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424. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Quand nous parlons de notion divine, si nous voulons l’analyser humainement, c’est-à-dire sans rien scinder du composé humain, en d’autres termes, sans léser aucune de nos trois facultés de raisonner, d’imaginer et de sentir, la notion de Dieu se ramène fatalement à un développement vers l’absolu de la notion humaine. […] Elle est lumière et la lumière l’appelle, « elle est l’œil de l’âme », a dit Joubert, « elle est la reine du vrai », a dit Baudelaire, « elle est la faculté par laquelle nous percevons le divin », a dit Carlyle. […] Nous représentons, peut-on dire, des prémisses qui se cherchent ; ces prémisses sont nos facultés qu’il faut développer, conduire à leur perfection — cela pour chacun des individus qui composent une société et, en conséquence, pour l’individu universel qui se concerte de toutes ces unités et qui ne se comporte pas autrement, dans sa destinée immense, que chacune de ces unités dans leur courte vie. […] quand les idées perdent leurs forces de cohésion, les hommes perdent leurs facultés d’association. […] Alors se confirmera dans toutes les consciences le sens définitif de notre dignité, et l’homme trouvera dans l’accomplissement de sa nature, dans la perfection de ses facultés individuelles et sociales, la joie religieuse dont les cultes anciens n’offraient que des figures.

425. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Charles Magnin ou un érudit écrivain. »

Magnin ; nous ne le ferons pas plus grand qu’il n’a été, mais nous le montrerons, autant qu’il nous sera possible, dans la juste et nette application de ses facultés de critique et d’écrivain. […] Dubeux, son ami et son maître en ce genre, la faculté philologique saillante. […] Magnin était dès lors à la Revue des Deux Mondes, et c’est de ce côté que sa faculté littéraire et critique allait désormais trouver un ample espace et un cadre heureux pour s’étendre et se développer. […] Désigné un jour par Fauriel pour être son suppléant dans la chaire de littérature étrangère à la Faculté des lettres (1834-1835), il fut amené à choisir un sujet d’études qui ne rentrât pas trop dans les matières si diverses déjà traitées par le savant titulaire : il n’hésita pas et prit les origines du théâtre moderne ; il s’en occupait aussi dans des conférences dont il fut chargé vers le même temps à l’École normale.

426. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Jouffroy »

Je comparerais cette intelligence à un miroir presque plan, très-légèrement concave, qui a la faculté de s’égaler aux objets devant lesquels il est placé, et même de les dépasser en tous sens, mais sans en fausser les rapports. […] La Romiguière et Boyer-Collard n’avaient professé qu’à la Faculté des Lettres, mais aucun enseignement philosophique approprié ne s’adressait aux élèves ; M.  […] Jouffroy ne trouve pas dans la seule philosophie l’emploi de toutes ses facultés cachées, si quelques portions pittoresques ou passionnées restent chez lui en souffrance, il n’est pas moins fait évidemment pour cette réflexion vaste et éclaircie. […] Jouffroy (et nous savons qu’il en a déjà projeté), ce serait un lieu sûr pour toute sa psychologie réelle, qui consiste, selon nous, en observations détachées plutôt qu’en système ; ce serait un refuge brillant pour toutes les facultés poétiques de sa nature qui n’ont pas donné.

427. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Les psychologistes, ces espèces de chimistes de l’esprit, s’évertuent en vain à la décomposer, en la divisant en facultés diverses et distinctes. […] Ils sont assez beaux, assez nombreux, assez merveilleux pour que nous nous abîmions pendant les siècles des siècles dans une ineffable contemplation des facultés de l’âme. II Nous avons dit qu’une des plus merveilleuses facultés de l’âme était celle de s’exprimer elle-même par la parole écrite ou parlée, autrement dit par la littérature universelle. […] Le chant n’est pas moins naturel, instinctif et forcé, pour ainsi dire, dans l’homme, quand l’âme est émue jusqu’à la stupeur de ses facultés par une poignante douleur.

428. (1913) Le bovarysme « Deuxième partie : Le Bovarysme de la vérité — I »

Cette constatation doit justifier désormais à nos yeux toute la suite des phénomènes, depuis les plus généraux jusqu’aux plus particuliers, qui ont été exposés dans la première partie de cette étude et où s’est manifestée en acte, à quelque degré, la faculté de se concevoir autre.

429. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Deuxième partie. Ce qui peut être objet d’étude scientifique dans une œuvre littéraire — Chapitre VIII. La question de gout ce qui reste en dehors de la science » pp. 84-103

Guyau a dit quelque part31 : « Le génie est caractérisé, soit par le développement extraordinairement intense et extraordinairement harmonieux de toutes les facultés, soit par le développement extraordinairement intense d’une faculté spéciale ; tantôt enfin par une harmonie extraordinaire entre des facultés suffisamment intenses.

430. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Il en développa d’autant plus sa faculté de tout voir par les yeux de l’esprit, de tout se figurer par une contemplation attentive. […] À la manière dont il parle « de cet horrible dégoût de soi-même, qui ne nous laisse d’autre désir que celui de cesser d’être », on voit que si cette âme calme et supérieure n’a jamais été atteinte du mal des Rousseau, des Werther et des futurs René, elle n’a pas été sans le reconnaître et sans le dénoncer à sa source : « Dans cet état d’illusion et de ténèbres, dit-il, nous voudrions changer la nature même de notre âme ; elle ne nous a été donnée que pour connaître, nous ne voudrions l’employer qu’à sentir. » Le vrai sage, selon lui, est celui qui sait maîtriser ces fausses prétentions et ces faux désirs : Content de son état, il ne veut être que comme il a toujours été, ne vivre que comme il a toujours vécu ; se suffisant à lui-même, il n’a qu’un faible besoin des autres, il ne peut leur être à charge ; occupé continuellement à exercer les facultés de son âme, il perfectionne son entendement, il cultive son esprit, il acquiert de nouvelles connaissances, et se satisfait à tout instant sans remords, sans dégoût, il jouit de tout l’univers en jouissant de lui-même. […] Lui, Buffon, avait au contraire la faculté de retenir de mémoire ses vastes écrits, et il se les déployait ensuite à volonté dans toute l’étendue de la trame, tant pour la pensée que pour l’expression.

431. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

L’indignation et l’attendrissement, c’est la même faculté tournée vers les deux côtés du douloureux esclavage humain, et les capables de colère sont les capables d’amour. […] Le lion, pour avoir la faculté de s’attendrir, est-il moins beau que le tigre ? […] Octave-Auguste, le matin de la bataille d’Actium, rencontra un âne que Panier appelait Triumphus ; ce Triumphus doué de la faculté de braire lui parut de bon augure ; Octave-Auguste gagna la bataillé, se souvint de Triumphus, le fit sculpter en bronze et le mit au Capitole.

432. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Le comique est une imitation mêlée d’une certaine faculté créatrice, c’est-à-dire d’une idéalité artistique. Or, l’orgueil humain, qui prend toujours le dessus, et qui est la cause naturelle du rire dans le cas du comique, devient aussi cause naturelle du rire dans le cas du grotesque, qui est une création mêlée d’une certaine faculté imitatrice d’éléments préexistants dans la nature. […] La première est créée par la séparation primitive du comique absolu d’avec le comique significatif ; la seconde est basée sur le genre de facultés spéciales de chaque artiste.

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