Un bel usage d’Angleterre interdit aux hommes que leur profession oblige à verser le sang des animaux, la faculté d’exercer des fonctions judiciaires. […] D’ailleurs il faut, pour réussir dans ce genre dangereux, qui réunit la grâce des formes à la dépravation des sentiments, une finesse d’esprit extraordinaire ; et l’exercice un peu fort de ses facultés auquel on est appelé dans une république, fait perdre cette finesse. […] Ce que notre destinée a eu de terrible, force à penser ; et si les malheurs des nations grandissent les hommes, c’est en les corrigeant de ce qu’ils avaient de frivole, c’est en concentrant, par la terrible puissance de la douleur, leurs facultés éparses.
Si quelques poètes n’étaient venus, doués de facultés singulières, l’humanité aurait à jamais ignoré l’aspect de sa planète. […] N’importe : la faculté de voir, de jouir profondément des formes et des aspects des choses s’est éveillée et ne s’endormira plus. Et, du jour où cette faculté s’applique, non plus à des objets étrangers, mais à ce que nous avons tous les jours sous les yeux, la littérature nouvelle est née ; le romantisme engendre le naturalisme.
Les jeunes ouvrières qui lisent les romans à très bon marché ne sont capables que de l’enthousiasme du premier moment, que de ce que j’ai appelé l’abandonnement ; le second moment n’existe que pour ceux qui sont plus âgés et qui sont doués d’une certaine faculté d’observation et de mémoire ; mais ceux-ci goûtent des plaisirs beaucoup plus vifs, étant encore capables de s’abandonner, l’étant surtout de comparer le roman à la vie et d’éprouver des sensations d’admiration très vive quand ils estiment que le roman a copié la vie avec sûreté ou plutôt l’a déformée de manière à accuser plus vigoureusement ses traits caractéristiques. […] Le plus souvent on les lit comme purs et simples ouvrages d’imagination, et l’on ne sait gré à l’auteur que de sa faculté d’imaginer, contre quoi précisément il proteste, disant : « Si c’était imaginé, ce ne serait pas intéressant » et se fâchant comme un historien dont on dirait qu’il est un romancier très curieux. […] Ce lecteur est généralement un professeur de littérature latine dans une faculté, mais ce n’est pas de lui que je veux parler ; je ne parle pas ici des lecteurs professionnels.
Mais cette longue histoire, qui est sa vie et qui, s’il l’avait voulu, eût été sa gloire, ne suffit pas à la pétulance de ses facultés, et de temps à autre il l’interrompt par toutes sortes de publications inattendues. […] C’est le poisson qui est son héros naturel pour l’heure, c’est le poisson sur les destinées duquel il veut attendrir nos sympathies, malgré les écailles et les arêtes de ces bêtes gluantes et désagréables à toucher, même pour cette grande dégoûtée d’imagination qui est la faculté, de toutes nos facultés, la plus profondément matérialiste.
Ma traduction m’apprend que la destinée d’un peuple n’est rien que l’effet combiné des circonstances, de ses facultés et de ses penchants. […] Ayant considéré le génie d’un poëte, d’un politique, d’un savant, j’ai trouvé que ce nom m’apparaissait lorsque j’apercevais l’action principale de leur vie, avec les facultés et les inclinations qui les y portaient. […] Quelles facultés personnelles et quelles mœurs environnantes ont produit ce géant en goguette, ce métaphysicien ivre, cette cervelle dévergondée et sublime, cette prodigieuse lanterne magique où se heurte le pêle-mêle vertigineux des formes tournoyantes, où s’enchevêtre le chaos de toutes les idées et de toutes les sciences, où la sensualité secoue sa torche rouge et fumeuse, où le génie fait flamboyer tous ses éclairs ?
Taine vient de nous les dire lui-même, par la seule confession de son trouble intime devant les antagonismes de ses facultés. […] Dites qu’un témoin doit subordonner toutes ses facultés à l’objet de son témoignage. […] Il se refusait à lui-même le don de la décision immédiate, la faculté maîtresse de l’homme d’État, d’après lui. […] On l’est par des facultés au-dessus de la moyenne aussi bien que par des facultés au-dessous. […] Ce qu’il faut demander à l’écrivain, c’est d’abord d’apporter le message dont ses facultés le rendent capable.
Les facultés et les puissances qui dominent à tel âge ne sont pas celles qui dominent à tel autre : les unes s’affaiblissent, d’autres s’élèvent. […] » Toujours est-il que l’altération des facultés intellectuelles et morales correspond fréquemment avec les maladies des viscères abdominaux. […] Lors donc qu’Aristote énumère les facultés de l’âme, il compte parmi elles la faculté nutritive. C’est la plus humble, il est vrai ; mais cette faculté pourtant est la base solide sur laquelle s’élèvent progressivement la faculté de se mouvoir, la faculté de penser. […] Dieu, dans toute la terre, a proportionné les organes et les facultés des animaux, depuis l’homme jusqu’au limaçon, au lieu où il leur a donné la vie.
Si une inclinaison irrésistible au songe, une recherche inquiète et patiente de la beauté, une sensibilité nostalgique, combattue et dominée par une faculté d’idéalisation généreuse, créent la poésie, il était né poète.
Mais ces vers, rares d’abord — rari nantes in gurgite vasto, — matériels, d’ailleurs, comme des camées, des soucoupes, des vases ébréchés ; rompus souvent d’un hémistiche à l’autre, tous ces débris, où un reste d’art brille et s’exhale, ne peuvent arrêter le jugement définitif que la Critique est tenue, en honneur, de porter sur un talent qui n’a plus ni ensemble, ni articulations, ni vie régulière, ni chaleur vraie, ni lumière tranquille, ni rien enfin de ce qui constitue une créature, supérieure aux facultés sensibles et raisonnables de l’humanité, comme doit l’être un poète, et qui, au contraire, peut écrire des choses comme celles-ci : Tout est plein d’âmes ! […] La faculté première de M. […] Mais les grands poètes n’ont pas toujours la faculté de se juger. […] Hugo avec austérité : pour cela il ne faut point porter soi-même sur ses facultés les troubles d’une époque moins forte qu’elles, car, en tant que ces facultés ont voulu demeurer poétiques, cette époque ne les a ni distraites de leur but, ni étouffées, quand elle pouvait, comme dans tant d’autres, les distraire et les étouffer.