XV Il en fut de même, enfin, pour la Pologne, quand, à la tête d’une émeute de trente mille vociférateurs recrutés dans les rues de Paris, les Polonais voulurent nous imposer la folie d’une déclaration de guerre au continent tout entier pour la cause malheureusement trois fois jugée de la Pologne. […] Paris tout entier se leva pour réprimer cet outrage à sa représentation, et pour désavouer cette diplomatie en haillons qui jetait des cris sans les comprendre. […] La moitié de l’humanité serait éternellement occupée à massacrer l’autre moitié ; et, ces moitiés de croyants se divisant de nouveau en sectes antipathiques, l’humanité tout entière finirait par être immolée au dernier croyant ! […] C’est ainsi que l’Europe, vaincue, attaquée, opprimée depuis Madrid jusqu’à Moscou par Napoléon, de 1806 à 1813, finit par s’allier tout entière contre la France, instrument de gloire dans la main d’un César français, par trouver son salut dans cette alliance de tous contre un, et par dicter deux fois la paix dans la capitale de la guerre.
Il disait un jour (on m’a rapporté son mot) : « J’ai un avantage sur Lamartine : c’est que je le comprends tout entier, et qu’il ne comprend pas la partie dramatique de mon talent. » C’était juste et c’était vrai. […] Nous avions résolu, après la victoire symbolique du drapeau tricolore, de fixer la Révolution, qui reculait déjà dans le possible, en la passant en revue tout entière au milieu de la place de la Bastille, et de la rallier avec tous les citoyens et toute la garde nationale, cette raison et cette force irrésistibles, à la vraie France, en la montrant vaste, enthousiaste, unanime, aux démagogues et aux songe-creux de l’utopie. […] » Et la salle entière retentit des vociférations approbatives de la résolution des chefs. […] Je craignais que cette émotion, toute de reconnaissance et de bonne intention au début, ne gagnât de rue en rue la ville, n’accumulât une armée entière sur nos pas et ne rallumât dans la multitude l’apparence des séditions que nous nous félicitions d’avoir apaisées.
Il est de belles âmes dont nous ne devons voir ici que les apparences, et dont l’entière réalisation s’achève ailleurs, dans l’autre vie. […] Ainsi nous irons jusqu’à la mort : Dieu nous a unies. » IX Vient ensuite un long récit de l’agonie et de la mort de son frère, touchant comme une passion de l’amitié ; nous le retranchons, car il faudrait le lire tout entier. […] Tout y est de cette vie et tout y est de la vie future ; deux mondes entiers, le monde naturel et le monde surnaturel s’y déroulent par pages, notes, lettres, effusions secrètes, dans ce style qui n’est pas du talent, mais qui est la nature ! […] Le portrait par la peinture, c’est un seul jour ; le portrait par la plume, c’est la vie entière !
C’est un esprit qui fonctionne tout entier et qui jamais ne fonctionne à vide. […] Et le dernier vers de Stella semble presque traduit de l’Oaristys : Je m’abandonne entière, épouse, à mon époux. […] Pascal, qu’il retrouve dans son froid paradis, a beau lui dire : « Ne cherche pas davantage ; l’homme, dans cette vie nouvelle, connaît tout, hormis la cause première : La cause où la nature entière est contenue Outrepasse la sphère où l’homme est circonscrit, Elle est l’inabordable et dernière inconnue Du problème imposé par le monde à l’esprit. » Il est bon, là, Pascal ! […] Pascal n’entend pas satisfaire en eux cette curiosité tout entière ; il leur explique pourquoi ils ne peuvent savoir.
Il est trop évident que l’œuvre entière de Byron a la plus grande affinité avec la partie la plus capitale de l’œuvre de Goethe, c’est-à-dire Werther et Faust : Byron résume en lui ces deux types, et y ajoute encore. […] On prendrait ensuite l’œuvre entière de Byron, et le type en question reparaîtrait. […] Sa poésie, donc, privée de l’espérance qui s’applique à l’Humanité tout entière, tourne à l’individualité et à l’égoïsme. […] D’abord on le voit, au printemps, dans de délicieuses campagnes, tout entier au sentiment de la Nature.
Il a été scientifique par l’effort des auteurs pour arriver à l’impassibilité, pour éliminer l’émotion personnelle, pour reproduire la réalité tout entière avec l’implacable fidélité d’un miroir, pour substituer à tout parti pris moral la leçon de choses qui se dégage de l’enchaînement des causes et des effets. […] Elles sont presque tout entières dans l’esprit. […] Un style clair, qui vaut surtout par la logique, la précision des lignes, l’enchaînement serré des idées, qui n’admet guère que des épithètes abstraites et générales ; un théâtre où les personnages sont comme détachés de leur milieu et se meuvent dans un cadre vague, indéterminé, où ils se présentent presque comme de purs esprits dont les pensées et les sentiments méritent seuls l’attention ; des tragédies simples ; d’une structure rigide et géométrique, d’une sobriété de mise en scène qui montre qu’elles s’adressent à l’âme, non aux sens ; une littérature qui se concentre tout entière dans l’étude, de l’homme civilisé, qui ne daigne ou ne sait pas voir le reste de l’univers, qui ne connaît pas la campagne, qui soumet l’imagination, « la folle du logis », aux commandements de la raison, qui marche à pas comptés, d’une allure méthodique et posée. […] Chacun sait comment Cuvier, au moyen de quelques ossements fossiles, a pu reconstruire le corps entier d’un animal dont l’espèce a disparu.
Qu’y aurait-il d’étonnant à ce que les ondulations du cerveau se propageassent, sous une certaine forme, pendant la vie entière et à ce qu’une sensation pût reparaître en l’absence de sa cause, comme le rayon de l’étoile semble se rallumer dans la nuit ? […] Ajoutons que ces réactions centrales sont, en dernière analyse, des réactions de la conscience tout entière conçue comme activité générale et volonté ; or, que la volonté réagisse sous une cause externe ou sous une excitation interne, l’intensité de la réaction pourra varier, mais sa qualité demeurera toujours sensiblement identique, si on fait abstraction de toutes les sensations concomitantes et de tous les mouvements concomitants pour ne considérer que l’émotion en elle-même. […] Les amnésies partielles montrent que des séries entières d’idées et de connaissances peuvent disparaître alors que le reste demeure intact, ce qui suppose qu’elles sont attachées au fonctionnement régulier de certaines parties du cerveau et à la division du travail entre les cellules diverses. […] Supposez qu’une boîte à musique, capable de jouer plusieurs airs, tombe à terre pendant qu’elle en joue un et que le cylindre garni de pointes se mette à rouler avec une très grande rapidité, de manière à briser ou à altérer ses pointes : un air entier pourra disparaître sans que les autres soient atteints, Tous les mouvements réflexes qui répondent à l’association des mots grecs entre eux et avec les mots français correspondants peuvent se trouver paralysés, tandis que les systèmes de réflexes répondant au français, appris dès l’enfance et solidement imprimés dans le cerveau, peuvent résister à la commotion.
À la Grèce entière assemblée, Muette, et ravie et troublée, De sa foudre il faisoit sentir les traits vainqueurs ; Et de l’art agrandi redoublant les miracles, Tonnoit, renversoit les obstacles, Et triomphoit de tous les cœurs. […] Puisque vos cœurs sont attendris, et qu’une ardente charité en a fondu la glace et amolli la dureté, allons donc tous ensemble nous jeter aux pieds de l’Empereur : ou plutôt prions le Dieu de miséricorde de l’adoucir, en sorte qu’il nous accorde la grâce entière. » Ce discours eut son effet, et saint Chrysostome sauva la vie à Eutrope. […] Corneille avoit fini sa brillante carrière, Melpomène aux douleurs se livroit tout entière ; Mais Rousseau, n’écoutant que ses nobles transports, Enfantoit chaque jour de plus brillants accords, Et savoit allier, dans son heureuse audace, La harpe de David à la lyre d’Horace. […] Tour à tour apostat de l’une et l’autre loi, Admirant l’Évangile, et réprouvant la foi, Chrétien, déiste, armé contre Genève et Rome, Il épuise à lui seul l’inconstance de l’homme, Demande une statue, implore une prison ; Et l’amour-propre enfin, égarant sa raison, Frappe ses derniers ans du plus triste délire : Il fuit le monde entier qui contre lui conspire, Il se confesse au monde, et, toujours plein de soi, Dit hautement à Dieu : Nul n’est meilleur que moi.
Enfin ils ont prouvé, par l’inconséquence de leur conduite, en sacrifiant avec un dévouement empressé aux idées fausses d’une secte impie en littérature, en accueillant avec un enthousiasme féroce les monstruosités qui leur ont été offertes, en mêlant leur voix injurieuse aux détracteurs des immortels auteurs qui avaient fait de leur théâtre le premier de l’Europe, qu’ils voulaient renoncer à l’honneur d’être les dignes interprètes des hommes de génie qui font encore la gloire de la France et l’admiration du monde entier. […] Vous ne pouvez ignorer que, pour prévenir la cabale classique12, le premier moyen qu’on emploie est de s’emparer de la salle tout entière, afin de ne vendre les stalles et les loges qu’à ses amis et à ses connaissances13. […] Mais revenons, Monsieur, à cet avantage que vous avez eu de pouvoir réclamer votre pièce aux yeux du monde entier. […] Sous un gouvernement comme le nôtre, chacun est bien libre d’avoir une opinion et de pouvoir la faire connaître tout entière.