue irréprochable ; doué d’un esprit fin et juste, d’un courage et d’une bravoure incontestables et incontestés ; il aurait figuré dans le nombre de ces nobles et vaillants chevaliers cités dans l’histoire et dans les poèmes épiques, qui ne comptaient leurs ennemis que quand ils avaient mordu la poussière. […] Le ban fermé, les officiers sont appelés à venir former le cercle, et l’empereur leur dit : « Officiers des grenadiers de ma Garde, voilà le chef que je vous donne. » Puis se tournant vers le nouvel élu : « Général Friant, c’est la récompense de vos beaux et glorieux services. » Et plus familièrement, il ajouta : Mon cher Friant, vous ne prendrez ce commandement qu’à la fin de la campagne ; ces soldats-ci vont tout seuls, et il faut que vous restiez avec votre division, où vous aurez encore de grands services à me rendre. […] Un jour, c’était le cas, et les boulets qui pleuvaient sur les rangs faisaient à la fin baisser la tête aux plus aguerris. « Qu’est-ce que c’est ? […] Friant prit le commandement de l’infanterie de la vieille Garde dans la seconde moitié de la campagne de 1813, et il ne quitta plus la partie jusqu’à la fin.

372. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Il en est de ces mets de l’intelligence comme de ceux du corps : il vient un moment où même les plus excellents, à force de reparaître et de nous être servis sous toutes les formes, lassent le goût ; il n’était pas jusqu’à Beuchot, l’éditeur passionné de Voltaire, qui, sur la fin, lorsqu’on lui apportait des lettres nouvelles de son auteur favori, ne criât grâce et ne répondit : « Assez, j’en ai assez !  […] Et quand la princesse veut lui envoyer un millier de louis pour prix de ses travaux historiques, quelle manière délicate et fine de repousser les bienfaits sous cette forme déjà surannée, sous cette forme qui n’est déjà plus française à cette date ! […] Tantôt, avec Thieriot, son correspondant littéraire à Paris, il est en veine et comme en verve de corrections sans fin pour ses vers passés et présents, pour Œdipe, pour La Henriade, pour ses discours en vers ; il fait la guerre aux mots répétés, il est docile comme on ne l’est pas ; il ne se donne, dans l’épître morale, que pour le successeur modeste de Boileau : « L’objet de ces six discours en vers, dit-il, est peut-être plus grand que celui des satires et des épîtres de Boileau. […] je lui ai écrit… À d’autres endroits du volume, et avec d’autres correspondants c’est le Voltaire de la fin, le patriarche de Ferney, qui, toujours mourant, passe et repasse devant nous sur quelques-uns des dadas (très beaux dadas en effet, et le plus souvent très nobles) de ses dernières années.

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