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2784. (1887) La banqueroute du naturalisme

Oui ; si l’on savait peut-être que le commencement et la fin de son naturalisme, que sa principale ou son unique originalité n’avait guère consisté qu’à imprimer tout crus dans ses romans des mots dont je gagerais qu’à peine ose-t-il se servir dans la liberté de la conversation, jamais pourtant il n’en avait encore imprimé de tels, ni rendu le nom même de naturalisme synonyme à ce point de ceux d’impudence et de grossièreté.

2785. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IV : M. Cousin écrivain »

C’est alors qu’il s’écrie, sauf à s’en repentir plus tard : « Le Dieu de la conscience n’est pas un Dieu abstrait, un roi solitaire, relégué par-delà la création sur le trône désert d’une éternité silencieuse et d’une existence absolue qui ressemble au néant même de l’existence ; c’est un Dieu à la fois vrai et réel, un et plusieurs, éternité et temps, espace et nombre, essence et vie, indivisibilité et totalité, principe, fin et milieu, au sommet de l’être et à son plus humble degré, infini et fini tout ensemble, triple enfin, c’est-à-dire à la fois Dieu, nature et humanité. » Et combien le style vague et allemand convient à ces effusions lyriques !

2786. (1864) Études sur Shakespeare

Vers la fin de son règne, Henri VIII interdit à l’Église ces représentations qui, dans l’incertitude de sa croyance, déplaisent au roi et l’offensent tantôt comme catholique, tantôt comme protestant. […] Dans Cymbeline que, malgré son titre, on doit ranger parmi les comédies puisque la pièce est entièrement conçue dans le même système, la conduite de Jachimo n’est ni moins fourbe, ni moins perverse que celle d’Iago dans Othello ; mais son caractère n’a point expliqué sa conduite, ou plutôt il n’a point de caractère ; et toujours prêta dépouiller le manteau de scélérat dont l’a revêtu le poëte, dès que l’intrigue touchera à son terme, dès que l’aveu du secret que lui seul peut révéler sera nécessaire pour faire cesser, entre Posthumus et Imogène, la mésintelligence que lui seul a causée, il n’attendra pas même qu’on le lui demande, et il méritera ainsi d’avoir part à cette amnistie générale qui doit être la fin de toute comédie. […] Les événements groupés autour du personnage principal se présentent avec l’importance que leur donne l’impression qu’il en reçoit ; c’est à lui qu’ils s’adressent, comme c’est de lui qu’ils proviennent ; il est le commencement et la fin, l’instrument et l’objet des décrets de Dieu qui, dans ce monde créé pour l’homme, a voulu que tout se fît par les mains de l’homme, et rien selon ses desseins. […] Plus disposé à jouir de lui-même qu’à s’en rendre compte, docile à l’inspiration plutôt que dirigé par la conscience de son génie, peu tourmenté du besoin des succès, plus enclin à en douter qu’attentif aux moyens de les préparer, le poëte avança sans mesurer sa route, se découvrant lui-même, pour ainsi dire, à chaque pas, et conservant peut-être encore, à la fin de sa carrière, quelque chose de cette naïve ignorance des merveilleuses richesses qu’il y répandait à pleines mains. […] Et l’on entend dire à la fin de la pièce qui, depuis l’exil de Bolingbroke, n’a pu durer plus de quinze jours, que Mowbray, exilé au même moment que lui, a fait pendant ce temps plusieurs voyages à la terre sainte, et est venu mourir en Italie.

2787. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

Éloge de Marivaux], Toute cette psychologie si fine, si déliée, si subtile, n’est à leurs yeux que de « la métaphysique », ou autant dire du galimatias. […] Et c’est pourquoi, tandis que le classicisme achevait lentement de périr, si l’on cherche quels hommes, en cette fin de siècle, continuent d’agir sur l’opinion, nous en trouvons jusqu’à trois qui n’ont entre eux que ce trait de commun d’avoir rompu résolument avec le passé : ce sont Condorcet, Buffon, et Bernardin de Saint-Pierre. […] IX, 1853 ; — Ambroise-Firmin Didot, article Prévost, dans la Biographie universelle ; — A. de Montaiglon, Notice bibliographique, à la fin de l’édition de Manon Lescaut, Glady frères, 1875, Paris ; — F.  […] VI. — La Fin de la tragédie [1765-1795] 1º Les Sources. — Grimm, dans sa Correspondance littéraire ; — La Harpe, dans sa Correspondance littéraire ; — Geoffroy, dans son Cours de littérature dramatique ; — Nép.  […] -L. de Chénier, « Notices » et « Notes » de son édition des Œuvres, Paris, 1874 ; — Caro, La Fin du xviiie  siècle, t. 

2788. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Les papes cependant s’efforçaient de transformer par la magnificence des édifices Avignon en une Rome des Gaules ; la vie qu’on y menait était élégante et raffinée ; les jeunes gens même à qui la tonsure donnait droit aux bénéfices ecclésiastiques sans leur imposer les devoirs du sacerdoce, fréquentaient les académies et les palais des femmes plus que les églises ; leur costume était recherché et efféminé, « Souvenez-vous », dit Pétrarque dans une lettre à son frère Gérard, où il lui retrace ces vanités de leur jeunesse, « souvenez-vous que nous portions des tuniques de laine fine et blanche où la moindre tache, un pli mal séant auraient été pour nous un grand sujet de honte ; que nos souliers, où nous évitions soigneusement la plus petite grimace, étaient si étroits que nous souffrions le martyre, à tel point qu’il m’aurait été impossible de marcher si je n’avais senti qu’il valait mieux blesser les yeux des autres que mes propres nerfs ; quand nous allions dans les rues, quel soin, quelle attention pour nous garantir des coups de vent qui auraient dérangé notre chevelure, ou pour éviter la boue qui aurait pu ternir l’éclat de nos tuniques !  […] » XXX Encore un et je finis, mais je ne finis que pour finir ; car je voudrais lire, et relire sans fin avec vous de telles tristesses ; et si vous pouviez les lire dans ces vers trempés de larmes, et dans cette langue divine inventée au déclin des langues par des amoureux et par des saints pour prier, aimer, désirer, attendre, vous ne vous arrêteriez qu’après les avoir incorporés en vous par votre mémoire.

2789. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Sans l’égoïste recherche de ses sources obscures ou de ses fins incertaines, ou de tous ses moyens possibles, la littérature se desséchait, se stérilisait ; il a fallu qu’elle parût un peu folle pour pouvoir durer. […] À la fin du siècle l’esprit critique l’a souvent emporté sur l’admiration qui peut-être est la seule originalité créatrice de l’homme : mais dans la critique de cette époque quelle poésie se recèle, quelle ferveur !

2790. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

La connaissance est un moyen de vouloir et de jouir dont nous avons fait ensuite une fin, par une sorte d’artifice supérieur, en le détachant, comme un tout capable de se suffire, de ce cercle sensitif et moteur dont il n’était qu’une partie, de ce déploiement de la volonté dont il n’était qu’un moment. […] C’est ce lien d’un état antécédent à l’état conséquent qui donne une continuité au cours de la conscience ; celle-ci n’est plus une énumération discontinue, une procession d’états détachés : nous sentons très bien que la fin d’un de nos états est le commencement de l’autre, et il nous semble qu’il y a sous le premier une énergie accumulée, plus ou moins intense, qui se décharge pour ainsi dire dans le second.

2791. (1909) De la poésie scientifique

Œuvre où continuement avec la pensée évolutionniste partout présente et vivante en elle, s’établissent, non plus des analogies, mais des rapports essentiels entre tous les actes de l’univers de ses origines à ses fins, et de ceux-ci aux actes humains. […] Dans En méthode nous avons montré, par exemple, comment le principe de « lutte pour l’existence » ne doit point être pris pour Fin de l’énergie, tandis qu’il n’en est qu’un Moyen : d’où la non acceptation des conclusions de Spencer et de Nietsche.

2792. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

XIIe entretien I Nous nous sommes dit à la fin de notre dernier entretien : Qu’est-ce que Job ? […] retirez-vous seulement un peu de lui pour qu’il respire un moment, jusqu’à ce que vienne la fin tant désirée de sa journée, semblable à la journée du mercenaire !

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