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2278. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Mais il voulait une égalité de droit qui donne à chacun la faculté de s’élever par le travail et la vertu au niveau relatif de ses forces, une assistance paternelle et fraternelle des gouvernements et des citoyens aux classes les plus déshéritées de lumières et de fortune ; une Providence de tous pour tous, exprimée et administrée par un gouvernement de la misère publique, sans faiblesse pour la paresse, sans indulgence pour le vice, mais sans insensibilité pour le vrai malheur. […] Quand le droit de tous est représenté, quand la volonté de tous est exprimée, cette volonté doit être irrésistible.

2279. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

C’est, poursuit-il, que le concours de nos consonnes, & surtout de nos E muets, occasionne trop fréquemment des cadences, ou des modulations fausses ou déplacées ; c’est que nos musiciens n’ont pas encore, comme ceux d’Italie, la liberté de s’éloigner du sens des paroles, pour exprimer tous les sentimens & peindre tous les caractères avec tel mouvement qu’il leur plaît ; c’est enfin que notre langue, n’ayant point de prosodie, notre musique ne peut avoir non plus aucun mouvement déterminé pour la mesure. […] La meilleure de toutes les musiques, disoit-on, est celle qui exprime & peint le mieux. […] Personne n’a mieux entendu que Parrhasius la partie du dessein, l’art d’exprimer les passions de l’ame. […] On a prétendu ridiculement qu’il avoit attaché un homme en croix & qu’il l’avoit tué, pour mieux exprimer le Christ mourant. […] Lanuza lui-même, dont on a si vivement sollicité la canonisation, étant provincial des dominicains, crut devoir, en conscience, présenter à Philippe II cette requête injurieuse aux jésuites, dans laquelle on s’exprime ainsi à leur sujet.

2280. (1932) Les idées politiques de la France

Or on conviendra que le terme d’indépendant exprime l’idée absolument contraire au système de dépendances qu’implique le traditionalisme. […] » Pareillement on exprimerait le second par un : « Je ne méprise presque personne !  […] Sa raison profonde du refus du drapeau tricolore, le comte de Chambord l’a exprimée dans ce mot : « Je ne veux pas être le roi légitime de la Révolution ». […] L’âme d’un vieux pays ne peut s’exprimer que par un pluralisme d’idées, pluralisme d’idées dont un extrême péril peut faire, comme en 1914 (c’est la définition que Ribot donne de l’attention) un monoïdéisme momentané, mais qui, une fois dispersées les causes qui produisaient l’attention et la tension, revient à un polyidéisme normal.

2281. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Mais je désire qu’on ne prenne pas cette impartialité voulue pour de l’indifférence, et j’espère que le public aura le plus souvent deviné ma pensée quand il ne m’a pas été donné de l’exprimer, par déférence pour un travail consciencieux, quel qu’il soit. […] Probablement mon visage, à moi, exprimait une résolution extraordinaire, car je reconnus à ses yeux, dès que nos regarda se furent rencontrés, qu’il venait de lire jusqu’au fond de ma pensée. […] Ce qu’était Loisillon, ce qu’il avait fait dans ses soixante-dix ans de séjour parmi les hommes, la signification de cette majuscule brodée d’argent sur la haute tenture sombre, bien peu la savaient dans cette foule uniquement impressionnée par ce déploiement de police, tant d’espace laissé au mort ; — toujours les distances, et du large et du vide pour exprimer le respect et la grandeur ! […] En bas, le fleuve roule, nuancé de nuit, entre ses files de réverbères, qui clignotent avec cette vie silencieuse de la lumière, inquiétante comme tout ce qui se meut, regarde, et ne s’exprime pas.

2282. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Croyez-vous que tant de douceur, de bonté, de charme (je ne puis exprimer autrement ce que vous avez pour moi) soit aisément remplacé et aisément oublié ? […] Les Mallet du Pan, les Ferrand, ne sont en rien ses hommes, et plus d’une de ses lettres s’exprime sur leur compte assez plaisamment184. […] Dans ce qui suit, on devra aussi reconnaître la prédisposition opposante de Benjamin Constant, ses opinions libérales Préexistantes, ses instincts de justice politique, le tout exprimé, il est vrai, avec une parfaite irrévérence et avec cette pointe finale d’impiété qui caractérise en lui sa période voltairienne.

2283. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Cette lettre, qui est un dernier épanchement et qui exprime toutes les douleurs saignantes de Du Bellay, porte la date du 5 octobre 1559, et parut cette année même dans le Recueil intitulé : Tumulus Henrici secundi…, per Joach. 

2284. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Celle-ci avait écrit beaucoup et de longue main, dans ses loisirs solitaires, sur toutes sortes de sujets ; elle arriva à la publicité, prête et mûre ; ses pages, tracées à la hâte et d’un jet, attestent une plume déjà très-exercée, un esprit qui savait embrasser et exprimer à l’aise un grand nombre de rapports.

2285. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

C’était l’opinion de Bordeu et des physiologistes, la même que Cabanis a depuis si éloquemment exprimée.

2286. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Au reste, ce n’est pas nous qui refuserons à François Ier des traits d’emprunt ou de rencontre, des saillies heureuses, des maximes galantes et un peu subtiles, quand il suffit d’un petit nombre de vers pour les exprimer ; il n’y a rien là qui excède la portée de talent qu’on est en droit d’attendre d’un prince spirituel et qui avait eu de tristes loisirs pour s’exercer.

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