Jean Reynaud nous paraît un des plus dignes d’attention et d’estime ; car il exprime un penchant de l’esprit public, et mérite à ce titre d’être examiné tout au long. […] Car le drame ou le roman isolé, ne comprenant qu’une histoire isolée, exprime mal la nature. […] Quand les conceptions sont contrôlées une à une par l’expérience, elles peuvent exprimer la nature des choses qu’elles représentent ; mais quand elles se développent d’elles-mêmes et d’elles seules, elles n’expriment que la nature de l’esprit qui les forme. […] Pour les exprimer, il abusait du roman, comme Shakespeare du drame, lui imposant plus qu’il ne peut porter. […] On aimait plus l’expression que la chose exprimée, et le style que l’âme.
un maître-vocable tout battant neuf, sur lequel je m’exprimais ainsi dans une biographie d’Anatole Baju à paraître incessamment, les Hommes d’Aujourd’hui, de notre sage et temporisateur ami Vanier « Décadisme est un mot de génie, une trouvaille amusante et qui restera dans l’histoire littéraire ; ce barbarisme est une miraculeuse enseigne. […] Son enthousiasme, calmement exprimé — il parlait avec une certaine, non pas lenteur ni préciosité, mais précision légèrement appuyée, — son enthousiasme, tout juvénile vraiment, étonnait et charmait délicieusement, je vous assure, chez cet homme de déjà quarante-huit ans qui sur tant de choses et de gens paraissait si déterminément sceptique. […] Non, car la vie sentie, exprimée même bien, même admirablement, ne suffit pas à cette tâche. […] Pourtant l’homme, qui était sous le tout jeune homme un peu pédant que j’étais alors, jetait parfois ou plutôt soulevait le masque et s’exprimait en plusieurs petits poèmes, tendrement. […] Au contraire, je ne dirai pas des remords, il n’en ressentit pas, ne se repentant pas, mais du regret et du dépit, puis quelques consolations, compensations plutôt, l’inspirèrent dans son troisième recueil : Romances sans paroles, ainsi dénommées pour mieux exprimer le vrai vague et le manque de sens précis projetés.
. — Je ne te domine pas ; je t’exprime une part de ta propre conscience, jusqu’à ce moment inconnue de toi. […] Car le poète est celui qui exprime l’univers selon son âme et qui l’exprime d’autant mieux qu’il en devine l’harmonie, — par un simple rameau de rosier qui se balance… Ô créateur inconscient où se résume parfois la conscience de Tout, je t’aime ! […] Enfin vos vers témoignent d’une personnalité fâcheuse, outrancière et, si j’ose m’exprimer ainsi, insuffisamment symbolique. […] Je comprends à présent que, maintes fois, lorsque je me suis adressé à autrui, c’était toi qui t’exprimais par ma bouche, — notamment chez l’Ermite. […] Je tâche d’exprimer des sentiments simples, — tels que je les ressens.
On trouve en effet, dans cet ouvrage, des vérités utiles énergiquement exprimées. […] Cicéron se plaint, dans ses traités philosophiques, de ne point trouver de termes dans sa langue pour exprimer des idées très familières aux philosophes de la Grèce. […] quelle femme digne d’inspirer ses chansons, s’est jamais exprimée de cette manière sur le peintre de l’amour et du plaisir ! […] La première est sentencieuse, et revient aux mêmes locutions pour exprimer des choses nouvelles ; la seconde aime à s’étendre en paroles, et répète souvent, dans les mêmes phrases, ce qu’elle vient déjà de dire. […] La phrase, en un mot, est toujours d’accord avec ce qu’elle doit exprimer.
L’Énéide pouvait offrir bien des beautés originales à exprimer en français ». […] Il n’y a rien qu’un bon poète ne puisse exprimer avec des vers réguliers. […] Il n’y a rien qu’un bon poète ne puisse exprimer avec des vers réguliers. […] Cette difficulté de s’exprimer le rendait timide et l’empêchait de parler en public. […] Je ne pus m’empêcher de lui exprimer le regret qu’il n’eût pas encore publié son journal de route.
Il s’en exprime avec charme : « Ma chimie, écrit-il, a commencé aujourd’hui : de superbes expériences ont inspiré une espèce d’enthousiasme. […] Le grand Arnauld, par exemple, est tout aussi grand logicien que La Bruyère ; il trouve des vérités aussi difficiles, aussi rares, je le crois ; mais La Bruyère exprime d’un mot ce que l’autre étend. […] Depuis des années, les chagrins intérieurs, les instincts infinis, une correspondance active avec son ancien ami le Père Barret, le souffle même de la Restauration, l’avaient ramené à cette foi et à cette soumission qu’il avait si bien exprimée en 1803, et dont il relut sans doute de nouveau la formule touchante.
Le rire délicat, ce rire de l’esprit, que provoque le ridicule finement exprimé, laisse une arrière-pensée triste et comme un arrière-goût d’amertume ; le gros rire, que ne suit aucune réflexion, réjouit le cœur et fait circuler le sang. […] Un jaloux menacé dans celle qu’il aime, un systématique vaniteux qui voit tous ses plans tourner contre lui, une fille qui craint d’être mariée malgré elle, n’ont pas le loisir devoir du trait ; leur esprit, c’est de sentir et d’exprimer fortement ce qu’ils sentent. […] C’est dans cette langue que s’exprime tout homme touché de quelque intérêt sérieux ; c’est ainsi que la parlent, an moment où ils ne sont que des hommes, les écrivains mêmes qui la violent dans leurs livres.
Mais elle implique, pour tous les citoyens ou du moins pour une partie privilégiée d’entre eux, le droit et l’habitude d’exprimer leur opinion sur les objets d’intérêt général, et par suite des conflits, une lutte entre les différentes convictions. […] Je n’ai plus qu’à redire ce qu’on peut du moins pressentir : à savoir que le régime démocratique, une fois établi, consolidé, organisé, sera, comme les autres, et probablement plus que les autres, parce que la sélection du talent s’opérera sur un beaucoup plus grand nombre de cerveaux, paré et couronné d’une littérature qui exprimera de façon supérieure l’équilibre retrouvé par la société. […] Il est toujours curieux de rechercher pourquoi telle littérature provinciale, assoupie durant des siècles, comme celle qui s’exprime en langue d’oc, a repris tout à coup vigueur et faveur.
Les Indiens ont dans leurs proverbes une image qui exprime pittoresquement et physiquement cette vérité : De quelque côté que vous incliniez la torche, la flamme se redresse et monte vers le ciel. […] Si un seul mot sacré pouvait jamais exprimer Dieu, et les rapports de l’homme avec Dieu, et les rapports de Dieu avec l’homme, toutes les langues et toutes les littératures humaines mourraient sur les lèvres ; elles n’auraient plus rien à dire ; tout serait dit ! […] Je ne pleurai pas, parce que j’ai les larmes rares à l’enthousiasme comme à la douleur, mais je remerciai Dieu à haute voix, en me relevant, d’appartenir à une race de créatures capables de concevoir de si claires notions de sa divinité, et de les exprimer dans une si divine expression. » Si le poète inconnu qui avait écrit ces lignes quelques milliers d’années avant ma naissance, assistait, comme je n’en doute pas, du fond de sa béatitude glorieuse, à cette lecture et à cette impression de sa parole écrite, prolongée de si loin et de si haut à travers les âges, que ne devait-il pas penser en voyant ce jeune homme ignorant et inconnu dans une tourelle en ruine, au milieu des forêts de la Gaule, s’éveillant, s’agenouillant, et s’enivrant, à quatre mille ans de distance, de ce Verbe éternel et répercuté qui vit autant que l’âme, et qui d’un mot soulève les autres âmes de la terre au ciel !