. — La Juive de Constantine, drame (1840). — Jean et Jeannette (1846)
Collé écrivit : « M. de Beaumarchais a prouvé, à n’en point douter, par son drame, qu’il n’a ni génie, ni talent, ni esprit. » Voilà un pronostic fâcheux ; il n’en faudrait guère de semblables pour infirmer à jamais l’autorité d’un critique.
La niaise littérature des coteries et des salons, la science des curieux et des amateurs est bien dépréciée par ces terribles spectacles ; le roman-feuilleton perd beaucoup de son intérêt au bas des colonnes d’un journal qui offre le récit du drame réel et passionné de chaque jour ; l’amateur doit bien craindre de voir ses collections emportées ou dérangées par le vent de l’orage.
Rarement drame si dangereux a été conduit d’une main plus habile.
regardez les acteurs de ce drame qui se joua une fois sur la terre et dont le ciel fut spectateur, et jugez si la vision de notre Mystique ne nous les a pas reproduits, dans l’esprit éternel de leur personnage, quoique éclairés par mille côtés et mille détails que, pour des raisons de providence, l’Évangéliste avait laissés dans l’ombre.
Son drame de Callimaque est plein, dans sa sécheresse gothique, des troubles d’un amour plus puissant que la mort. […] On voit, dans l’un et l’autre de ces drames tirés de l’hagiographie orientale, un saint homme qui n’a point craint de se rendre chez une courtisane pour la ramener au bien. […] Dans la Chèvre d’or, par exemple, les ombres des aïeux flottent comme des nuées sur les acteurs du drame. […] Il y a dans son drame du Nouveau Monde, qui n’en tomba pas moins, des dialogues d’une suavité, d’une pureté, d’une noblesse incomparables. […] La scène retentissait alors des rugissements et des soupirs du drame romantique, et Barthélémy Tisseur y venait dévorer des yeux avec délices les larmes de Katy Bell.
3° Avec Prévost et Rousseau, nous le verrons absorber la matière de la tragédie, et précéder ainsi de soixante ou de quatre-vingts ans ce drame bourgeois qu’à la même époque les Diderot, les Beaumarchais, les Mercier, Sedaine même essayent vainement d’en faire sortir. […] S’ils prenaient donc la peine de réfléchir davantage, ils s’apercevraient sans doute que, s’il est intéressant de comparer l’ornithorynque et le kanguroo, les mêmes raisons, absolument les mêmes, tirées du besoin de connaître, et pour mieux connaître, de comparer, rendent également intéressante, ou plutôt nécessaire, la comparaison du drame de Shakespeare avec la tragédie de Racine, ou du lyrisme de Byron avec celui de Victor Hugo. […] Juger d’une toile ou d’un marbre sur les mêmes principes, avec les mêmes exigences, ou comme l’on dit encore, au moyen du même criterium, que d’un drame ou que d’un roman, encore une fois, c’est tout mêler ensemble ; et, si l’origine de la confusion remonte au Parallèle des Anciens et des Modernes, il faut rendre Perrault responsable de ce qu’elle avait de dangereux, puisque nous avons commencé par le louer de ce que l’innovation peut avoir eu d’heureux. […] Elle fondait ainsi en nature, puisqu’elle les fondait sur ce qu’il y a de plus intime dans le génie germanique ou anglo-saxon, les caractères originaux du drame anglais ou du roman allemand. […] Vous conviendriez avec moi que nous sommes en présence de l’un des tableaux les plus complets, les plus vivants qu’il y ait dans aucune littérature, et d’une création ou d’une invention d’art au-dessus de laquelle on ne pourrait mettre aucune histoire de Michelet, aucun roman de Balzac, et aucun drame de Hugo.
Ainsi finit ce drame fort émouvant, comme on a pu le voir. […] Entre causeurs à voix basse des phrases commencées se taisaient tout à coup… Chacun, en sa pensée trouble, sondait le drame obscur de ce soldat de ligne tué par cette femme, et chacun se répétait : La femme allait-elle être condamnée à mort ? […] Il faut que le Nabab soit député pour sauver sa situation ; le tableau de l’élection en Corse est un tableau de maître ; le Nabab est élu, mais il est invalidé et le drame commence. […] Quelques renseignements, une liasse de papiers de famille tombent entre les mains du chercheur et lui révèlent un drame sanglant dont la justice n’a pas pu, il y a près de cent ans, découvrir l’auteur. […] Or, comme le costumier, homme intraitable, demandait quarante sous pour déshabiller et rhabiller le mannequin pour le drame, je suis, hélas !
Roman, drame et poème indiquent les mœurs d’une époque. Ces mœurs ont des causes : les états de sensibilité que traduisent le roman, le drame et le poème dérivent de conditions sociales et politiques. […] La seconde partie d’Un simple n’est pas simple comme la première : le drame caché se déclare et aboutit à des scènes violentes ; un suicide est le dénouement. […] Le drame où ils font leur partie excite en eux une nouvelle intensité de passion. […] force redoutable qui règne au plus profond de l’âme pour forger sa destinée, mais que nul n’aperçoit ; car, enfermé dans son drame, chacun méconnaît l’autre.