Georges Rency « Il faut y voir seulement l’expression sincère d’émotions différentes selon la grâce et la variété des jours. » — « Ils sont la guirlande, un peu frivole, d’une adolescence studieuse et contemplative. » Et, il est vrai, ces vers ne sont que cela, mais c’est assez pour qu’ils soient délicieux.
On n’y trouve point, à la vérité, ces traits de force qui étonnent l’Auditeur, ces tableaux énergiques qui le frappent, ces grands mouvemens qui l’entraînent : mais il est aussi très-éloigné de cette affectation de descriptions frivoles, plus propres à amuser qu’à instruire ; de ces portraits où l’on s’occupe plus du coloris, que de la vérité ; de cette recherche d’esprit qui éteint le feu de l’action, & invite à croire qu’on n’est pas plus persuadé soi-même, qu’on ne s’inquiete de persuader les autres ; de ces pensées plus fines que solides ; de ces tours plus brillans que naturels ; de ces expressions plus mondaines qu’oratoires ; ressources indignes de la majesté de la Chaire, & plus ajustées au ton des fauteuils académiques, où le sommeil de celui qui parle, est le précurseur de celui des personnes qui écoutent.
Petau sont plus étonnantes par leur facilité, que par la force des pensées & l’énergie des expressions ; mais elles ont fourni à l’Abbé Fraguier une observation qui contribue à sa gloire.
L'idée principale de ce Discours est grande, les tableaux en sont frappans, les détails pathétiques, les preuves lumineuses, le style riche en images & en expressions.
Qu'on lise l'Ode qu'il a composée sur ce sujet, & qui passe pour son chef-d'œuvre : on verra que ce n'est qu'une déclamation vague, un tissu de phrases détachées, d'expressions boursoufflées, qui ne disent rien, fumum ex fulgore, non ex fumo dare lucem, cogitat.
Nous avouerons qu'il en a besoin ; mais tout Lecteur sage, judicieux, oubliera volontiers l'expression en faveur des questions neuves qu'il discute dans son Ouvrage, & de la solidité avec laquelle il développe les vrais principes.
Avec des expressions si heureuses, pouvoit-il espérer de se faire bien des partisans parmi les personnes dont les suffrages ne s'accordent qu'à la raison & à l'honnêteté ?
Section 11, que les beautez de l’execution ne rendent pas seules un poëme un bon ouvrage, comme elles rendent un tableau un ouvrage precieux Il n’en est pas des poëtes, qui n’ont d’autre merite que celui d’exceller dans la versification, et qui ne sçavent pas nous dépeindre aucun objet capable de nous toucher ; mais qui, pour me servir de l’expression d’Horace, ne mettent sur le papier que des niaiseries harmonieuses, comme des peintres dont je viens de parler.
Enrichie des dépouilles de ses deux rivales, elle est enfin parvenue aujourd’hui à les surpasser en clarté, & à les égaler presque pour l’énergie, l’expression, la douceur & l’harmonie. […] On y rencontre pourtant quelquefois de ces heureux élans de l’ame, de ces expressions naïves du sentiment, que l’esprit tenteroit en vain d’imiter : comment ne leur seroit-il pas échappé de ces expressions heureuses, ils avoient la nature & l’amour pour maîtres ! […] Les mœurs influèrent donc sur le goût de ces deux grands hommes, & imprimèrent à leurs ouvrages ce sentiment dans l’expression, ce caractère de vérité, qui les distinguent si essentiellement, & dont jusqu’à présent aucun Auteur Tragique n’a pu se flatter d’approcher. […] Quelle justesse & quelle netteté d’expression ! […] Jamais siècle n’a mêlé à son escrime, pour me servir des expressions de Montagne(*), tant d’injures & tant d’indiscrétions.