Plus le présent était déchu et privé de tels exemples, plus on les adorait dans le passé, comme l’œuvre d’un monde meilleur. […] « L’exemple en est visible par notre souverain. […] Jusqu’à cette idée moins haute des bénédictions temporelles à joindre aux biens de l’âme, et accordées par le Dieu tout-puissant lorsqu’on les lui demande en même temps que la vertu, tout semble ici reproduit du charnel et du divin, des ombres et des clartés de la loi mosaïque, telle que la comprenait une grande partie de ses adorateurs, et telle que tous les Juifs de Palestine, de Syrie et d’Égypte, actifs, industrieux, navigateurs, commerçants, guerriers même, devaient la propager par leur exemple et leur succès. […] Certes, la morale du poëte était bien au-dessus de ces impurs exemples. […] Théocrite prouva ce qu’attestent d’autres exemples.
Elles se manifestèrent, dès 1661, par des restrictions imposées à leurs droits, déjà fort limités par les conventions de la paix d’Alais ; et dès lors, l’exemple étant donné, là persécution se généralisa et s’épanouit, dissimulée pendant les quinze premières années environ sous des apparences hypocrites de légalité. […] Le bas clergé suivait avec enthousiasme l’exemple de ses maîtres. […] Les exemples abondent. […] Un exemple seul suffirait, s’il était besoin d’un exemple pour confirmer une vérité tellement éclatante : la situation de l’Écosse avant et après Knox. […] L’exemple de l’Europe semble une réponse négative.
Pour ne pas répéter des choses déjà dites par d’autres, je choisis un petit exemple qui, dans ses détails, est assez instructif ; c’est une expérience personnelle, dont je puis garantir qu’elle ne fut pas troublée par des idées préconçues (j’ignorais alors les articles de M. […] On pourrait citer d’autres exemples, multiplier les points d’interrogation, pour conclure enfin que le raisonnement de Brunetière ne saurait ni concerner la seule tragédie, ni s’appliquer toujours à elle. […] Je prendrai comme premier exemple les cinq dernières pièces d’Alexandre Dumas fils. […] J’en ai donné quelques exemples dans une étude sur le réalisme de Flaubert (Revue d’histoire littéraire de la France, 1911, p. 1 et s.). […] Ibsen fournirait aussi une confirmation aux idées que j’ai développées sur l’évolution des genres ; je garde cet exemple, et bien d’autres encore, pour répondre, plus tard, aux sceptiques.
Dans ses œuvres rares, difficiles, toujours remaniées, qu’il prise haut, mais qu’il n’estima jamais assez terminées pour en publier lui-même le recueil, il semble avoir cherché surtout à donner des exemples d’une nouvelle et meilleure manière de faire : on dirait qu’il n’a voulu que changer le procédé et remonter l’instrument plutôt que d’en user largement lui-même. […] Il va presque toujours au-delà de son exemple, et, dans une langue inférieure à la latine, son français égale ou surpasse le latin. Il en cite quelques exemples qui, s’ils ne prouvent point la supériorité de Malherbe sur les Latins, montrent du moins une émulation savante et assez brillante. […] Romps tes fers, bien qu’ils soient dorés ; Fuis les injustes adorés, Et descends dans toi-même à l’exemple du sage.
Sur ce point seul ne suivez ni l’exemple ni les conseils de la famille ; c’est à vous à donner le ton à Versailles ; vous avez parfaitement réussi ; Dieu vous a comblée de tant de grâces, de tant de douceur et de docilité, que tout le monde doit vous aimer : c’est, un don de Dieu, il faut le conserver, ne point vous en glorifier, mais le conserver soigneusement pour votre propre bonheur, et pour celui de tous ceux qui vous appartiennent. (1er novembre 1770.) » Une des recommandations continuelles de Marie-Thérèse à sa fille et qui reviennent sans cesse et jusqu’à satiété, c’est, après celles qui regardent la santé et la vocation à être mère, de se garder des coteries, des apartés, des sociétés privées où le sans-façon domine, de ne jamais oublier qu’on est un personnage en vue, exposé sur un théâtre, ayant un rôle à remplir ; de ne se relâcher en rien, de se surveiller soi-même en tout, dans les petites choses comme dans les grandes ; de mépriser le qu’en dira-t-on, mais aussi de ne point prêter à de justes reproches. […] (31 octobre 1774.) » Et cinq ans après, quand Marie-Antoinette est reine, dans une lettre à l’abbé de Vermond, Marie-Thérèse laisse échapper ce même mot de sinistre augure et qui s’est trouvé trop prophétique : « Je suis bien touchée de vos services et attachement qui n’ont pas d’exemple ; mais je le suis aussi de l’état de ma fille, qui court à grands pas à sa perte, étant entourée de bas flatteurs qui la poussent pour leurs propres intérêts (1776). » Et pour le dire en passant, cet abbé de Vermond, tant attaqué et incriminé dans tous les mémoires du temps et toutes les histoires de Marie-Antoinette, se relève un peu, dans cette Correspondance, par l’estime constante et la confiance absolue que lui témoigne Marie-Thérèse : c’est là aussi un suffrage qui compte et qui vaut bien qu’on le mette en balance avec celui de Mme Campan. […] A la longue vous ne pouvez être heureuse que par cette tendre et sincère union et amitié. (30 mai 1776.) » Ne croyez pas cependant que tout cela passe sans réponse ; Marie-Antoinette qui n’a pas seulement de la grâce, mais qui a un bon jugement quand son attention est appelée sur un point, se justifie assez bien en général ; elle coule sur de certains reproches, elle se défend mieux sur d’autres, et, en ce qui est de l’exemple de ses deux belles-sœurs qu’on lui oppose, elle répond ici en vraie femme et avec beaucoup de finesse : « Je n’ai rien à dire contre mes belles-sœurs avec qui je vis bien ; mais, si ma chère maman pouvait voir les choses de près, la comparaison ne me serait pas désavantageuse. […] » Ce dernier mot est dit à l’occasion des jeux de hasard, dont la reine donnait l’exemple et qu’elle favorisait.
Ces exemples rares, et tous deux étrangers, semblent mériter qu’on ne les oublie pas. […] Il a donné le premier exemple et le modèle de ces ouvrages où la science est ornée, enjolivée et sophistiquée à l’usage des dames, de ces ouvrages métis, tels qu’en ont composé sur divers sujets les Pougens, les Aimé Martin, ces émules de Demoustier encore plus que de Fontenelle : c’est là le côté frivole. […] Le premier exemple de ce mode d’exposé lucide et agréable a été donné par Fontenelle dans ses Mondes et ailleurs. […] Fontenelle, avec La Motte, était sur le point de prendre le sceptre sous la Régence, et de donner le ton à la littérature, quand Voltaire parut à point nommé pour neutraliser dans le public l’effet de cette influence au moins équivoque, et, tout jeune qu’il était, il avertit insensiblement par son exemple l’académicien raffiné et réfléchi, que le moment était venu d’être plus simple.
Je commencerai par citer tout d’abord de lui une page célèbre, et qui rassemble, dans un exemple sensible, la fleur de ses plus habituelles et coutumières qualités. […] Parquoi Numa, pensant bien que ce n’étoit pas petite ne légère entreprise que de vouloir adoucir et ranger à vie pacifique un peuple si haut à la main, si fier et si farouche, il se servit de l’aide des dieux, amollissant petit à petit et attiédissant cette fierté de courage et cette ardeur de combattre, par sacrifices, fêtes, danses et processions ordinaires que il célébroit lui-même… Et plus loin, marquant que, durant le règne de Numa, le temple de Janus, qui ne s’ouvrait qu’en temps de guerre, ne fut jamais ouvert une seule journée, mais qu’il demeura fermé continuellement l’espace de quarante-trois ans entiers : Tant étoient, dit-il, toutes occasions de guerre et partout éteintes et amorties : à cause que, non seulement à Rome, le peuple se trouva amolli et adouci par l’exemple de la justice, clémence et bonté du roi, mais aussi aux villes d’alenviron commença une merveilleuse mutation de mœurs, ne plus ne moins que si c’eût été quelque douce haleine d’un vent salubre et gracieux qui leur eût soufflé du côté de Rome pour les rafraîchir : et se coula tout doucement ès cœurs des hommes un désir de vivre en paix, de labourer la terre, d’élever des enfants en repos et tranquillité, et de servir et honorer les dieux : de manière que par toute l’Italie n’y avoit que fêtes, jeux, sacrifices et banquets. […] Or, Amyot est un Rollin plus fort, venu cent cinquante ans auparavant, qui a eu l’initiative dans son genre, qui a le premier donné l’exemple d’une grande traduction d’après le grec en français, et qui a eu le génie de la diction toutes les fois que la pensée d’un ancien lui a souri. […] Fénelon, dans sa Lettre à l’Académie, citait Amyot comme exemple de ce qu’il y a de plus regrettable dans le vieux langage.
Ainsi, non par l’imitation d’exemples ignorés, mais par une rencontre naturelle, la politesse sociale renaissait parmi nous, sous ces mêmes influences de chants et de poésie que les anciens regardaient comme ayant civilisé le monde. […] Ailleurs, vers le même temps, sous un autre ciel, mais dans une langue analogue, un guerrier bien autrement célèbre et redoutable, l’héritier d’un des puissants monarques de la croisade, le petit-fils de Frédéric Barberousse, l’empereur Frédéric II, allait protéger la poésie par son exemple autant que par ses bienfaits. […] Avec eux, à l’exemple des Provençaux, il faisait des sonnets subtils sur l’amour ; comme eux, il était raffiné et parfois bizarre. […] Et pourtant, si nous voulons, après Pindare, après Horace, donner une image de cette poésie sublime et calme qui retraçait, pour les anciens, les révolutions capricieuses du sort et les met tait au-dessous du courage et de la vertu, c’est au poëte de la Divine Comédie qu’il faudrait demander cet exemple.
Sans doute, monsieur le ministre, la pensée de l’arrêté du 12 octobre 1851 n’a pas été de provoquer sur la première scène française la création d’un genre exclusivement moral, qui ne s’attacherait à présenter que des exemples vertueux, et à en tirer directement des leçons : un tel genre a été tenté en d’autres temps et n’a produit bien vite que monotonie, emphase et déclamation suivie de beaucoup d’ennui. […] La seconde partie de l’arrêté ministériel du 12 octobre 1851 propose une prime de 5 000 francs « à l’auteur d’un ouvrage en cinq ou quatre actes, en vers ou en prose, représenté à Paris avec succès, pendant le cours de l’année, sur tout autre théâtre que le Théâtre-Français, ou même donné pour la première fois sur un théâtre des départements, et qui serait de nature à servir d’enseignement aux classes laborieuses par la propagation d’idées saines et le spectacle de bons exemples ».