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548. (1908) Après le naturalisme

C’est une association au pair d’individus égaux en droit qui, doués d’une égale valeur, de différentes facultés, réclament pourtant tous les mêmes avantages. […] Question de droit en même temps que question de fait. […] Ainsi se trouve dès maintenant sauvegardé le droit absolu pour chaque génération d’avoir une littérature à soi, un idéal propre, une fin délimitée. […] En droit, il n’apparaît pas moins faux. […] Rien de moins nécessaire que ces sacrifices devant lesquels il faut hésiter toujours, car nul n’a le droit de désigner les victimes.

549. (1897) Aspects pp. -215

Aujourd’hui, vous avez bien le droit de vous amuser. […] Naturellement, il aurait le droit de se représenter cette période écoulée. […] Les yeux droits et incisifs disent la volonté. […] J’écrivais naguère qu’il avait seul le droit de revendiquer l’héritage de Balzac. […] Des résultats sont acquis dont nous avons le droit d’être fiers.

550. (1932) Le clavecin de Diderot

Mme de Noailles a dû affirmer, en plusieurs volumes, son amour des larges pensées et des haricots verts pour avoir le droit d’y voleter, sautiller. […] Ses droits, affirme-t-on, lui ont été reconnus. […] Automatiquement, la classe privilégiée délègue, son droit, le droit de punir à qui saura le mieux défendre ses prérogatives. […] Si vous voulez que je vous guérisse donnez-m’en mille. » L’humour reprend ses droits qu’il n’avait, d’ailleurs, jamais perdus. […] La religion, toutes les religions (sans excepter celle du droit, telle que l’impérialisme capitaliste en a élaboré la doctrine) beaux prétextes à tueries.

551. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

, Goethe docteur en droit, beau, noble, aimable, après de fortes et libres études commencées à Leipzig, continuées à Strasbourg, et ayant su résister dans cette dernière ville à l’attraction vers la France, est rappelé à Francfort sa cité natale, et de là il est envoyé par son père à Wetzlar en Hesse pour se perfectionner dans le droit et y étudier la procédure du tribunal de l’Empire ; mais en réalité, et sans négliger absolument cette application secondaire, il est surtout occupé de lire Homère, Shakespeare, ou de se porter vers tout autre sujet « selon que son imagination et son cœur le lui inspireront ». […] On trouvera même, en les lisant, que Kestner n’est pas aussi blessé au fond qu’il aurait droit de l’être : « Vous voyez, écrit-il à un ami, que vous n’avez pas eu raison de me plaindre. […] En effet, ce n’était, de la part de celui-ci, ni étourderie, ni vague exaltation : c’était un acte de conquérant et de grand-prêtre de l’art, qui prend ce qui est à sa convenance et met en avant je ne sais quel droit supérieur et sacré. […] Mais certes, on n’a jamais plaidé avec plus de hauteur et de passion le droit qu’a l’œuvre, fille immortelle du génie, d’éclore à son heure, de jaillir du divin cerveau, et de vivre, dût-elle, en entrant, heurter quelques convenances établies, et froisser quelques susceptibilités même légitimes.

552. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Les assassinats, par exemple (ce qui est bien quelque chose dans le cours ordinaire de la vie), avaient non-seulement diminué, mais presque entièrement cessé dans la haute Italie sous le régime français ; ils avaient repris dès le lendemain avec autant de fréquence que jamais, grâce au droit d’asile dans les églises et à la facilité de s’enfuir sur le territoire des petits États circonvoisins. […] Ils me contestent le droit de dissoudre des Assemblées qu’ils trouveraient tout simple que je renvoyasse la baïonnette en ayant. » — « Ce qui m’afflige, répliqua Sismondi, c’est qu’ils ne sachent pas voir que le système de Votre Majesté est nécessairement changé. […] Politique, si l’on avait à le considérer au point de vue de sa république de Genève, on le trouverait excellent citoyen, appliqué, loyal, fuyant les excès, plus droit cependant qu’adroit. […] Cela ne prouve point précisément qu’il eût tort ; mais, en général, il était plus préoccupé, dans la pratique politique, du droit et du devoir que de l’à-propos. […] Les amis bien informés avaient droit de répondre aux curieux et aux indiscrets, qui nommaient tout d’abord Mme de Staël : « Pas le moins du monde : c’est Mme Lindsay. » Et entre eux, dans l’intimité, ils pouvaient se dire : « C’est pourtant bien Mme de Staël, en effet. » L’anecdote d’Adolphe est à double fond.

553. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Mme de Rambouillet, cette personne de tant d’autorité, et qui aurait eu le droit de faire des mots et d’imposer des noms (si quelqu’un avait ce droit), fit un jour le mot Débrutaliser, pour dire Oter la brutalité, faire qu’un homme brutal ne le soit plus ; elle s’y connaissait et s’entendait à la chose ; elle savait civiliser son monde et changer les esprits durs et sauvages en des esprits plus doux. […] C’est le premier éclat simple (nitor), la lumière même de la pensée dans la parole, et que les grands esprits droits préfèrent à toute fausse couleur. […] Tous, à un titre ou à un autre, tous postulent et réclament le droit de cité. […] Je le lui ai assez dit quand j’avais l’honneur d’être des plus assidus et des plus habitués dans son sein, pour avoir le droit d’exprimer publiquement cette crainte aujourd’hui65.

554. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

« Prenez le René réel, ôtez-lui ce léger masque chrétien que M. de Chateaubriand lui a mis tout à la fin pour avoir droit de le faire entrer dans le Génie du Christianisme, revenez au pur René des Natchez, et la pièce de Lamartine pourra s’adresser à lui non moins justement qu’à lord Byron. » M.  […] On eut des victoires au lieu de droit, et des cérémonies au lieu de culte : le Génie du Christianisme y joignit le prestige de l’imagination et entraîna tout. […] C’est sa faiblesse, mais c’est son droit. […] Était-ce d’un esprit juste et d’un sens droit ? […] Le mystère qui donne à l’écrivain le droit de dire : Je chante, lui manqua ; il ne fit jamais que parler et écrire, le chant inspiré faillit sur ses lèvres.

555. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Comme tous les jeunes gens de lettres du temps de l’Empire, il fut à un certain moment placé dans les droits réunis, sous la direction de M.  […] En 1811, M. de Latouche faisait représenter sur le théâtre de l’Impératrice (Odéon) une petite comédie en un acte et en vers, Les Projets de sagesse ; c’était la vie de jeune homme, d’étudiant en droit d’alors, esquissée dans des vers légers et assez bien tournés. […] M. de Latouche avait toujours soin d’entrer au balcon au moment de ces deux scènes, pour déplorer ces murmures, pour s’en étonner ; puis il s’évanouissait avant le premier bravo qui n’allait pas tarder ; de sorte que le lendemain, quand il revoyait son cher ami l’auteur, il avait droit de le désoler, tout en s’irritant devant lui de l’injustice de ce sot public. — Mme Sophie Gay, très liée dans un temps avec M. de Latouche, ne le nommait jamais que mon ennemi intime. […] Il nous apprend ce qu’il y a de profitable et de salutaire à être parfaitement simple, à être parfaitement droit, à se contenter de la condition et de la proportion de talent qui nous est échue, à la compléter peu à peu, à la perfectionner tant que nous le pouvons, à l’appliquer, à remercier l’Auteur des dons naturels de ce qu’il nous a accordé de distingué, même quand ce distingué ne serait que secondaire. […] C’est faire remonter bien haut le républicanisme du jeune employé des droits réunis.

556. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Un jeune docteur en droit, M. de Beauverger, a publié, il y a quelques mois, une Étude dans laquelle il expose et discute avec talent les idées de Sieyès sur la constitution et l’organisation sociale. […] On sait les magnifiques paroles par lesquelles Mirabeau, dans la séance de l’Assemblée constituante du 20 mai 1790, où se discutait la motion sur le droit de paix et de guerre, invoqua les lumières et l’avis d’un homme « dont je regarde, dit-il, le silence et l’inaction comme une calamité publique ». […] » Lui envoyant, en juin 1790, le discours prononcé à l’occasion du droit de paix et de guerre, et dans lequel se trouvait cette solennelle apostrophe sur la calamité de son silence ; y joignant de plus la motion qu’il venait de faire le jour même sur le deuil solennel qu’il avait fait décréter à l’Assemblée pour la mort de Franklin, il lui écrivait ce billet plein d’effusion et d’hommages : Le 11 juin 1790. — Voici, mon très cher maître, mon Droit de la guerre, qui vous sera un éternel monument (si toutefois vous ne le brûlez pas) de mes sentiments et de mes reproches. […] Il a dû regretter ce vote fatal, sans lequel il aurait eu droit en effet de dire ce qu’il écrivait un jour à Roederer dans l’intimité : « Vous me connaissez ; vous ne m’avez jamais vu prendre part au mal, vous m’avez vu quelquefois prendre part au bien qui s’est fait. » Il s’indignait qu’on attribuât à ce mot : « J’ai vécu », qu’il avait dit pour résumer sa conduite sous la Terreur, un sens d’égoïsme et d’insensibilité qu’il n’y avait pas mis.

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