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311. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « LES FLEURS, APOLOGUE » pp. 534-537

Je ne vois rien dans ce qui forme l’écorce ou la tige ou les racines, — les viles racines, s’il est permis de les nommer, — je ne vois rien dans cette enveloppe de nous-mêmes qui soit en rapport avec le parfum : c’est chose à part, légère, sacrée, et quels effets ne produit-il pas ? […] Non, le parfum, s’il n’était chose céleste, ne produirait pas de ces effets-là.

312. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XII. Du principal défaut qu’on reproche, en France, à la littérature du Nord » pp. 270-275

Quand vous rappelez des objets dégoûtants, vous excitez une impression fâcheuse, qu’on fuirait avec soin dans la réalité ; quand vous changez la terreur morale en effroi physique, par la représentation de scènes horribles en elles-mêmes, vous perdez tout le charme de l’imitation, vous ne donnez qu’une commotion nerveuse, et vous pouvez manquer jusqu’à ce pénible effet, si vous avez voulu le pousser trop loin : car au théâtre, comme dans la vie, quand l’exagération est aperçue, on ne tient plus compte même du vrai. […] La surprise est certainement un grand moyen d’ajouter à l’effet ; mais il serait ridicule d’en conclure que l’on doive faire précéder une scène tragique d’une scène comique, pour augmenter l’étonnement par le contraste.

313. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Doyen  » pp. 153-155

Quoi qu’il en soit, le tableau de Mr Doyen produit un grand effet. […] Si le peintre eût gardé cette proportion entre ses figures, les hommes auraient été des pygmées, et l’ouvrage aurait perdu son intérêt et son effet.

314. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface »

Notre principal objectif, en effet, est d’étendre à la condition humaine le rationalisme scientifique, en faisant voir que, considérée dans le passé, elle est réductible à des rapports de cause à effet qu’une opération non moins rationnelle peut transformer ensuite en règles d’action pour l’avenir. […] Il arrive sans cesse qu’une chose, tout en étant nuisible par certaines de ses conséquences, soit, par d’autres, utile ou même nécessaire à la vie ; or, si les mauvais effets qu’elle a sont régulièrement neutralisés par une influence contraire, il se trouve en fait qu’elle sert sans nuire, et cependant elle est toujours haïssable, car elle ne laisse pas de constituer par elle-même un danger éventuel qui n’est conjuré que par l’action d’une force antagoniste.

315. (1830) Cours de philosophie positive : première et deuxième leçons « Première leçon »

À cet effet, il faut d’abord considérer que les différentes branches de nos connaissances n’ont pas dû parcourir d’une vitesse égale les trois grandes phases de leur développement indiquées ci-dessus, ni, par conséquent, arriver simultanément à l’état positif. […] Ce fâcheux effet est sans doute inévitable jusqu’à un certain point, comme inhérent au principe même de la division ; c’est-à-dire que, par aucune mesure quelconque, nous ne parviendrons jamais à égaler sous ce rapport les anciens, chez lesquels une telle supériorité ne tenait surtout qu’au peu de développement de leurs connaissances. Nous pouvons néanmoins, ce me semble, par des moyens convenables, éviter les plus pernicieux effets de la spécialité exagérée, sans nuire à l’influence vivifiante de la séparation des recherches. […] En assignant pour but à la philosophie positive de résumer en un seul corps de doctrine homogène l’ensemble des connaissances acquises, relativement aux différents ordres de phénomènes naturels, il était loin de ma pensée de vouloir procéder à l’étude générale de ces phénomènes en les considérant tous comme des effets divers d’un principe unique, comme assujettis à une seule et même loi. […] Laplace a exposé effectivement une conception par laquelle on pourrait ne voir dans les phénomènes chimiques que de simples effets moléculaires de l’attraction newtonienne, modifiée par la figure et la position mutuelle des atomes.

316. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre VI. L’effort intellectuel »

Peut-être la résurrection soudaine du souvenir utile fut-elle l’effet du hasard. […] On s’expliquerait ainsi l’effet de l’attention, qui est soit d’intensifier l’image, comme le soutiennent certains auteurs, soit au moins de la rendre plus claire et plus distincte. […] Ribot, un idéal, c’est-à-dire un certain effet obtenu, et l’on cherche alors par quelle composition d’éléments cet effet s’obtiendra. […] Ce ne peut être sous forme d’image, puisqu’une image qui nous ferait voir l’effet s’accomplissant nous montrerait, intérieurs à cette image même, les moyens par lesquels l’effet s’accomplit. […] Il nous reste, pour conclure, à montrer que cette conception de l’effort mental rend compte des principaux effets du travail intellectuel, et qu’elle est en même temps celle qui se rapproche le plus de la constatation pure et simple des faits, celle qui ressemble le moins à une théorie.

317. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

est-ce là l’effet que nous leur produisons nous-mêmes ? […] Qu’on juge de l’effet que produisit dans un pareil milieu le Chatterton de M.  […] Dans l’explosion la plus violente de la passion, il conserve toujours de la grâce, toujours la dignité de l’art, et dédaigne de s’aventurer dans la nature brutale comme Frédérick Lemaître, qui obtient à ce prix de grands effets, mais des effets sans beauté poétique. […] » lui fournissait l’occasion d’effets prodigieux. […] elle faisait jaillir des effets électriques, inattendus, que l’auteur n’avait pas même soupçonnés.

318. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Il semble que, par la bouche de l’honnête homme de la pièce, Shakespeare ait voulu exprimer l’effet général de ce charmant et singulier ouvrage. […] Ne demandez pas au peintre de Brutus les mêmes impressions, les mêmes effets qu’à celui du roi Lear ou de Roméo et Juliette ; Shakespeare pénètre au fond de tous les sujets, et sait tirer de chacun les impressions qui en découlent naturellement, et les effets distincts et originaux qu’il doit produire. […] Je ne citerai qu’un exemple des effets de ce système ; il suffira pour les faire tous pressentir. […] Quoi qu’il en soit, jamais Shakspeare ne s’est moins occupé de l’effet théâtral que dans cette pièce. […] Cependant cette scène d’un horrible effet, où l’on voit le lord Say entre les mains de la populace, est presque entièrement de Shakspeare.

319. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Dans toutes ces premières pages de Werther, on se sent dans le vrai, on est avec Goethe tel qu’il était alors ; et toute la première partie de la relation avec Charlotte ou Lotte (comme elle s’appelle familièrement) produit le même effet. […] Eût-il conclu de même s’il avait prévu tout l’effet de son roman, cet effet qu’il a comparé à celui d’une allumette qui met le feu à une mine ? […] Aujourd’hui, pour le jugement définitif du livre et le rang qui lui est dû dans l’ordre des œuvres de l’art, cette fin de Werther nuit aux parties principales, et quand on considère le caractère si opposé de l’auteur, et ses destinées en un sens si inverse, elle a peine à ne pas nous faire l’effet d’une mystification. […] » Goethe s’empressa de répondre, d’expliquer, de se justilier, de demander un répit à ses amis irrités et alarmés pour qu’ils pussent juger de l’effet général avec plus de sang-froid et au vrai point de vue : « Il faut, mes chers irrités, que je vous écrive tout de suite pour en débarrasser mon cœur. […] J’avais l’intention de faire d’Albert un caractère que pouvait bien méconnaître le jeune homme passionné, mais pas le lecteur ; cela produira un effet excellent et longtemps désiré.

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