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271. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

J’ai « froqué un fils, une fille et fait prêtre malgré lui un autre fils » ; donnez une charge à mon aîné et consolez mon cadet par une abbaye. […] Sire, un tel, petit compagnon, courtise ma fille, mettez-le à la Bastille. […] Madame de Guise était petite fille de France : « M. de Guise n’eut qu’un ployant devant madame sa femme. […] Le voilà amoureux du duc de Beauvilliers ; sur-le-champ il lui demande une de ses filles en mariage, n’importe laquelle ; c’est lui qu’il épouse. Le duc n’ose contraindre sa fille, qui veut être religieuse.

272. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Née à Riga, aux bords de la Baltique, vers l’année où Mme de Staël naissait eu France, Mme Juliana de Krüdner, fille du baron de Wietinghoff, un des grands seigneurs du pays, et d’une famille qu’avait récemment encore illustrée le maréchal de Münnich, eut une première enfance telle qu’elle s’est plu à la peindre dans les souvenirs de sa Valérie. […] Mme de Krüdner, avec son monde, sa fille, son gendre, et le jeune ministre Empeytas qui la dirigeait, était allée loger au château du Mesnil, près de là. […] « Et vous, France première, antique héritage des Gaules, fille de saint Louis et de tant de saints qui attirèrent sur elle des bénédictions éternelles, et pensée (patrie ?) […] Dans ce château où elle fut, près du camp de Vertus, tout l’entourage de Mme de Krüdner, plus ou moins, prêchait à son exemple ; sa fille, son gendre prêchaient la famille du vieux gentilhomme qui les logeait ; la jeune femme de chambre elle-même prêchait le vieux domestique du château. […] Chateaubriand goûtait Valérie qu’il appelait tantôt « la sœur cadette de René, » tantôt « la fille naturelle de René et de Delphine. » 202.

273. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Je dis un vrai misérable, parce que le titre du livre de Victor Hugo est faux, que ses personnages ne sont pas les misérables, mais les coupables et les paresseux, car presque personne n’y est innocent, et personne n’y travaille, dans cette société de voleurs, de débauchés, de fainéants, de filles de joie et de vagabonds ; c’est le poème des vices trop punis peut-être, et des châtiments les mieux mérités. […] Les mêmes étudiants, ivrognes précoces ou libertins blasés, devenus émeutiers par désœuvrement, puis républicains par fantaisie, volent la vie et le sang de leurs concitoyens dans une barricade servie par des gamins de Paris et par des filles des rues, et se font tuer eux-mêmes avec autant d’héroïsme que d’indifférence. […] Dans tout cela, je vois bien l’écume ou la lie d’une société qui fermente, mais de vrais misérables sans cause, je n’en vois point, excepté les pauvres filles et les petits enfants de Thénardier couchés, par la charité d’un jeune bandit des rues, dans la voûte de l’éléphant de la Bastille. […] XX Un jeune paysan est élevé, dans un hameau isolé des hautes montagnes, par un père vertueux et par une tante pieuse, avec une cousine du même âge, fille de sa tante. […] La fille garde le troupeau, aidée du chien de la maison.

274. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1883 » pp. 236-282

… qu’est-ce que va devenir ma fille, quand viendra sa puberté ?  […] Il se rappelle aussi quand tout petit, il allait à une école de petites filles, où il était le seul garçon. Là, il avait pour maîtresse, une grande fille, nommée Esperanza qui l’aimait beaucoup, et qui dans les récréations, s’asseyait sur les marches de l’escalier, lui renversant la tête sur ses genoux, et lui caressant les cheveux, pendant que le petit fouillait de son regard amoureux le bleu profond du ciel. […] Il se voyait dans une chambre entouré de petites filles ; et de la cheminée sortait une vieille femme, une vieille fée, qui avait un piment, tout rouge dans sa bouche, sans doute pour faire croire à du feu, à de la flamme, et la vieille qui était une fillette, travestie, se faisait amener le petit poltron, et lui mettait des bonbons dans la main. […] Dimanche 4 mars Je cherche dans la « Petite fille du maréchal » (Chérie) quelque chose ne ressemblant plus à un roman.

275. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Les petits poèmes de La Fontaine sont : Philémon et Baucis, le Quinquina, la Captivité de saint Malc, Adonis et les Filles de Minée. […] Les Filles de Minée sont un agréable poème, ou plutôt sont une agréable trilogie. […] Par exemple ceci qui est un petit intermède, le petit couplet d’Iris ou d’une de ses sœurs, d’une des filles de Minée, sur l’amour considéré comme producteur de belles actions, sur l’amour considéré comme ferment ou levain de générosité, de grandeur d’âme, de magnanimité, de courage. […] La petite fille, parfaitement malicieuse et parfaitement avisée, comprend très bien que c’est son tuteur lui-même qui joue ce personnage ; et alors, feignant de parler au cousin, elle lui fait toute sa confession et lui dit un mal infini de son tuteur. […] Embrasse-moi, ma fille… Auriez-vous cru cela ?

276. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Au moment de partir, Mme de Sancy, qui est la fille du général Lefebvre-Desnouettes, nous offre aimablement de visiter son musée napoléonien : la chambre de Napoléon à l’hôtel de la rue de la Victoire, léguée à son père. […] Voici ce que les prêtres n’ont jamais formulé, et cependant Apollonius de Tyanes l’a vue dit par la femme à une petite fille, nous ôte tout espoir et nous fait descendre le misérable escalier, le gosier sec comme après une grande émotion. […] Les parents veulent bien livrer au mari, le corps, la santé, le bonheur d’une fille, enfin toute sa femme, — sauf sa fortune. […] Il a un visage, moitié singe, moitié voyou de Londres, et une petite tête et un petit corps, où semblent germer tous les mauvais instincts d’un cocher de remise, d’une bonne de fille, d’un enfant de pauvre, enfin le type complet de l’emploi. […] C’est plein de mères d’actrices, de vaudevillistes, de critiques, d’hommes sans nom qui ont un nom au théâtre, ou des droits sur le directeur, ou des créances sur l’auteur, ou une parenté avec le souffleur, le placeur, et d’actrices qui ne jouent pas, et d’acteurs de province en congé, et de filles littéraires et de leurs petits amants de poche.

277. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

La bonne et la mauvaise petite fille. — C’est le thème de divers contes allemands et français (Bechstein : Die Bienenkoenigin, Goldmaria und Pechmaria ; Grimm : Bei Frau Holle. — Perrault : Les fées, etc.). […] Le Dévouement de Yamadou Hâvé et (peut-être) La fille du massa)34. […] L’amandier (Grimm et Bechstein) et La fille qui veut apprendre à chanter. […] Les promesses merveilleuses faites par des filles qui rêvent d’un époux. […] Voir là comte de Takisé, la fille de graisse qui fond au soleil comme Sneegoroutchka, la fille de neige.

278. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Aujourd’hui c’est une seconde édition plus complète qui se publie et qui, se joignant au Journal et aux Lettres de Mme Eugènie de Guérin, sœur aînée du poète et morte elle-même peu de temps après lui, vient montrer quel couple poétique distingué c’était que ce frère et cette sœur : — lui, le noble jeune homme « d’une nature si élevée, rare et exquise, d’un idéal si beau qu’il ne hantait rien que par la poésie » ; — elle la noble fille au cœur pur ; à l’imagination délicate et charmante, à la croyance vaillante et ferme ; toute dévouée à ce frère qu’elle adorait, qu’elle admirait : et que, sans le savoir ; elle surpassait peut-être ; qu’elle craignait sans cesse devoir s’égarer aux idées et aux fausses lumières du monde ; qu’elle fût heureuse de ramener au bercail dans les heures dernières ; qu’elle passa plusieurs années à pleurer, à vouloir rejoindre, et dont elle aurait aimé cependant, avant de partir, à dresser elle-même de ses mains le terrestre monument. […] Les premiers rêves, les premières ardeurs, les premières peines (car elle en eut) de cette noble fille se dérobent à nous : il y a des choses qu’elle ne dit jamais qu’à Dieu ou à son confesseur. […] Le trop-plein fait torrent parfois… » Il y a des jours où, dans ce trop-plein qui lui pèse et qui fait cauchemar quand il ne fait pas torrent, elle se dit que l’aiguille lui va mieux que la plume : « J’ai pris la couture pour tuer cela à coups d’aiguille, mais le vilain serpent rémue encore, quoique je lui aie coupé tête et queue, c’est-à-dire tranché la paresse et les molles pensées. » Ce désaccord entre le cœur ou l’imagination de la noble fille et son cadre étroit, isolé, se fait sentir ; des plaintes qu’elle s’avoue à peine à elle-même nous en arrivent fréquemment. […] Et je prends ma quenouille, ou un livre, ou une casserole, ou je caresse Wolf ou Trilby. » Voilà le vrai ; elle est ménagère, elle sait être pratique, et elle nous dira son vœu le plus humble, son rêve d’Horace, de Jean-Jacques ou de La Fontaine : « Mon ami (c’est toujours à son frère qu’elle parle), quand je ne pense pas le faire plaisir ou t’être utile, je ne dis rien ; je prends ma quenouille, et au lieu de la femme du xviie  siècle, je suis la simple fille des champs, et cela me fait plaisir, me distrait, me détend l’âme. […] Esprit contre esprit ; elle était bien fille d’ailleurs à croiser le fer et à tenir la gageure.

279. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « La Mare au diable, La Petite Fadette, François le Champi, par George Sand. (1846-1850.) » pp. 351-370

Mais une vieille voisine, la Guillette, à qui le père Maurice a fait part du projet, profite de l’occasion de Germain pour lui confier sa fille, la petite Marie, qui vient de s’engager comme bergère tout près de l’endroit où va Germain. […] Les détails du départ, le premier trot de la Grise, la mère de celle-ci, la Vieille Grise, qui, paissant près de là, reconnaît sa fille au passage, et qui essaie de galoper sur la marge du pré pour la suivre, tout est peint au naturel, avec une observation parfaite et une expression vivante. […] La petite Fadette, ou petite fée, n’est autre qu’une petite fille de l’endroit dont la famille a une réputation assez équivoque, et qui passe pour un peu sorcière. Cette petite fille, qui se montre d’abord toute laide, qui ne se soigne pas plus qu’un méchant garçon, et qui est la bête noire du village, mais qui, au fond, se trouve avoir toutes les qualités de l’esprit, de l’imagination et du cœur, et qui finit même, sous l’éclair de l’amour, par se métamorphoser en beauté, cette petite Fanchon Fadet qui, sous sa verve de lutinerie, cache des trésors de sagesse, remplit ici le rôle qui est volontiers réparti aux femmes dans les romans de Mme Sand ; car elles y ont toujours le beau rôle, le rôle supérieur et initiateur. […] Tous ces jeunes cœurs, les naturels autant que les poétiques, ceux des filles comme ceux des garçons, sont connus, maniés, montrés à jour par Mme Sand, comme si elle les avait faits.

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