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334. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Légendes françaises. Rabelais par M. Eugène Noël. (1850.) » pp. 1-18

Dolet y fait parler un pendu qui avait eu l’honneur, après son exécution, d’être disséqué dans l’amphithéâtre public de Lyon par Rabelais en personne, ou qui du moins lui avait fourni le sujet d’une belle leçon d’anatomie : En vain la Fortune ennemie a voulu me couvrir d’outrages et d’opprobre, disait le pendu dans les vers de Dolet ; il était écrit qu’il en serait autrement. […] On y peut voir au long les bulles que Rabelais eut l’habileté d’obtenir du Saint-Siège pendant un de ses voyages de Rome à la suite du cardinal Du Bellay, et par lesquelles il se mit prudemment en règle du côté de ses ennemis de France. […] Il ne s’amuse pas à rompre des lances, « car c’est la plus grande rêverie du monde, remarque Rabelais, de dire : J’ai rompu dix lances en tournoi ou en bataille ; un charpentier en feroit bien autant ; mais une louable gloire, c’est d’une lance d’avoir rompu dix de ses ennemis ».

335. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Il sort de Philadelphie, entouré d’une cavalcade d’honneur de trois cents concitoyens qui l’accompagnent jusqu’au port ; et, laissant derrière lui beaucoup d’amis dévoués et aussi bon nombre d’ennemis politiques, il s’embarque encore une fois pour l’Angleterre (novembre 1764). […] C’était là que l’attendaient ses ennemis (car à cette date Franklin en avait beaucoup, et les passions des deux parts étaient à leur comble). […] Il assistait à la discussion comme spectateur ; une nouvelle insulte imprévue fut dirigée contre lui par l’un des orateurs, lord Sandwich, qui nia que la proposition pût venir en réalité d’un pair d’Angleterre : Se tournant vers moi, qui étais appuyé sur la barre, nous dit Franklin, il ajouta qu’il croyait avoir devant les yeux la personne qui l’avait rédigée, l’un des ennemis les plus cruels et les plus malfaisants qu’avait jamais eus ce pays !

336. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

Ils abattent encore un ennemi ; puis, tôt ou tard, ils succombent, et, se traînant pâles captifs, rendent à la mort le dernier soupir. […] Au-dessus, nous avons étendu la rose blanche comme neige, enlacée à sa rougissante ennemie. […] Ils n’ont pas eu besoin de l’être, Dieu merci pour l’Angleterre, qui, tant de fois envahie dans les commencements du moyen âge, n’a pas vu, depuis sept siècles, la fumée d’un bivouac ennemi ; il n’y a pas eu pour elle l’occasion de cette verve de délivrance nationale, qui, du dix-huitième siècle jusqu’à nous, de Gleim à Körner, a fait revivre dans l’Allemagne moderne les bardes du Nord.

337. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les petites revues » pp. 48-62

Leurs aînés s’étaient montrés assez durs pour qu’ils pussent les traiter à leur tour, en ennemis, sans avoir à s’embarrasser d’aucun scrupule. […] Le cœur se fait comprendre par des analogies parce qu’il ne le peut par des définitions lesquelles ne sont pas de son ressort… La poésie a pour ennemie mortelle la méthode scientifique… « Sully Prudhomme. »   « La poésie ne peut être définie, heureusement, car, si l’on parvenait à l’enfermer dans une formule, personne n’en serait plus épris.

338. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIV. Rapports de Jésus avec les païens et les samaritains. »

Les vaines pratiques des dévots 635, le rigorisme extérieur, qui se fie pour le salut à des simagrées, l’avaient pour mortel ennemi. […] Quelquefois, en effet, les Samaritains le recevaient mal, parce qu’ils le supposaient imbu des préjugés de ses coreligionnaires 665 ; de la même façon que de nos jours l’Européen libre penseur est envisagé comme un ennemi par le musulman, qui le croit toujours un chrétien fanatique.

339. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Corneille, et le cardinal de Richelieu. » pp. 237-252

Il faisoit en public l’éloge de celui dont il étoit l’ennemi secret. […] La bravoure n’est pas la vertu favorite des auteurs ; ou plutôt Corneille méprisa de pareils ennemis.

340. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 8, des plagiaires. En quoi ils different de ceux qui mettent leurs études à profit » pp. 78-92

Otwai, quelque chose que l’anglois n’eut pas emprunté de l’abbé de saint-Real, comme l’épisode du mariage de Servilius et la catastrophe, c’est que celui qui reprend son vaisseau enlevé par l’ennemi, est censé le maître de la marchandise que l’ennemi peut avoir ajoûtée à la charge de ce vaisseau.

341. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « De Cormenin (Timon) » pp. 179-190

Pas une seule fois il n’est monté d’un vigoureux tour de reins sur cet hippogriffe de pamphlet qui l’affole, et même à propos de ceux-là qui furent le plus directement ses ennemis politiques : Fonfrède, Guizot, Thiers, Odilon Barrot, Dupin, etc., il est toujours plus près de l’histoire que du pamphlet, et de la flatterie que de l’histoire ! […] … P. 335 : « Des bras sillonnés par les boulets de l’ennemi », — qui d’ordinaire les emportent !

342. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lessing »

Dans ses autres écrits de polémique, il montra, dit passionnément Heine, « à l’admiration de ses amis, l’empennure bigarrée de ses ailes quand la flèche était déjà dans le cœur de ses ennemis !  […] Dans la Dramaturgie, Lessing n’a point d’autres ennemis que les idées.

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