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157. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

L’existence de ces groupes n’aurait qu’une signification très bornée, si l’un se trouvait être exclusivement adapté à vivre sur la terre et un autre dans les eaux, celui-ci à se nourrir de chair, celui-là de végétaux, et ainsi de suite. […] Ainsi, l’existence d’une libre communication entre les narines et la bouche est, selon Owen, le seul caractère qui distingue universellement les reptiles des poissons. […] Les ressemblances de structure que les embryons d’animaux très différents, mais de la même classe, peuvent avoir entre eux, n’ont souvent aucune relation directe avec leurs conditions d’existence. […] Pourquoi la structure de l’embyron n’a-t-elle aucun rapport à ses conditions d’existence, sauf dans le cas où il doit traverser une période de vie active, pendant laquelle il devra pourvoir lui-même à sa conservation et à sa nourriture ? […] Car, en pareil cas, il serait indispensable à l’existence de ces espèces que les descendants se modifient dès le jeune âge, de la même manière que les ancêtres, par rapport à leurs habitudes semblables.

158. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Enfin rien de plus problématique que l’existence de l’atome lui-même. […] Elle le montre en effet ; et nous admettrons sans peine, quant à nous, l’existence d’une relation entre l’état actuel et tout état nouveau auquel la conscience passe. […] Il y met en balance les plaisirs et les peines, comme autant de termes auxquels on pourrait attribuer, au moins par abstraction, une existence propre. […] Même, ces inclinations opposées ont seules une existence réelle, et X et Y sont deux symboles par lesquels je représente, à leurs points d’arrivée pour ainsi dire, deux tendances différentes de ma personne à des moments successifs de la durée. […] C’est que nous le connaissons déjà ; c’est que, arrivé au terme du progrès qui constitue son existence même, le fait psychologique devient une chose, qu’on peut se représenter tout d’un coup.

159. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Les tragédies des existences privées se confondent pour nous dans l’immense tragédie collective. […] L’existence humaine n’a pas de sens humain. […] Moins un homme agit, plus il a de goût pour la représentation d’une existence énergique et agissante. […] Celui de l’Infirmerie spéciale vient d’être pris à même son existence coutumière. […] Le rôle du soldat est de les leur rappeler, par sa seule existence.

160. (1922) Gustave Flaubert

Il le disait lui-même, il avait porté comme un fardeau les quelques liaisons de son existence. […] Et cette existence nue devient pour elle l’existence tout entière en tant que fardeau. […] Il connaissait l’existence humaine tout du long et s’y attablait sur les deux coudes avec sérénité ». […] Mais supposez-le sans argent : il aura exactement le genre d’existence du « héros » du Vin en bouteilles. […] Dessiner ironiquement des existences qui se défont, ce fut l’œuvre des Maupassant, des Zola et des Huysmans.

161. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires relatifs à la Révolution française. Le Vieux Cordelier, par Camille Desmoulins ; Les Causes secrètes ou 9 thermidor, par Villate ; Précis du 9 thermidor, par Ch.-A. Méda, Gendarme »

Jusque-là, en effet, chaque parti triomphant avait été pour le parti abattu un vainqueur, peut-être injurieux, mais non cruel, plus jaloux de l’existence politique de son rival que de son sang. […] C’était la première fois que ce parti parlait de modération et de fatigue ; Danton et ses chefs ne l’y avaient pas accoutumé ; jusqu’alors, pleins de passions et d’audace, ils n’avaient reculé devant aucune exagération, faibli devant aucune violence, s’ils l’avaient jugée nécessaire ; la morale, selon eux, se taisait dans les grandes affaires de la politique ; et récemment, sans haine personnelle contre les Girondins, ils avaient coopéré à leur ruine, parce que leur existence les gênait.

162. (1923) Paul Valéry

L’œuvre de Paul Valéry contribue aujourd’hui à nous prouver l’existence de ce dialogue. […] Il ne s’inquiète pas des difficultés que peut rencontrer le lecteur, à l’existence duquel il ne croit guère. […] Mais non… Une chute, une descente dans une existence vraiment autre. […] Cette existence des autres hommes, qui lui paraît inexplicable, tranchant le nœud gordien il la supprime. […] Cette méditation sur son existence, cette pensée qui se prend elle-même pour objet poétique, elle suffit à Valéry.

163. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre III. — Du drame comique. Méditation d’un philosophe hégélien ou Voyage pittoresque à travers l’Esthétique de Hegel » pp. 111-177

Mais si l’avare s’absorbe dans son avarice avec une naïveté sérieuse, au point de faire d’une passion si fausse et si vide le fond même de son existence, et de s’écrier dans l’égarement du désespoir le plus affreux, lorsque ce fondement se dérobe sous lui : « Je suis perdu ! […] Dans la croyance chrétienne, comme la mort ne fait disparaître qu’une existence négative, elle a le sens d’une double négation ; elle est une affirmation. […] Le développement de la personnalité permet de représenter le côté particulier de l’existence, dans la multiplicité de ses incidents, à la fois quant aux détails particuliers de la vie intime et aux circonstances extérieures au milieu desquelles l’action se déroule. […] Ainsi, bien loin d’être de simples apparences purement illusoires, les formes de l’art renferment plus de réalité et de vérité que les existences phénoménales du monde réel, te monde de l’art est plus vrai que celui de la nature et de l’histoire , t.  […] Mais, si ce qui est en soi faux se détruit par soi-même, à cause de ce semblant même d’existence, la vraie personnalité triomphe encore de cette destruction ; elle reste inviolée en soi et satisfaite.

164. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Victor Hugo » pp. 106-155

Née d’une accumulation de phrases synonymiques qu’elle couronnait et résumait, prise comme un substitut de représentations directes possibles mais ternes, employée à la tâche de plus en plus difficile et de moins en moins réussie de figurer matériellement des idées plus obscures parce que plus creuses, elle finit par devenir le vêtement de purs fantômes intellectuels, à qui elle prête seule une existence apparente. […] De même que ses phrases, ses poèmes, ses recueils, ses romans et ses drames sont le développement d’antithèses de plus en plus générales, ses personnages sont presque tous de nature double, comme dimidiés portant en eux la lutte constante ou passagère de deux passions adverses, constitués contradictoirement dans leur âme et dans leur corps, dévoyés par une crise qui retranche leur existence antérieure de leur existence actuelle. […] Elles lui font concevoir trois sortes d’âmes : celles qui sont unes et nues, invariables pendant toute leur existence factice, nettes de tout mélange, constituées comme une force physique ou un corps simple, par une seule tendance et une seule substance. […] Il sépare la vie de ses héros en deux parties, généralement de signes contraires, l’existence avant la crise, celle postérieure, toutes deux unes et cohérentes, mais d’attributs diamétralement adverses. […] Les chapitres réalistes des Misérables, ne nous sont pas inconnus, tels que la plaidoirie singulièrement navrante et comique et vraie du père Champ-Mathieu, indigné dans sa stupidité d’être pris pour le forçat Valjean, ni tout l’épisode du petit Picpus, les notes précises sur l’existence des religieuses, la bizarre conversation entre le père Fauchelevent et la mère Supérieure, ni cette excellente figure de M. 

165. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VI. Du trouble des esprits au sujet du sentiment religieux » pp. 143-159

Remarquons d’abord que dans tous les gouvernements anciens les institutions politiques ont toujours été fondées sur les institutions religieuses ; remarquons ensuite que dans les gouvernements modernes les institutions politiques se sont toujours appuyées sur les institutions religieuses ; remarquons enfin que toutes les questions qui tiennent à l’existence de la société sont des questions religieuses. […] Si les questions qui tiennent à l’existence de la société sont des questions religieuses avant d’être des questions politiques ; si ces principes s’épuisent en passant d’une sphère dans l’autre, c’est que l’homme, qui prend un intérêt très vif à ce qu’il y a d’immuable dans ses destinées, en prend beaucoup moins à ce qu’elles ont de passager. […] Les nations soumises à l’empire romain reçurent une nouvelle existence du christianisme.

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