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1124. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Ce fanatisme ne déplaît pas dans les femmes chez elles, cette erreur de l’esprit a sa source dans la vivacité du cœur ; elles admirent, comme elles aiment, avec excès : leurs jugements sont des passions. […] Cette décision ne fait honneur ni aux lumières du littérateur britannique, ni l’université d’Édimbourg où il a prêché de pareilles erreurs. […] Cette assertion renferme deux erreurs : d’abord il est faux qu’un personnage ne puisse intéresser à moins qu’il ne soit en danger de mourir : la mort n’est pas le plus grand des malheurs. […] Toute la société riant de sa bonhomie, il assura qu’on était dans l’erreur, et que jamais ouvrage ne lui avait fait tant de plaisir : Credat judæus Apella. […] Dans quelles erreurs ne l’ont pas jeté des recherches infidèles !

1125. (1883) Le roman naturaliste

C’est alors qu’il essaya du théâtre ; — et ce fut sa dernière erreur. […] Flaubert n’a pas voulu railler, ou soutenir quelque gageure, c’est bien ici la plus singulière erreur d’artiste qu’il eût encore commise. […] Son erreur n’en est alors que plus extravagante. […] Erreur ! […] C’est une erreur, à notre avis.

1126. (1890) Le réalisme et le naturalisme dans la littérature et dans l’art pp. -399

La pire des erreurs serait de prendre ses ignorances pour des calculs, et de voir des intentions où il n’y a que des impuissances. […] La critique réaliste de notre temps, qui recourt si volontiers à l’argument du nombre, dira que cette fécondité même fournit la meilleure présomption en faveur de ses doctrines, l’erreur n’allant pas d’ordinaire avec tant de vitalité. […] Les archéologues de profession, les orientalistes, les égyptologues, les assyriologues, relèvent en ces œuvres de nombreuses erreurs ; pour nous, profanes, un aveu nous est imposé : ces peintures savantes, dont nous nous déclarons mal satisfaits à tant d’autres égards, ont du moins une certaine force évocatrice et donnent une vie, factice à coup sûr, mais assez mouvementée par instant et d’une variété curieuse, à des races qui n’ont que très peu de conformités générales soit entre elles, soit avec nous. […] Tant d’exactitude n’a pu désarmer le réalisme didactique ; il a l’air d’ignorer ces tentatives, quand il ne les traite pas d’« erreurs », comme le roman de Salammbô ; et il s’en prend directement aux romantiques et aux classiques, qu’il accuse d’avoir gâté l’art en le forçant d’aller chercher ses sujets dans la légende et dans l’histoire.

1127. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

On y comptait Belleau, que Ronsard a surnommé le Peintre de la nature & qui l’imitait avec assez de graces ; Ronsard lui-même, qui essaya d’enrichir notre Langue & qui la rendit encore plus barbare ; Dorat, qui obtint le surnom de Pindare Français, pour avoir fait cinquante mille vers Grecs ou Latins ; Baïf, qui essaya d’introduire dans les nôtres la cadence & la mesure des précédens ; Ponthus de Thiard, qui peignit assez vivement les erreurs & les plaisirs de l’amour ; Jodelle, qui essaya le premier de donner à la Tragédie & à la Comédie Française la forme qu’elle avait chez les anciens ; mais qui ne trouva pas, comme eux, une Langue propre à seconder son génie. […] D’une main légere & badine, L’ingénieux, le séduisant Gresset, Figurait à nos yeux l’immortel Perroquet De la troupe visitandine ; Ses erreurs, sa saine doctrine, Son jargon militaire, & son dévot caquet. […] L’erreur est un bienfait des Dieux Qui vous console & vous soulage. […] Le tribunal admirait l’imagination de cet Auteur qui a si bien écrit contre l’imagination, qui a si bien montré les erreurs des sens, & qui n’est pas lui-même exempt d’erreurs.

1128. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Est-elle une erreur d’un instant ? […] L’erreur des psychologues est de même sorte. […] Admettez qu’il se soit trompé dans la formule de ses théories et qu’il leur ait donné une défectueuse application, son erreur ne signifierait rien. […] Lettre suit. » La lettre démontre en effet que le naturalisme avait été inhumé par erreur et qu’il était on ne peut mieux portant. […] Mais il y a là une erreur, un malentendu évident où les jeunes gens sont tombés et qu’il est peut-être bon d’éclaircir.

1129. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Ne sont-ce pas plutôt les études que Poquelin fit chez les Jésuites, recevant tous les jours des enfants destinés à rester laïques, qui auront donné lieu à cette erreur, bien évidente, puisque ses parents, loin de vouloir le consacrer à l’exercice du culte, l’avaient fait admettre dans la survivance de tapissier valet de chambre du Roi ? […] Molière, à l’exemple de Montaigne, a poursuivi par une satire raisonnée des charlatans qui spéculaient sur la crédulité et l’amour de la vie, et que leur ignorance et leur entêtement entraînaient dans des erreurs non moins fréquentes que funestes à l’humanité. […] Mais nous ne craignons pas d’affirmer, ce que les faits que nous avons rapportés plus haut ont d’ailleurs démontré, que cette opinion ne repose que sur une erreur en histoire médicale, sur une sorte d’anachronisme. […] Je n’eus que trop de moyens de me convaincre de mon erreur : et la folle passion qu’elle eut quelque temps après pour le comte de Guiche fit trop de bruit pour me laisser dans cette tranquillité apparente. […] Cette excuse, bien faible lors même qu’elle serait digne de quelque foi, n’est qu’une erreur volontaire.

1130. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Sans y toucher, M. de Broglie relève, ou nous suggère de relever une véritable erreur de Sainte-Beuve à cet égard. […] Deux points surtout, assez secondaires, du reste, m’irritent dans l’enseignement de Malherbe et me paraissent de véritables erreurs : la proscription des diminutifs et la proscription de l’hiatus. […] Ces jeunes gens furent, aussi, très amoureux de Stendhal, et ici ils commirent, je crois, une erreur, mais qui s’explique fort bien et qui est assez naturelle. […] Tolstoï et contient exactement la même erreur en sens inverse. […] Touchante erreur que nous devons bénir ; car sans elle nous serions très dénués.

1131. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

Musset achevait d’user dans la débauche une vie dont l’erreur avait été de vouloir se conformer au caractère de sa poésie : l’enfant terrible du parti en était devenu la plus lamentable victime ! […] Elles sont l’œuvre d’Auguste Comte, — dont on ne s’attend pas que nous résumions ici le Cours de philosophie positive (1831-1842), — mais dont il faut bien savoir que le grand effort a été dirigé contre la prétention de l’éclectisme à faire du Moi le juge de l’erreur ou de la vérité contenue dans les systèmes. […] Ils n’ignorent pas qu’ils sont hommes, sujets comme tels à l’erreur, et, de plus, imbus de préjugés qu’ils tiennent de leur naissance, ou de leur éducation, ou de la nature actuelle de leurs intérêts. Mais précisément, erreurs ou préjugés, leur méthode n’a pour objet que de les affranchir des uns, de les préserver des autres, et ils mettent leur honneur, on serait tenté de dire leur amour-propre professionnel, à n’être que les greffiers impartiaux du passé. […] D’une autre erreur que l’on commet sur Béranger ; — en se le représentant comme un « bonhomme », de la famille de La Fontaine ; — qui déjà n’en fut pas un [Cf. ci-dessus l’article La Fontaine] ; — et qu’à vrai dire, dans le combat qu’il a livré au gouvernement de la Restauration, — peu d’adversaires ont été plus déloyaux [Cf. 

1132. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Or, je vous le demande, messieurs, chez une nation qui depuis peu se livre à la funeste manie de tout mettre en discussion, non seulement les lois de l’État, mais encore, ce qui est bien plus grave, la gloire de ses Académies, quels immenses progrès l’erreur et le faux goût ne peuvent-ils pas faire pendant quatre années ? […] Moquons-nous en passant de la pauvreté si ridicule de ces bons écrivains allemands, qui dans un siècle où la notice se vend au poids de l’or, et où le rapport mène à tout, disposés à l’erreur par leur sincérité 4, se contentent, avec un goût que j’appellerai si mesquin, d’une vie frugale et retirée qui les éloigne à jamais de la pompe des cours, et des brillantes fonctions qu’on y obtient pour peu qu’on ait de savoir-faire et de souplesse. […] Villemain, l’un d’eux, celui qui, au dire de son propre journal, réfute, et de si haut 37, les erreurs des Romantiques, va jusqu’à placer le fleuve de l’Orénoque dans l’Amérique du nord 38.

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