Quelques dattiers levaient très haut leur bouquet de plumes, et çà et là, au sommet de la colonne sombre du tronc, les régimes de fruits, énormes, recourbés et pendants, étincelaient comme des parures de fils d’or compliquées et ajourées, emportées dans l’azur, impossibles à atteindre.
Tout original qu’il soit, Vigny n’est cependant pas sans ancêtres littéraires, ni surtout sans prédécesseurs : on est toujours « le fils de quelqu’un », et l’originalité ne consiste point à être « l’enfant de personne ». […] Est-ce à l’avidité de sa femme et de son fils, qui le croyaient déjà mort, et qui ne peuvent se consoler de le voir reprendre, avec la santé, le gouvernement de ses biens, de ses étables, de sa cave et de sa bourse ? […] Elle avait compté sans son fils qui prétend, lui, garder l’enfant pour lui tout seul, et qui, pour le soustraire à l’envahissante affection de l’excellente grand-mère, n’imagine rien d’autre ni de mieux que de déménager. Mais à peine a-t-il visité quelques appartements que la bonne dame, plus subtile, loue, pour l’habiter « en famille », l’hôtel même qu’avait choisi ce fils d’humeur trop indépendante, et, moyennant la promesse d’un cheval et d’une voiture, on se réconcilie. […] Je ne manquerais pas pour cela d’excellentes raisons, mais si j’avais la maladresse de les proposer comme miennes, on me reprocherait sans doute, — à Genève ou à Lausanne, — que, de préférer le Cid à Ruy Blas, par exemple, ou Tartufe au Fils de Giboyer, ce n’est pas une preuve que Molière soit du tout au-dessus d’Émile Augier, ni la tragédie de Corneille en rien supérieure au drame de Victor Hugo, mais tout simplement que je le pense, ou plutôt que je le sens ainsi.
Pourtant, dans les forêts de l’Engadine, les fils télégraphiques suspendus au tronc même des arolles, entre deux montagnes, n’ôtent rien à la majesté des vallées au-dessus desquelles ils se courbent en arc. […] Il y en a une non moins sensible du dix-septième siècle à nos jours, des vers de Racine père et fils sur le « Dieu caché » dont le monde révèle « la gloire » à la prière qui termine l’Espoir en Dieu, ou — pour parler des contemporains — aux doutes de M. […] De même que d’un sourire nous faisons la « chaîne de nos yeux » et d’un baiser celle de notre bouche, ainsi de « longs fils soyeux » unissent notre cœur aux étoiles, un « trait d’or frémissant » au soleil, la « douceur du velours » aux roses que nous touchons. […] Durandal heurte et suit Closamont ; l’étincelle… ont une durée égale et même supérieure à ces deux autres : Hippolyte lui seul, digne fils d’un héros, Arrête ses coursiers, saisit ses javelots. […] Si les poètes peignent un combattant qui frappe, la phrase même tend à se disposer comme un bras levé, puis à retomber, frappant elle-même l’oreille (par exemple dans le combat du fils d’Égée contre le centaure, décrit par A.
Mais tout à côté sont des personnages choisis, le chevalier qui est allé à la croisade à Grenade et en Prusse, brave et courtois, « aussi doux qu’une demoiselle, et qui n’a jamais dit une vilaine parole213 » ; le pauvre et savant clerc d’Oxford ; le jeune squire, fils du chevalier, « un galant et amoureux, tout brodé comme une prairie pleine de fraîches fleurs blanches et rouges. » Il a chevauché déjà et servi vaillamment en Flandre et en Picardie, de façon à gagner la faveur de sa dame ; « il est frais comme le mois de mai, chante ou siffle toute la journée, sait bien se tenir à cheval et chevaucher de bonne grâce, faire des chansons et bien conter, jouter et danser aussi, bien pourtraire et écrire ; il est si chaudement amoureux, qu’aux heures de nuit il ne dort pas plus qu’un rossignol ; courtois de plus, modeste et serviable, et à table découpant devant son père214. » — Plus fine encore, et plus digne d’une main moderne est la figure de la prieure « madame Églantine », qui, à titre de nonne, de demoiselle, de grande dame, est façonnière et fait preuve d’un ton exquis. […] Cette conception, infiniment compliquée et subtile, œuvre suprême du mysticisme oriental et de la métaphysique grecque, si disproportionnée à leur jeune intelligence, ils vont s’user à la reproduire, et, par surcroît, accabler leurs mains novices sous le poids d’un instrument logique qu’Aristote avait construit pour la théorie, non pour la pratique, et qui devait rester dans le cabinet des curiosités philosophiques sans jamais être porté dans le champ de l’action. « Si220 la divine essence a engendré le Fils ou a été engendrée par le Père. — Pourquoi les trois personnes ensemble ne sont pas plus grandes qu’une seule ?
En serait-il moins vrai qu’à une époque déterminée, sur les bords du lac de Génésareth, un homme a paru qui s’est dit, qui s’est cru, et que l’on a cru fils de Dieu ? […] Il n’y a pas de souverain protestant qui n’ait accordé cinquante indulgences en son règne, en accordant un emploi, en remettant ou en commuant une peine, etc., par les mérites des pères, des frères, des fils, des parents ou des ancêtres.
Un siècle qui comptait parmi ses fils Chateaubriand, Lamartine, Victor Hugo, Soumet, Casimir Delavigne, de Vigny, Béranger, Lamennais, Nodier, Scribe, Soulié, Balzac, Eugène Sue, George Sand, pouvait tout entreprendre, tout accomplir. […] Avant d’apercevoir les aventures amoureuses de Charles-Quint et le libertinage effronté de Marie Tudor, il s’était démontré que la Grèce antique n’avait jamais connu le grotesque, et il avait supprimé Aristophane ; il avait généralisé le mot d’Eschyle sur lui-même et rangé Sophocle et Euripide parmi les fils d’Homère, ce qui prouve jusqu’à l’évidence que M.
Volontairement le poète se conçoit enfanté du rêve, fils de cet éternel pouvoir qui gît au fond de son âme. […] Et de ces deux êtres supérieurs un fils est né, très beau, très robuste, et très sage. […] Toute sa vie il s’est montré bon fils, bon frère, bon mari. […] Lohengrin, fils de Parsifal. […] Le fils de Mme Goethe est encore un des hommes sur lesquels mon opinion s’est beaucoup modifiée, au cours des années.
Savez-vous, dans notre langue, un plus beau passage que la plainte de ce vieillard déshonoré par son fils, mais en même temps savez-vous une création plus amusante que M. […] Tout ceci posé, et quand ce père infortuné s’est éloigné de cette maison maudite, en maudissant monsieur son fils, que nous fait la statue du Commandeur ? […] Enveloppez-vous dans ce voile ; vivez cachée à vous-mêmes aussi bien qu’à tout le monde ; et connue de Dieu, échappez-vous à vous-même, sortez de vous-même, et prenez un si noble essor, que vous ne trouviez de repos que dans l’essence du Père, du Fils et du Saint-Esprit. » 25.
Dans son admirable roman de Dombey et fils, Dickens rend parfaitement la sensation glaciale de la présentation du petit Dombey au maître de pension chez qui on va le mettre. — Comment se porte mon petit ami ? […] Je veux parler des fils de bourgeois, une race qui a profité de la fortune de médecins, d’avocats, de négociants, qui n’a rien fait, rien appris, qui s’est jetée dans les clubs de jeux, qui a la manie des chevaux, de l’élégance, qui touche à tout, même à l’écritoire, qui achète même une maîtresse et un quart de journal, qui veut commander aux femmes et aux écrivains, c’est en vue de cette race nouvelle que le philosophe Proudhon terminait ses appréciations sur M. […] On ne sait pas trop comment ces « fils de bourgeois, une race qui a profité de la fortune de médecins, d’avocats, de négociants, qui n’a rien fait, rien appris, etc., etc., qui touche à tout, même à l’écritoire, qui achète même une maîtresse et un quart de journal, qui veut commander aux femmes et aux écrivains », on ne sait pas trop, dis-je, comment ce pauvre monde si maltraité et qui n’en peut mais, est responsable des mécomptes de M.