Ressouviens-toi du jour où, sous un berceau formé des branches flexibles de l’arbuste vétasa, tu recueillis dans le creux de ta main une eau limpide que contenait le calice surnageant d’un brillant lotus. […] » dit-il, « fallait-il donc que cette race antique qui, depuis son origine, s’était conservée si pure, trouvât sa fin en moi, qui ne dois pas connaître le nom si doux de père ; semblable à un fleuve majestueux dont les eaux limpides et abondantes finissent par se perdre dans des sables stériles et ignorés ! […] Les traditions ajoutent que le poète postérieur Valmiki, auteur ou compilateur du poème le Ramayana sur le même sujet, ayant découvert un jour ces fragments de poésie gravés sous les eaux sur les rochers, tomba dans une mélancolie mortelle, par le désespoir d’égaler jamais dans son poème, qu’il composait alors, la force et la beauté de ces fragments antiques. […] » Sita paraît soulevée et portée par les eaux du Gange, tout entourée de ses divinités protectrices ! […] Que, pareils aux eaux purifiantes du Gange, ces chants lavent nos péchés !
Plonge sans peur dans le gouffre béant, Ainsi que l’épervier plongeant dans la tempête : Car tout ce rêve une heure a passé dans ta tête : Tu fus la goutte d’eau qui reflète les cieux, Et l’univers entier est entré dans tes yeux ; Et bénis donc Allah, qui t’a pendant cette heure Laissé comme un oiseau traverser sa demeure. Et encore : Père, engloutis-moi donc, sois donc bien mon tombeau ; Et, si je participe à ta vie éternelle, Que ce soit sans penser, tel que la goutte d’eau Que la mer porte et berce inconsciente en elle.
Laissant derrière nous l’établissement des eaux, nous rejoignons le Gave de Marcadâou pour le suivre jusqu’au pont d’Espagne. […] Château-Neuf de Gadagne est un triste hameau, qui marque le commencement de la plaine arrosée par les eaux de la Sorgue. […] qu’as-tu tiré d’eau ? […] — Apporte-moi de l’eau : j’ai soif. […] voici l’eau, bois, bois, si tu as si soif !
Dès qu’une phrase était achevée, le conférencier s’arrêtait, avalait un verre d’eau, souriait en regardant l’auditoire. […] Prenons, comme autre exemple de développement, le surprenant morceau intitulé : la Goutte d’eau. […] Sur le mur tombe une goutte d’eau. […] ou je me jette à l’eau ! […] Comment cette couronne est-elle au fond de l’eau ?
Aimé Martin, qui y croyait comme toute eau croit à sa source, rapporte ainsi le martyre d’amour-propre que Bernardin eut à subir, en 1798, pour confesser sa croyance devant ses premiers collègues de l’Institut. […] C’est comme une eau limpide qui réfléchit les objets, mais qui ne les colore pas plus que l’objet lui-même. […] La rivière qui coule en bouillonnant sur un lit de roche, à travers les arbres, réfléchit çà et là dans ses eaux limpides leurs masses vénérables de verdure et d’ombre, ainsi que les jeux de leurs heureux habitants: à mille pas de là, elle se précipite de différents étages de rocher, et forme, à sa chute, une nappe d’eau unie comme le cristal, qui se brise, en tombant, en bouillons d’écume. […] L’air, sans cesse renouvelé par le mouvement des eaux, entretient sur les bords de cette rivière, malgré les ardeurs de l’été, une verdure et une fraîcheur qu’on trouve rarement dans cette île, sur le haut même des montagnes. […] Il n’y a pas dans l’Océan une seule goutte d’eau qui ne soit pleine d’êtres vivants qui ressortissent à nous ; et il n’existerait rien pour nous parmi tant d’astres qui roulent sur nos têtes !
Un jet d’eau qu’elle a vu pendant trois mois sous ses fenêtres la mettait tous les jours dans un transport de joie toujours nouvelle ; de même la rivière au-dessous d’un pont ; il était visible que l’eau luisante et mouvante lui semblait d’une beauté extraordinaire : « L’eau, l’eau ! […] Jusqu’au dix-septième mois, point de mots généraux et compris comme tels. — Ils n’ont apparu que du dix-septième au vingtième mois ; toujours ils ont désigné d’abord un objet individuel et dans cet objet un caractère général ; Loulou (nom du chien, l’enfant l’a très vite appliqué aussi à d’autres chiens), Minet (appliqué tout de suite à plusieurs chats), tuture (voiture, appliqué à ses diverses petites voitures), dada (appliqué à tous les chevaux qui passent sur la route), l’eau, l’eau (appliqué également au lac et aux ruisseaux), cocotte (appliqué également aux oiseaux et aux papillons), fleurs (assez tardivement, et avec un certain embarras, une certaine peine pour reconnaître une similitude entre des couleurs et des formes si différentes).
Ces objets étaient répétés dans l’eau d’un étang avec l’ombrage d’un noyer, qui servait de fond à la scène et derrière lequel on voyait se lever l’aurore. […] « Je vois encore le mélange majestueux des eaux et des bois de cette antique abbaye où je pensai dérober ma vie aux caprices du sort ; j’erre encore au déclin du jour dans ces cloîtres retentissants et solitaires. […] qui n’a senti quelquefois le besoin de se régénérer, de se rajeunir aux eaux du torrent, de retremper son âme à la fontaine de vie ? […] Les sons que rendent les passions dans le vide d’un cœur solitaire ressemblent au murmure que les vents et les eaux font entendre dans le silence d’un désert : on en jouit, mais on ne peut les peindre. […] Il demande des neiges aux montagnes, des eaux aux torrents, des pluies aux tempêtes, il franchit ses rives, et désole ses bords charmants.
Elle apporte le lait d’une génisse sans tache, du miel, de l’eau puisée à une source vierge, « et cet enfant pur d’une mère agreste, joyeux délices de la vigne, et l’huile de la blonde olive, doux fruit de l’arbre qui ne se dépouille jamais de son feuillage ». […] Ils envoyèrent consulter l’oracle de Delphes ; la Pythie répondit avec ironie : — « Ne fortifiez pas l’isthme, ne le creusez pas. — Zeus en eût fait une île, si tel avait été son dessein. » — Les Cnidiens interrompirent les travaux et laissèrent prendre leur ville par Harpage, préférant la ruine à l’impiété. — Quatre siècles plus tard, Pline l’Ancien s’étonnait encore de la témérité des mineurs dépeçant la terre pour en arracher l’or. — « Ainsi les hommes déchirent les fibres du globe, ils respirent sur les excavations pratiquées par eux-mêmes ; puis ils s’étonnent que, quelquefois, la terre s’ouvre spontanément ou tremble, comme si l’indignation ne suffisait pas pour exciter ces phénomènes dans le sein sacré de notre Mère. » Les Eaux surtout, si transparentes pour l’homme antique, sous lesquelles il entrevoyait clairement des Êtres divins, aux traits vagues, aux voix bouillonnantes, épanchant leur vie nourricière à travers le monde, inspiraient une vénération religieuse. […] Le troisième jour, il arrive à l’embouchure d’un grand fleuve : il l’invoque, lui conte son naufrage, se jette dans ses eaux comme dans les bras d’un hôte : — « Prends pitié, ô Roi ! car je me glorifie d’être ton suppliant. » Le fleuve s’arrête, « se fait tranquille », et le recueille sur le sable de son rivage. — Hésiode a des menaces terribles pour ceux qui souillent la chasteté des eaux vives. — « Ne traverse jamais à pied l’eau limpide des fleuves intarissables, avant d’avoir prié en regardant son beau cours, et d’avoir lavé tes mains dans cette belle eau claire.
Ses descriptions de tempêtes, faites en mots nautiques plutôt que pittoresques, sont terrifiantes, par leur vérité minutieuse, pleines d’épouvantements réels, de faces livides de matelots, de bris de mâts, de colossales trombes d’eau balayant le tillac, des secousses brutales d’un assemblage de planches heurtées et défoncées par le choc entêté des vagues. […] La volition n’avait point disparu, mais elle était sans efficacité… L’eau de rose dont ta tendresse avait humecté mes lèvres, au moment suprême, me donnait de douces idées de fleurs, — fleurs fantastiques infiniment plus belles qu’aucune de celles de la vieille terre…. […] L’ensemble de circonstances par lesquelles Poe prépare la déduction que le corps de Marie Roget a été jeté à l’eau après le meurtre, est cohérent. […] C’est par elle qu’il entreprend de décrire des spectacles qu’aucune prunelle humaine n’a vus, la succion tournoyante du Maelstrom, les noires eaux striées sur lesquelles fuit le vaisseau-fantôme, les extravasions vermeilles de la mort rouge, le charme délicieux et libre des clairs jardins où se dresse le collage Landor. […] Il semble qu’elles soient laminées à froid, trempées dans une eau polaire, aérées d’éther, nimbées d’un halo boréal.