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1153. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Et Olivier de Jalin, avec tout son esprit et tout son honneur, ne peut pas s’empêcher de l’être. […] Car d’homme à homme, il est des garanties, quand ce ne serait que l’honneur qui empêche que nos ennemis ne nous portent certains coups. […] Cette faculté de l’au-delà, nous la possédons à notre insu, et quand nos idées, notre milieu, nos habitudes nous empêchent de l’exercer, elle ne meurt pas pour cela. […] … Le rôle pourtant n’empêche pas la vie. […] N’ayant qu’une valeur de document individuel, rien n’empêche qu’elle ne s’exerce sur des livres traduits.

1154. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Le manque d’espace m’empêche, à mon vif regret, de citer quelques fragments de ce volume qu’il faut lire pour le relire souvent. […] Barbey d’Aurevilly nous dit sérieusement, dans une de ces incidentes qui lui sont si chères : — « La rime, à laquelle tiennent si fort tous les hommes pour qui la poésie consiste dans l’art d’échiquier de mouvoir et de ranger les mots, la rime, etc. » — Sans le chicaner sur le plus ou moins discutable français de « l’art d’échiquier », je ne puis m’empêcher de faire observer à M.  […] nous l’aimâmes ce jour, surtout, où une punition disciplinaire pour fait d’inexactitude dans son service l’empêchait de corriger les épreuves de cet impayable Prêtre marié ! […] Des raisons à moi m’empêchèrent, par la suite, de continuer ces relations toutes bienveillantes de sa part, toutes respectueuses de l’autre, puis ma vie plus qu’accidentée m’éloigna définitivement de sa maison, devenue de moins en moins semblable à celle de Socrate. […] Les beautés mêmes que rien ne peut empêcher d’y être semées à profusion jurent dans la prose et dans les vers du « républicain ennemi des roses »7 que sont en général les adeptes de l’actuelle démocratie et qui veut inconsciemment passer pour être l’auteur de la Légende des Siècles, de la Chanson des rues et des bois, des Misérables et de tant de chefs-d’œuvre incomplets — quoi qu’il en ait et quels que soient les sujets qu’il traite, Moyen Âge, bibliques, mythologiques, ou mahométans.

1155. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Permets, ma chère Eugénie, que je n’en dise pas davantage jusqu’à ce qu’il se soit un peu débrouillé et que je sois rentrée dans mon état ordinaire, supposé que j’y puisse rentrer. » En extrayant ces simples paroles, je ne puis m’empêcher de remarquer que je les emprunte précisément à l’exemplaire des Lettres Neuchâteloises qui a appartenu à Mme de Montolieu, et je songe au contraste de ce ton parfaitement uni et réel avec le genre romanesque, d’ailleurs fort touchant, de Caroline de Lichtfield. […] A l’âge d’environ douze ans (1779), on le voit, par une lettre à sa grand’mère, déjà lancé, l’épée au côté, dans le grand monde de Bruxelles ; il y parle de la musique qu’il apprend, des airs qu’il joue, et dans quelle manière : « Je voudrais qu’on pût empêcher mon sang de circuler avec tant de rapidité et lui donner une marche plus cadencée ; j’ai essayé si la musique pouvait faire cet effet. […] Que le mal auquel vous cédez ne vous empêche pas de recommencer, à l’instant qui suit, votre effort, votre retour vers le bien.

1156. (1813) Réflexions sur le suicide

On ne saurait se le dissimuler, il y a, sous le rapport des impressions causées par la douleur, autant de différence entre les individus, qu’il en peut exister relativement au génie et au caractère ; non seulement les circonstances, mais la manière de les sentir diffère tellement, que des personnes très estimables d’ailleurs peuvent ne pas s’entendre à cet égard ; et cependant, de toutes les bornes de l’esprit, la plus insupportable, c’est celle qui nous empêche de comprendre les autres. […] L’opinion exerce sur la plupart des individus une action poignante dont il est très difficile de diminuer la force : ce mot : — je suis déshonoré — trouble entièrement l’esprit de l’homme social, et l’on ne peut s’empêcher de plaindre celui qui succombe sous le poids de ce malheur, car probablement il ne l’avait pas mérité, puisqu’il le ressent avec tant d’amertume. […] En effet, on ne peut s’empêcher de voir de l’affectation sentimentale d’une part et de la vanité philosophique de l’autre dans la manière dont le double Suicide de Berlin a été combiné.

1157. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Devenu militant et journaliste, jeté par sa fonction — et aussi parle plus fort des instincts de sa pensée, qui l’emporte vers les choses actuelles comme tous les esprits politiques, — dans cette histoire de tous les jours qui se fait sous nos yeux, dont nous sommes une partie vivante et qui, tant on la voit et tant on la touche, empêche de rêver, Granier de Cassagnac remonta du fait qu’il avait sous les pieds et qu’il y foula longtemps à la tradition de ce fait, à son origine, et il écrivit les Causes de la Révolution française, laquelle est l’histoire, hélas ! […] Deux choses eussent donc empêché Barrot de remplir jusqu’au bout le rôle de Pétion : il est trop honnête et trop faible. […] Ces exemples et ces noms n’empêchèrent point Granier de Cassagnac de descendre jusqu’au journalisme un talent créé pour un destin plus beau.

1158. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Paul Féval » pp. 107-174

le roman de Gil Blas une œuvre diablement espagnole, sur le simple vu de quelques résilles et de quelques guitares, et surtout de quelques sandales d’inquisiteur laissées à la porte de la chambre des femmes pour empêcher ces polissons de maris d’entrer. […] Dans Aimée, où il essaya de faire autre chose que de l’aventure ; dans Le Drame de la jeunesse, plus réussi, et où il révéla ce qu’il pourrait être s’il voulait énergiquement remonter vers les hautes et profondes régions du roman. — Dans Le Drame de la jeunesse, où il reprit l’idée d’Aimée (l’influence des livres et du théâtre sur la pensée et la moralité modernes, l’altération du naturel par les réminiscences littéraires, la pose, la comédie éternelle jouée entre nous et Dieu, et qui nous empêche d’avoir l’originalité même de nos vices et de nos douleurs), il poussa au comble du suraigu cette ironie15 qui est le caractère de son esprit et le symptôme de sa force, et qui pourrait faire de Paul Féval, s’il la développait dans des sujets de cœur, un romancier d’un comique amer de la plus poignante originalité. […] Il avait cela, et il était assez chrétien comme cela, au regard des superficiels, qui le trouvaient charmant et léger et gai d’esprit comme pas un d’entre eux ; car il avait le charme, la légèreté et la gaîté de l’esprit qui n’empêcheraient pas d’être un saint si on avait envie de l’être, et qui s’ajoutent même à la sainteté pour la faire plus séduisante, quand on l’a.

1159. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

On ne peut s’empêcher de songer aux grandes choses qu’aurait pu engendrer ce modeste projet de république fédérale, s’il avait été résolument appuyé. […] Je sais que la Révocation de 1685 n’a pas empêché la France de faire la Révolution de 1789, bien plus que c’est la Révocation qui a engendré la Révolution, pour ainsi dire. […] Toutefois, si nous considérons son histoire et son tempérament, ses Révocations et ses Révolutions, ses Bossuets et ses Rousseaux, ses réactions néfastes et ses hardiesses sublimes, nous ne pouvons nous empêcher de rêver pour elle un rôle grandiose dans l’avenir.‌

1160. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Appendices » pp. 235-309

Admettons-le44 ; cela n’empêche pas que chacune de ces intuitions suppose la précédente et en garde quelque chose ; dès lors, dire que intuition c’est expression, c’est, non pas jouer sur les mots (M.  […] En science, nous avons l’obligation d’indiquer nos sources, de mettre les citations entre guillemets ; c’est une affaire de méthode et de loyauté, ce qui n’empêche ni les réminiscences inconscientes ni les combinaisons nouvelles et originales. […] Et, devant le mystère des âmes slaves d’un Dostoïewski, comment empêcher votre voisin de dire à haute voix : « c’est idiot » ?

1161. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « George Farcy »

ma belle amie, lui dit-il en la retenant, comme un bon chrétien, j’aurais baisé la main qui m’eût frappé ; voudriez-vous m’empêcher d’achever ma pénitence ?  […] Le respect nous empêche de la nommer ; mais Béranger l’a chantée, et tous ses amis la reconnaîtront ici sous le nom d’Hortense.

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