Incapables d’atteindre encore une telle idée par le raisonnement, ils la conçurent par un sentiment faux dans la matière, mais vrai dans la forme.
Vous faites fausse route. […] Maurice, plus faible, a, malgré lui, des amertumes, une ironie qui sonne faux. […] Car l’auteur a voulu que la fausse confession de Frédégonde fût non seulement absurde en soi, mais inutile. […] Nous sommes ici fort loin de Lara, de Manfred et des Brigands de Schiller ; ces faux révoltés de bohèmes ne sont que de simples carottiers. […] Il hait la « philosophie », la fausse humanité, la sensiblerie du temps.
Que pouvait donc exprimer le véritable génie des muses en un temps où la plus fausse inspiration était payée de la plus fausse monnaie de la gloire ? […] Danger de la fausse critique. […] « On a accablé presque tous les arts d’un nombre prodigieux de règles, dont la plupart sont inutiles ou fausses. […] « Son faste est appauvri du faux or qu’elle étale. […] Tous accourent à son antre, et lui demandent quel ennemi l’attaque : lui, trompé par le faux nom que s’est donné le héros, leur répond, personne ; et ce mot qui les tranquillise, et les éloigne, sauve Ulysse, qui s’est couvert de cette appellation ambiguë.
Ce qu’il y a de piquant, c’est que le moyen se soit trouvé qu’elles fussent fausses toutes les deux, et cela paraît difficile, et pourtant il n’y a rien de plus vrai que ceci qu’elles sont fausses l’une et l’autre. […] Pas de fausse note ; il est correct, et l’on ne peut guère lui donner d’autre éloge. […] Tout cela sonne faux sur ses lèvres. […] C’est faux, mais ce n’est pas bête. […] » C’était peut-être vrai ; c’était peut-être faux.
La fantaisie ainsi comprise peut servir d’interprète aux impressions les plus réelles, tandis que l’imagination dans le sens d’imaginaire a pour adéquate l’idée d’impossible et de faux. […] Ils prétendent qu’en dehors de ce qui est, on tombe dans le faux. […] Le facile métier que de faire du joli, du tendre, du coquet, du précieux, du faux idéal, du convenu à l’usage des filles et des banquiers ! […] Si vous n’êtes assez heureusement doués pour hausser les épaules et rire, cela vous produit le même agacement dans les nerfs qu’un accord donné à faux. […] On a pitié de sa peine, et on voudrait aider le pauvre homme à se tirer de la fausse position où il s’est fourvoyé.
Il était aux premières loges pour décrire un conclave ; il ne s’en fait faute, et l’on a en quatorze vers la réalité mouvante du spectacle, la brigue à huis clos, les bruits du dehors, les fausses nouvelles, les paris engagés pour et contre : Il fait bon voir, Pascal, un conclave serré, Et l’une chambre à l’autre également voisine D’antichambre servir, de salle et de cuisine, En un petit recoin de dix pieds en carré ; Il fait bon voir autour le palais emmuré, Et briguer là dedans cette troupe divine, L’un par ambition, l’autre par bonne mine, Et par dépit de l’un être l’autre adoré ; Il fait bon voir dehors toute la ville en armes, Crier : Le Pape est fait ! donner de faux alarmes, Saccager un palais ; mais, plus que tout cela, Fait bon voir qui de l’un, qui de l’autre se vante, Qui met pour cestui-ci, qui met pour cestui-là, Et pour moins d’un écu dix cardinaux en vente. Cette vie qui s’use en simagrées, en cérémonies, en visites, en faux semblants, trouve en Du Bellay son dessinateur à la plume.
Diderot la connut comme voisine, la désira éperdument, se fit agréer d’elle, et l’épousa malgré les remontrances économiques de la mère ; seulement il contracta ce mariage en secret, pour éviter l’opposition de sa propre famille, que trompaient sur son compte de faux rapports. […] Sans doute sa théorie du drame n’a guère de valeur que comme démenti donné au convenu, au faux goût, à l’éternelle mythologie de l’époque, comme rappel à la vérité des mœurs, à la réalité des sentiments, à l’observation de la nature ; il échoua dès qu’il voulut pratiquer. […] Il n’en fut pas ainsi de Diderot, qui, n’ayant pas cette tournure d’esprit critique, et ne pouvant prendre sur lui de s’isoler comme Buffon et Rousseau, demeura presque toute sa vie dans une position fausse, dans une distraction permanente, et dispersa ses immenses facultés sous toutes les formes et par tous les pores.
Cela serait faux, quoique vraisemblable ; nous avions prévu son écroulement, mais avec plus d’effroi que de désir. […] Situation fausse et dangereuse qui assoit la puissance publique sur la misère privée, qui enracine la grandeur de l’État dans les souffrances de l’individu. […] « — Je m’appelle Cosette. » XXIX Autre interruption qui nous ramène aux Thénardier, maintenant établis à Paris sous le faux nom de Jondrette, et dont les nombreux enfants, échangés, prêtés, rendus, ne savent plus guère à qui ils appartiennent.
Jamais réalisme plus faux et plus matériel ne s’aplatit sur la nature pour en effacer la grâce. […] Le soin qu’il a de distinguer les faux ornements, l’incessant rappel de l’art à la nature, les préceptes incessamment réitérés d’être simple, et de ne dire que ce qu’il faut, tout nous persuade que ce qu’il entend en somme par orner les choses, ce n’est que les exprimer par les moyens de l’art, et les couler dans la forme propre à chaque genre. […] Eumée n’est pas à Ulysse ce qu’un porcher peut être à l’égard de Louis XIV : si bien que la traduction par le mot propre est plus fausse que si on prend la périphrase : « gardien des troupeaux du roi », qui du moins est incolore et ne présente à un Français aucun objet fâcheux de la réalité contemporaine.