Après avoir été contemporains ou fils des contemporains, après avoir passé nous-mêmes par les passions ou les suites d’impressions successives, par les flux et reflux des jugements contradictoires, complétons-nous jusqu’à la fin. […] C’est ici que nous faisons appel à son digne fils. […] Savary, duc de Rovigo, entre autres paroles malheureuses, disait au fils de Mme de Staël, en 1810, en condamnant au pilon le livre de L’Allemagne : « L’État a besoin des talents de madame votre mère, il faut qu’elle se décide pour ou contre, comme au temps de la Ligue ; elle a tort de louer les Prussiens : on ferait plutôt du vin muscat avec du verjus que des hommes avec des Prussiens. » Le mot est authentique.
Alexandre Dumas fils manifesta toujours des velléités scientifiques. […] Tremblement alcoolique partant des membres et envahissant le tronc : « Ce jour-là, les jambes sautaient à leur tour, le tremblement était descendu des mains dans les pieds ; un vrai polichinelle dont on aurait tiré les fils, rigolant des membres, le tronc raide comme du bois. […] Richepin, « fils d’un médecin militaire des plus distingués, avait eu lui-même un instant la velléité d’aborder la carrière médicale ».
Décidément il reste sensible que Hohaul, fils de Braguli et petit-fils de Rivno, a passé par l’École normale. […] L’air qu’ils boivent ferait éclater vos poumons… Car ils sont avant tout les fils de la Chimère, Des assoiffés d’azur, des poètes, des fous ! […] Mais les « arsouilles » et les « benoîts » sont-ils aussi des assoiffés d’azur et des fils de la Chimère ?
Il apprend que sa face, ou riante ou chagrine, N’est qu’un spectre menteur ; tendre fils, il apprend Qu’elle offre sans tendresse à ses fils sa poitrine, Et berce leur sommeil d’un pied indifférent ; Que c’est pour elle et non pour eux qu’elle travaille ; Que son grand œil d’azur leur sourit sans regard ; Que l’homme dans ses bras meurt sans qu’elle en tressaille, Né de père inconnu dans un lit de hasard. […] Le xviiie siècle se partage entre l’Orient et l’Amérique ; il oscille entre la patrie des Mille et une Nuits, du café, des sultanes, des Chinois, des Persans et des Juifs et les fantastiques mirages de la Louisiane et de l’Eldorado, les prairies glacées des Hurons et des Iroquois, l’empire des Incas, fils du soleil, les savanes : de Chactas et d’Atala.
Quoi qu’il en soit, Guillaume de Chaulieu, le futur abbé, était fils d’un maître des comptes de Rouen. Il vint étudier à Paris, au collège de Navarre, et s’y lia avec les fils du duc de La Rochefoucauld (l’auteur des Maximes), gens d’esprit eux-mêmes. […] Telle fut une certaine fête donnée, au château d’Anet, à Monseigneur, fils de Louis XIV (septembre 1686).
Les raisons d’État qu’eut Louis XIV sont mieux comprises : il les a consignées en peu de mots dans les belles Instructions qu’il dicta pour son fils, et que ce même Pellisson, ancien premier commis de Fouquet et devenu secrétaire du monarque, écrivit de sa main49. Nicolas Fouquet, né à Paris en 1615, était fils d’un père breton, riche armateur, et que Richelieu avait fait entrer dans le Conseil de la marine et du commerce. […] Il sembla tout d’abord y justifier le vœu de sa respectable et sainte mère, laquelle ne voyait dans les grandeurs du surintendant qu’une occasion de fautes et de chutes, et qui, en apprenant son arrestation à Nantes, se jeta à genoux en s’écriant : « C’est à présent, mon Dieu, que j’espère du salut de mon fils !
Jacques, le fils d’un maître d’école de Chalon-sur-Saône… Cinq ans, il a été militaire… Au siège d’Anvers, il est passé en revue par le duc d’Orléans qui remarque l’intelligence de sa figure parmi toutes les brutes qu’il a sous les yeux : « Voltigeur, êtes-vous content de la nourriture ? […] » Millet, un fils de paysan auprès de Cherbourg. […] À quelques années de là, mené chez un maître de dessin à Cherbourg par son père qui lui montrait les crayonnages de son fils, le maître de dessin disait : Alors la ville de Cherbourg lui faisait une petite pension qui lui permettait d’entrer à l’atelier de Paul Delaroche.
Le génie antisocial, le fils de la terre, doit être étouffé par le génie de la civilisation, par l’enfant des dieux. […] Pénélope, pleine de respect pour son fils, savait qu’il était revêtu d’une autorité qui allait jusqu’au droit de lui donner un époux. Nos anciennes dames, lorsqu’elles devenaient veuves, apportaient à leur fils aîné les clefs du château, et le reconnaissaient comme chef de la famille.
Élevés dans la foi, les pères avaient douté ; élevés dans le doute, les fils voulurent croire. […] On n’est point impunément fils de son père ; en le contredisant, on le continue ; les gens de 1820 maudissaient les philosophes de 1760, et les imitaient. […] Pour comble, l’un exalta les planètes, êtres intelligents doués de la vie aromale, celui-ci l’escadron des anges swédenborgiens, celui-là la circumnavigation des âmes à travers les astres, un autre le passage des pères dans le corps des fils, un autre le culte officiel de l’humanité abstraite, et « l’évocation cérébrale des morts chéris. » Sauf les deux premiers siècles de notre ère, jamais le bourdonnement des songes métaphysiques ne fut si fort et si continu ; jamais on n’eut plus d’inclination pour croire non sa raison, mais son cœur ; jamais on n’eut tant de goût pour le style abstrait et sublime qui fait de la raison la dupe du cœur.