L’homme a pu inventer les langues dérivées, qui ne sont que les modifications d’une parole primitive et révélée ; il a pu construire et reconstruire des langues postérieures et imparfaites, avec les débris de la langue primitive et parfaite qui lui fut sans doute donnée avec l’existence par Celui qui lui avait donné la pensée, ou le verbe intérieur et extérieur ; mais avoir créé la langue avant la pensée, ou la pensée avant la langue, nous semble un effort au-dessus de tout effort humain, c’est-à-dire un miracle de la toute-puissance.
Et je sens que, quelque effort que je fasse, il sera toujours à cette hauteur ou à cette profondeur, à cette distance de moi ; j’admire, je suis éperdu, je suis au moins inquiet, d’admiration. » Ce que je disais par amusement, il en est qui ne le disent point, mais qui sont très réellement et très exactement dans l’état d’esprit que je viens de décrire. […] Vous vous habituerez — transportons-nous à une autre époque pour ne blesser personne — vous vous habituerez à lire Delille qui assurément n’offre aucune difficulté ; vous en viendrez peu à peu, fuyant l’effort et le redoutant, à ne lire que les romans de Mme Cottin, et vous ne pourrez jamais aborder le Second Faust, ce qui vraiment sera dommage.
Ce qui fait le fond de l’enseignement qu’il combat, le labeur, l’effort, la refonte, les corrections, la vie, le relief, la création, l’originalité, l’assimilation, la formation, les procédés, le mécanisme des phrases, la démonstration par les preuves irréfutables, tirées des manuscrits, tout cela M. […] Brunetière n’a pas attendu notre dernier livre pour apprendre tout cela ; et n’eût-il lu que ce livre, le nombre de nos exemples et de nos citations eût suffi à lui faire constater l’unanimité des mêmes efforts, des mêmes procédés, des mêmes méthodes à travers les âges et les écoles.
De cette idée dut naître le noble effort propre à la volonté de l’homme, de tenir en bride les mouvements imprimés à l’âme par le corps, de manière à les étouffer, comme il convient à l’homme sage, ou à les tourner à un meilleur usage, comme il convient à l’homme social, au membre de la société37. […] Notre libre arbitre, notre volonté libre peut seule réprimer ainsi l’impulsion du corps… Tous les corps sont des agents nécessaires, et que les mécaniciens appellent forces, efforts, puissances, ne sont que les mouvements des corps, mouvements étrangers au sentiment.
Ce n’est point l’amour de l’étude ni le souci des résultats qui inspirait et guidait l’infatigable chercheur : c’était la jouissance personnelle que lui valait son effort. […] Cet effort, — où tant de dramaturges devaient persister sans un succès meilleur et qui ne nous a dotés que du trompe-l’oeil baptisé « couleur locale » —, cet effort aboutit le plus souvent à des résultats puérils. […] Efforts perdus ! […] La vie est l’étoffe même de la poésie : ses joies, ses douleurs, ses fatigues, ses blessures, ses déceptions, ses efforts, n’est-ce pas la matière brute que le génie s’assimile avant de la travailler ? […] Son cœur se vide en des sentiments dont il sent la misère, qui le laissent mécontent de lui-même et ne s’alimentent que par l’effort répété d’une correspondance artificielle et fastidieuse.
Dans cette limite, nous devons applaudir à leurs efforts. […] Fuster s’est imposé un grand effort ; cet effort est trop visible ; il nous gêne, il glace notre admiration ; il ne jaillit pas d’une âme enthousiaste, il sort d’une plume habile et fortement exercée. […] Est-ce par l’effort de l’analyse qu’il nous émeut à ce point ? […] Il ressaisit par un suprême effort de volonté, son esprit paralysé. […] En vain ces efforts sont accomplis et ces vies sacrifiées.
Sans dispositions pour l’art d’écrire, tous les efforts d’imitation demeurent stériles. […] Hippias, le voyant ébranlé, redoublait ses efforts. […] Les efforts ’ font saillir les muscles des mollets. […] Elles se trouvaient dans la première ; nous les avons fait sortir par un effort à rebours. […] En voici une excellente, tirée du sujet, sans arrangement et sans effort.
[L’Effort (décembre 1897).]
En outre, un pays travaillé par les révolutions, qui a des divisions dynastiques, n’est pas capable d’un grand effort militaire. […] Quelques efforts d’amélioration qui se firent à partir de 1860 restèrent incohérents et sans suite. […] La démocratie, d’ailleurs, ne sera pas assez ferme pour maintenir longtemps l’effort énorme qu’il faut pour une grande guerre. […] Aussi nos efforts ont été faibles, ne se rattachant à aucune tradition ni à aucune institution du passé. […] L’homme n’est soutenu que par l’effort et la lutte.